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ARI

Rentrée a Constantinople après la défaite de Baslisque, elle tempéra la cruauté de Zénon dans le châtiment des rebelles. Plusieurs circonstances de sa vie montrent qu’elle n’était pas inaccessible a la pitié. Elle traversa souvent les mauvais desseins des deux princes qu’elle épousa successivement ; mais ses mœurs dissolues et la mort de Zénon flétriront à jamais sa mémoire. Depuis longtemps Ariadne entretenait un commerce secret avec Anastase le silentiaire ; l’empereur en ayant eu des soupçons, impératrice saisit une occasion favorable de se soustraire à la vengeance d’un époux outragé. On rapporte que Zénon, qui était attaqué d’épilepsie, fut un jour saisi d’un accès si violent, que ses officiers le crurent mort ; Ariadne s’empressa de le faire couvrir d’un suaire, et le fit porter secrètement au tombeau des empereurs ; l’entrée en fut fermée par une pierre, et on y mit des gardes, avec défense, sous peine de la vie, de laisser approcher du tombeau, ou de l’ouvrir. Ils obéirent, et, malgré les cris lamentables de Zénon, ils n’osèrent lui donner aucun secours. Ce malheureux prince mourut de rage, en se rongeant les bras avec les dents. Quarante jours après la mort de Zénon, Ariadne épousa publiquement Anastase, qu’elle avait en l’adresse de faire élire empereur. Il ne parait pas qu’elle ait pris part aux événements arrivés sous le règne de ce prince. Elle mourut sexagénaire, en 515, sans laisser de postérité. L-S-e.


ARIARATHE, nom de plusieurs rois de la Cappadoce. Le premier était fils d’Ariamnès, et lui succéda. Il rendit de grands services à Artaxercés dans son expédition contre l’Égypte, et ce prince l’en récompensa magnifiquement. Il vivait vers l’an 530 avant J.-C. Il eut deux fils, Ariarathe et Arézas ; mais comme ils étaient fort jeunes lorsqu’il mourut, il laissa la couronne à Olopherne, son frère, avec qui il avait toujours vécu dans la plus grande union. C-r.


ARIARATHE II, fils du précédent, succéda à Olopherne, son oncle. Alexandre le Grand étant entré dans l’Asie, Ariarathe resta fidèle au roi de Perse ; mais comme son pays ne se trouvait pas sur le passage de l’armée macédonienne, on le laissa tranquille : il en profita pour mettre ses forces sur un pied respectable. Après la mort d’Alexandre, Perdiccas alla l’attaquer, et, l’ayant vaincu et fait prisonnier, le fit mettre en croix, ainsi que tous ceux de la famille royale qui tombèrent entre ses mains. Cependant un des fils d’Ariaratbe parvint a s’échapper. C-r.


ARIARATHE III, ou Ier, suivant ceux qui ne commencent qu’à lui la suite des rois de Cappadoce, trouva le moyen de t’échapper lorsque son père fut pris par Perdiccas, et se retira dans l’Arménie. Perdiccas et Euménes étant morts, Ariarathe profita de la guerre qui s’était allumée entre Antigone et Séleucus, et, de retour dans la Cappadoce avec des troupes qu’il avait reçues d’Ardoatus, roi d’Arménie, il défit les Macédoniens, tua Amyjntas, leur général, et se remit en possession des États de son père, vers l’an 810 avant J.-C. Il eut trois fils, dont nous ne connaissons qu’Ariamnés, qui lui succéda. C-r.


ARIARATHE IV, fils d’Ariamnès II, vivait vers l’au 250 avant J.-C. Il épousa Stratonice, fille d’Antiochus Théos. Son père l’associa au tronc de son vivant, et lui laissa ses États en mourant. Son alliance avec les rois de Syrie lui fit adopter l’usage de la langue grecque, qu’on trouve employée sur une médaille qui nous reste de lui. Il eut un fils nommé Ariarathe comme lui. C-r.


ARIARATHE V, fils du précédent, était encore enfant lorsque son père mourut, vers l’an 220 avant J.-C. Il épousa Antiochis, fille d’Antiochus le Grand, roi de Syrie, et prit le parti de ce prince dans les guerres contre les Romains. Antiochus fut vaincu, et Ariarathe demanda la paix à Manlius, qui exigea de lui six cents talents ; bientôt, par considération pour Euménes, qui venait d’épouser la fille d’Ariarathe, cette somme fut réduite à trois cents talents. Il fit ensuite, de concert avec son gendre, la guerre à Pharnace, qu’il força à demander la paix. Antiochis, épouse d’Ariarathe, craignant, après une longue stérilité, de mourir sans laisser d’enfant, s’en était supposé deux à l’insu de son mari, et les avait nommés Ariaratlte et Olopherne ; mais elle devint enceinte quelque temps après, accoucha successivement de deux filles et d’un fils et dévoila le secret de la naissance des deux princes. Comme ils étaient déjà grands, Ariarathe, qui avait conçu de l’attachement pour eux, envoya le jeune Ariarathe à Rome, et Olopherne dans l’Ionie, pour qu’ils ne pussent pas disputer le trône à son fils légitime. Il mourut vers l’an 168 avant J.-C. C-T.


ARIARATHE VI, surnommé Pilopator, était fils du précédent. Il se nommait Mithridate, et ne prit qu’en montant sur le trône, vers l’an 168 avant J.-C., le nom d’Ariarathe. Son père voulut lui céder la couronne de son vivant, mais il la refusa. Le premier soin du nouveau roi fut de renouveler l’alliance avec les Romains ; il prit ensuite les armes pour rétablir Mitltrobarzane sur le trône d’Arménie. Démétrius Soter, roi de Syrie, ayant voulu lui faire épouser Laodicé, sa sœur, Ariarathe s’y refusa, et Démétrius irrité donna des secours à Olopherne, dont il a été question plus haut, lequel se prétendait légitime héritier du royaume. Ariarathe, chassé de ses États malgré les secours d’Euménes, roi de Pergame, se réfugia à Rome, et le peuple romain, quoique son allié, se contenta d’ordonner qu’il partagerait le royaume avec Olopherne. Il parvint cependant, par la suite, à recouvrer tous ses États, tant par le secours d’Attale qu’en épousant Laodicé. La guerre ayant éclaté, quelque temps après, entre les Romains et Aristonicus, qui réclamait le royaume de Pergame, Ariarathe se joignit avec ses troupes à l’armée romaine que commandait P. Crassus, et il périt dans la bataille où ce général lut défait. Il avait été élevé à la manière grecque, avait fait de grands progrès dans les lettres et dans la philosophie, et sa cour fut fréquentée par les savants. Il avait en de Laodicé plusieurs fils, a qui les Romains donnèrent la Cilicie et