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persuasives, qu’au rapport de Sénéque, il contribua puissamment à consoler Livie de la mort de son époux. Aréus eut deux fils, Denys et Nicanor. On a prétendu qu’il fut lié d’amitié avec Dioscoride, et que ce dernier lui dédia ses livres sur la matière médicale ; mais le fait n’est point certain. — Il y eut un autre Aréus, philosophe stoïcien, surnommé Didyme, D. l.


AREZZO (le cardinal Thomas) naquit, en 1756, à Orbitello, village de la Toscane, d’une famille de Palerme fort ancienne et déjà illustrée dans les lettres, l’Église et la politique, mais qui n’a rien de commun avec d’autres qui ont porté le même nom. (Voy. Accolti, et Guido.) Son aïeul, Claude-Marius Arezzo, était historiographe de l’empereur Charles-Quint, et son père capitaine général du royaume de Naples. Thomas fit ses études à Rome au collège Nazareno, où Joseph Beccaria lui enseigna la philosophie. Il étudia le droit civil sous les plus habiles maîtres, et le droit canon à l’académie ecclésiastique. Dès que son éducation fut achevée, le pape Pie VI le nomma vice-légat à Bologne, et il fut promu ensuite aux gouvernements de Ferme, de Pérouse et de Macérata. Le séjour des armées françaises en Italie ayant rendu ses fonctions aussi pénibles que difficiles, Arezzo y renonça en 1798 pour se retirer en Sicile, patrie de sa famille. Revenu à Rome en 1801, il y reçut de Pie VII le titre d’archevêque de Sélcucie in partibus, puis celui de nonce du saint-siége à Pétersbourg. Sa mission en Russie était de la plus haute jmportance, puisqu’il s’agissait de la réunion de l’Église grecque déjà vainement tentée plusieurs fois. C’est ce qu’indique suffisamment l’épitaphe gravée sur sa tombe[1]. Arezzo avait obtenu le plus grand succès auprès de Paul Ier ; déjà tout était convenu, et la plupart des emplois donnés avec le consentement des deux cours, lorsque la mort de ce malheureux prince vint rompre toutes les négociations. Le nouvel empereur, Alexandre, embrassa un système tout à fait contraire, et le nonce Arezzo, obligé de quitter Pétersbourg, se rendit comme légat à Dresde, où il séjourna plusieurs années. Il habitait encore cette ville en 1807, lorsque Napoléon, vainqueur des Prussiens, le fit venir à Berlin, afin de lui communiquer une partie des projets qu’il méditait alors contre le trône pontifical. Il crut sans doute l’avoir fait entrer dans ses vues, et Arezzo partit pour Rome avec des instructions fort contraires aux intérêts du pontife ; mais dès qu’il fut arrivé dans cette capitale, il informa Pie VII de tout ce qu’il avait appris, et ne fit usage des renseignements donnés par Bonaparte que dans l’intérêt du pontife, qui le nomma vice-gouverneur de sa capitale. On conçoit tout le ressentiment que dut en éprouver Napoléon. Le prélat fut arrêté et emprisonné à Florence (septembre 1808), puis à Novare. Cependant, à force de sollicitations, il obtint sa liberté, et il vint habiter Florence, où il fut de nouveau arrêté et transféré en Corse dans la prison de Bastia. Déguisé en marin, il réussit à s’évader en 1813, et se réfugia en Sardaigne, où il fut accueilli avec les plus grands égards par le roi Victor-Emmanuel. Ce prince le consulta même souvent pour des affaires d’État, et n’eut qu’à se féliciter des conseils qu’il en reçut. En 1814 Arezzo se hâta de revenir sur le continent ; et il débarqua dans le port de Gènes avec le roi de Sardaigne. Il alla ensuite attendre à Savone le retour du pape, qui venait d’être délivré de sa captivité, et se rendit avec le pontife à Rome, où il fut nommé président du saint office. En 1815, il accompagna encore Pie VII à Turin, lorsque Sa Sainteté fut obligée, par l’invasion de Murat, de s’éloigner de sa capitale. Revenu bientôt à Rome, le pontife créa Arezzo cardinal, et le nomma son légat à Ferrare. Ce prélat se fit chérir dans cette ville par ses vertus, et surtout par son humanité envers les nombreux prisonniers politiques qui y furent envoyés de Faenza et de Ravenne, par suite de la révolution qui éclata en 1820 dans les États de Naples. Arezzo les visitait fréquemment dans la prison, et il leur donnait tous les secours et toutes les consolations qui étaient en son pouvoir. Pie VIII le rappela à Rome en 1830, et lui conféra la dignité de vice-chancelier de l’Église. Ce prélat mourut dans cette capitale, le 5 février 1833, et fut inhumé avec de grands honneurs dans l’église St-Laurent. Le pape Grégoire XVI et les principaux dignitaires de l’Église assistèrent à ses funérailles. Il avait consacré ses jours d’exil et de captivité à la rédaction de mémoires qui ne peuvent manquer d’être fort curieux, mais qui n’ont pas encore été publiés. G-G-y.


ARFE (Juan de), sculpteur, né à Séville en 1603, commença par étudier son art dans cette ville, et fit ensuite le voyage d’Italie pour se perfectionner. De retour dans sa patrie, il exécuta, entre autres ouvrages remarquables, les statues en marbre, et de 20 pieds de hauteur, des Évangélistes et Docteurs, dans la chapelle de la communion de Séville. — Un autre Juan de Aura Villafaño, né en 1524 à Léon, s’adonna tout à la fois a la sculpture et à l’architecture. Il publia un ouvrage curieux intitulé : Quilalader, c’est-à-dire, l’Essayeur de l’or, de l’argent et des pierres précieuses, Valladolid, 1572, Madrid, 1598 et 1678. Il mourut à Madrid, en 1595, à 71 ans. D-t.


ARGAIZ (Grégoire de), moine espagnol de l’ordre de St-Benoît, vivait dans le 17e siècle. Il publia à Madrid, en 1667, une histoire ecclésiastique de l’Espagne, qu’il prétendait avoir tirée des écrits de St. Grégoire, évêque de Grenade, et de la Chronique de Haubert, bénédictin, et à laquelle il donna le titre suivant : Poblacion ecclesiastica de Espana, y noticia de sus primeras honras, hallada en los escritos de S. Gregorio obispo de Granada y en el Cronicon de Hauberto, etc., 2 vol. in-fol. Pour accréditer sa fraude pieuse, il dédia cet ouvrage à la majesté suprême et souveraine de Dieu ; mais les savants ne furent pas dupes de cette supercherie, et Garcia de Molina convainquit bientôt Argaiz d’avoir forgé les

  1. Petropolim ad impertorem Russorum legatus a Pio VII, P. M., rem sacram apprime juvit studio religionis, suavitate moram, laude prudentiæ, etc.