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Ynglingas-Tal, et ces deux monuments sont les principales bases de la chronologie du Nord, pendant les temps héroïques ou les premiers siècles de l’ère vulgaire. M-B-n.


AREGONDE. Voyez Clotaire Ier.


ARELLANO (Juan de), peintre espagnol, naquit à Torcas, près de Toledo, en 1607. Il apprit les principes de son art à Alcala de Henarès, et fut élève de Juan de Solis. S’apercevant qu’il ne faisait que de médiocres progrès dans le genre historique, il eut le bon esprit de se borner à peindre des fleurs. Après avoir copié quelques tableaux de Mario Nuzzi, dit Mario di Fiori, il travailla dans le même genre d’après nature. Il avait la patience et l’assiduité nécessaires pour réussir dans ce genre estimable, comme l’est toute imitation de la nature, mais le plus facile de tous Arellano mourut à Madrid, en 1670, à l’âge de 63 ans. La chapelle de Notre-Dame de Bon-Conseil, dans cette ville, possède quatre de ses tableaux. D-t.


ARELLANO (Gilles Ramirez de), membre du conseil de Castille et président de l’inquisition, est auteur d’un ouvrage intitulé : el Memorial de la grandeza del conde de Aquilar, et d’un traité de Privilegiis creditorum. — Un autre Ramirez de Arellano écrivit ; en espagnol un traité sur l’orthographe de la langue castillane. — Un troisième Arellano (J. Salvador Bapt. de), moine espagnol de l’ordre des récollets, vécut au commencement du 17e siècle. Gu a de lui : 1° Antiquates urbis Carmonœ, ejusque historia Compendium ; 2° de Origine imaginis S. Mariæ ; 3° de Reliquiis SS. Justæ et Rufinæ… Quelques-uns lui attribuent aussi l’ouvrage publié sous ce titre : Antiquitates monasterii S. Irinitutis, quod est Sevillio. — Enfin un quatrième Arellano Y Luna (Michel Gomez de), chevalier de l’ordre de St-Jacques et membre du conseil des affaires de l’Inde, a écrit : 1° Opera juridica tripartita, Anvers, 1651, in-4o ; 2° Juris canonici Antilegomena ; 3° Theoremata pro immaculata Conceptione S. Mariæ ; 4° Supplicatio ad Innocentium X (au sujet de la conception). D-g.


ARELLIUS, peintre romain, florissait dans les dernières années de la république ; il avait peint dans plusieurs temples des tableaux représentant des déesses ; mais le sénat ayant appris qu’il avait retracé sous les attributs divins des courtisanes qu’il aimait avec passion, fit détruire ces ouvrages, malgré leur rare beauté, comme profanant, par leur origine, la sainteté des lieux qu’ils décoraient. L-S-e.


AREMBEBG (Léopold-Philippe-Charles-Joseph duc d’), duc d’Aerschot et de Croï, gouverneur de la province du Hainaut, naquit à Mons en 1690. Son père, issu de l’illustre maison de Ligne, était capitaine général des gardes de l’Empereur, et il mourut des blessures qu’il avait reçues à la bataille de Peterwaradin, le 10 août 1691. Léopold, quoique fils unique, suivit la carrière des armes. Marchant sur les traces de ses ancêtres, il fut blessé à la bataille de Malplaquet, l’âge de dix-neuf ans. Pourvu bientôt après de la charge de grand bailli du Hainaut, il s’éleva successivement, par son mérite et son courage, aux premières dignités militaires. Il fit les campagnes de Hongrie, en 1716 et 1717, en qualité de major général des armées de l’Empereur, et fut blessé à la figure au siége de Temeswar. Il commanda l’aile droite de l’infanterie à la bataille de Belgrade, au gain de laquelle, il contribua par de savantes manœuvres que les leçons et l’exemple du prince Eugène lui avaient inspirées. Nommé gouverneur de Mons et conseiller d’État honoraire de la régence des Pays-Bas, il quitta Vienne, en 1719, pour aller prendre possession de ces nouvelles fonctions. Après la signature de la paix entre la France et l’Empire, il fit un voyage à Paris. Son esprit et sa grâce toute française lui procurèrent de grands succès à la cour et dans le monde littéraire. La guerre s’étant rallumée en 1733, il continua de servir sous les ordres du prince Eugène, dans la campagne qui s’ouvrit sur le Rhin. En 1737, il fut élevé au grade de feld-maréchal et de commandant en chef des armées de l’Empereur dans les Pays-Bas. En 1743, il se trouva a la bataille d’Ettinghen, où il fut blessé d’un coup de feu[1]. Le gouvernement du Milanais fut alors destiné au duc d’Aremberg ; mais l’esprit de patriotisme qui l’attachait au sol belge lui fit préférer son titre plus modeste de gouverneur du Hainaut. Il se retira des lors du service, et mourut dans son château d’Héverlé, près de Louvain, le 4 mars 1754. Son corps fut transporté à Enghien et inhumé dans l’église des capucins de cette ville. Son esprit éclairé, son amour pour les sciences et les lettres, et la protection qu’il accorda à ceux qui les cultivaient, doivent le faire ranger au nombre des grands seigneurs qui ont le plus fait pour elles. En 1739, Voltaire passa plusieurs jours à Enghien avec madame du Châtelet. L’année suivante, il donnait à Bruxelles une fête brillante au duc d’Aremberg, à cette dame et a la princesse de Ghimai, et il écrivait, en 1738, au prince royal de Prusse, à propos d’un tonneau de tokai :

Ce nectar jaune de Hongrie
Enfin dans Bruxelles est venu ;
Le duc d’Aremberg l’a reçu
Dans la nombreuse compagnie
Des vins dont sa cave est fournie, etc.

Il est connu surtout par le patronage bienveillant qu’il exerça envers J.-B. Rousseau. Non-seulement il le recueillit dans sa maison et l’admit à sa table, mais lorsque ce grand poète eut des torts envers lui, il ne continua pas moins d’acquitter la pension qu’il lui avait d’abord assurée. L-m-x.


AREMBEBG (Louis-Engelbert, duc et prince

  1. On lit à ce sujet une particularité curieuse dans l’Histoire de l’ordre de la Toison d’or, par M. de Reiffenberg : c’est qu’a cette bataille d’Etlinghen le duc d’Aremberg reçut un coup de feu qui cassa sa toison d’or ; que son fils le duc Charles reçut une balle à la bataille de Torgau, au même endroit de la poitrine, sur sa toison, et que le prince Auguste, son petit-fils (voy. l’article de ce prince ci-après), reçut aux Indes la même blessure par un coup qui lui aurait aussi cassé la toison, s’il avait été chevalier de cet ordre, Il lieu de l’être de celui de St-Hubert.