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ARI

la Lycaonie, en récompense du dévouement de leur père. C-r.


ARIARATHE VII, surnommé Épiphane, échappe seul, des six fils du précédent, à la cruauté de sa mère, qui, pour régner seule, voulait sacrifier ses enfants à son ambition. Celui dont nous parlons trouva moyen de se soustraire à la fureur de cette femme barbare, qui fut mise à mort par le peuple ; il monta sans obstacles sur le trône, et épousa Laodicé, sœur du célèbre Mithridate ; mais ce prince, qui sacrifiait tout à son ambition, le fit assassiner par un certain Gordius, pour s’emparer de ses États : il aurait aussi fait périr les enfants, s’il n’en eût été empêché par Nicomède, qui s’empara de la Cappadoce, et épousa Laodicé. Alors Mithridate, feignant de prendre le parti de son neveu, attaque Nicoméde, et le chasse de la Cappadoce, qu’il rendit à Ariarathe VIII. Ariaratbe VII fut tué vers l’an 117 avant J.-C. C-r.


ARIARATHE VIII, surnommé Philométor, fils du précédent, fut placé sur le trône par Mithridate. Ce prince, qui ne cherchait qu’un prétexte pour s’emparer de la Cappadoce, voulut l’obliger à rappeler Gordius ; mais Ariarathe refusa de recevoir l’assassin de son père, Mithridate alors lui déclara la guerre, et entra en campagne à la tête d’une puissante armée ; Ariarathe, qui s’y attendait, en avait rassemblé une non moins formidable ; et Mithridate, craignant que le sort des armes ne lui fût pas favorable, eut recours à la trahison. Il fit proposer une conférence à Ariarathe, qui ne s’y rendit qu’avec défiance. Mithridate avait caché dans les plis de sa robe un poignard avec lequel il frappa son ennemi au cœur, en présence des deux armées, l’an 106 avant J.-C. Il s’empara alors de la Cappadoce, où il mit pour roi un de ses fils, âgé de huit ans, à qui il fit prendre le nom d’Ariarathe, et il lui donna Gordius pour tuteur. Le peuple se souleva bientôt, le chassa, et appela au tronc Ariarathe IX, qui fut encore détrôné par Mithridate, et mourut de chagrin peu de temps après. C-r.


ARIARATHE X, fils d’Ariobarzane II, prit le surnom de Philadelphe, à cause de l’attachement qu’il avait montré à Ariobarzane III, son frère, après la mort duquel il devint roi de la Cappadoce. Quoique sa famille se fut déclarée contre les assassins de César, Marc Antoine lui enleva la couronne, pour la mettre sur la tête d’un certain Sisinna, fils d’une courtisane. Ariarathe parvint à s’en ressaisir, et il en jouit quelques années ; mais il fut de nouveau détrône par Antoine, qui le fit même mourir, si l’on en croit Valère-Maxime. Il paraît que c’était un prince sans mérite, et qui s’amusait à arrêter des fleuves, pour inonder les campagnes, et y former des îles. Après sa mort, un imposteur qui lui ressemblait beaucoup se fit reconnaître par la plus grande partie des peuples de la Cappadoce et des environs ; mais il fut mis à mort par ordre d’Auguste. C-r.


ARIAS MONTANUS (Benoît), né à Frexénal, en Estramadure, en 1527, était fils d’un notaire ; il fit ses études dans l’université d’Alacala, s’y rendit très-habile dans les langues anciennes, prit l’habit de l’ordre de St-Jacques, et accompagna, en 1562, l’évêque de Ségovie au concile de Trente, ou il jeta les premiers fondements de sa réputation. De retour en Espagne, il se retira à l’ermitage de Notre-Dame-des-Anges, situé au haut d’un rocher, prés d’Aracena, où il se proposait de se livrer entièrement à son goût pour la méditation ; mais Philippe II, ayant entendu vanter son savoir, l’arracha de sa retraite, pour lui confier la direction d’une nouvelle Polyglotte, qui devait être imprimée à Anvers, par Christophe Plantin. Arias se rendit dans cette ville, et employa quatre ans, de 1568 à 1572, au travail confié à ses soins. Il remplit l’attente de son souverain et du public, en donnant, sous les titres de Polyglotte d’Anvers, de Bible royale, ou de Philippe II, 8 vol. in-fol. Les caractères en avaient été fondus par le fameux Guillaume Lebé, que Plantin avait fait venir de Paris. Elle renferme, outre ce qui se trouve dans la Bible d’Alcala, des paraphrases chaldaïques, une version syriaque du Nouveau Testament, en caractères syriaques et en caractères hébraïques, accompagnée d’une traduction latine, etc. Ce bel ouvrage fit beaucoup d’honneur à Montanus, mais il lui suscita un ennemi acharné, dans la personne de Léon de Castro, professeur de langues orientales à Salamanque. Castro dénonça Arias, d’abord à l’inquisition de Rome, puis a celle d’Espagne, pour avoir altéré le texte de la Bible, et confirmé les juifs dans leur croyance par ses paraphrases chaldaïques. Arias Montanus, obligé de faire plusieurs voyages à Rome pour sa justification, finit par confondre et livrer au mépris l’animosité de son adversaire. Justifié et absous en 1540, il refusa un évêché que Philippe II lui offrit, et se retira de nouveau dans son ermitage d’Aracena, espérant y terminer sa vie. Il y fit construire une habitation d’hiver et une autre pour la belle saison, et l’entoura de jardins et de vignes. À peine ces travaux étaient ils terminés, que Philippe II arracha de nouveau Arias à sa solitude, pour lui confier la bibliothèque de l’Escurial, et le soin d’enseigner aux religieux les langues orientales. Enfin il se retira à Séville, ou il termina sa carrière, en 1598, à 79 ans. Arias fut un des plus savants théologiens du 16e siècle. Il savait très-bien l’hébreu, le chaldéen, le syriaque, l’arabe, le grec et le latin, et parlait avec la plus grande facilité l’allemand, le français, le flamand et le portugais. Il était sobre, pieux, modeste, infatigable, et il n’avait pas d’autre lit qu’une planche couverte d’un manteau. Les savants, les artistes, les religieux et les grands recherchaient sa conversation, et on était toujours édifié de sa piété et de sa modestie. Il vécut presque dans la pauvreté, lui qui aurait pu obtenir des dignités et des richesses. Outre la Polyglotte d’Anvers, on a d’Arias Montanus : 1° 9 livres sur les Antiquités judaïques, Leyde, 1593, in-4o ; 2° les Psaumes de David et d’autres prophètes, en vers latins, 1574, in-4o ; 3° un traité intitulé : Humanæ salutis Monumenta, Anvers, 1311, in-4o, avec beaucoup de figures ; 4° une traduction latine de l’Itinéraire de Benjamin de Tudela ; 5° Historia