Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 2.djvu/172

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
167
ARD

de l’académie des sciences en 1749. L’un de ces mémoires renfermait un principe général de mécanique, celui de la conservation du mouvement giratoire, ou de la conservation d’action, principe au moyen duquel il résolut plusieurs problèmes importants, et qu’il appliqua même au problème de la précession des équinoxes. Il fit avec Leroy, son collègue a l’académie des sciences, une série d’expériences sur l’électricité, et se livra ensuite seul a des expériences sur la poudre à canon, dont il rassembla les résultats dans un Essai sur l’artillerie, publié en 1760. Il reprit les armes, et fit, comme colonel à la suite du régiment de Fitz-James, la campagne de 1757. Rendu de nouveau aux sciences par la paix, il donna, en 1765, un Mémoire sur la durée des sensations de la vue, celui de ses ouvrages où brillent le plus son talent et sa sagacité. En 1770, il fut nommé maréchal de camp, et cette même année, l’académie des sciences l’admit au rang de pensionnaire. Il épousa, en 1777, une nièce élevée à Paris sous ses yeux, et il prit alors le nom de comte d’Arcy. Il mourut deux ans après son mariage, le 18 octobre 1779, âgé de 54 ans. Plusieurs de ses écrits sont insérés dans les Mémoires de l’académie des inscriptions. Il a publié de plus : 1° Réflexions sur la théorie de la lune, 1749, in-8o ; 2° Observations sur la théorie et la pratique de l’artillerie, 1751, in-8o ; 3° Essai d’une nouvelle théorie d’artillerie, 1766, in-8o ; 4° Recueil de pièces sur un nouveau fusil, 1767, in-8o. On trouvera une analyse très-détaillée de tous les travaux de d’Arcy dans l’éloge qu’a fait de lui Condorcet, alors secrétaire perpétuel de l’académie des sciences. Cet éloge fait autant d’honneur au caractère qu’au talent de Condorcet, qui avait été constamment l’objet de la haine la plus injuste de la part de d’Arcy, et qui parait s’être attaché à relever, avec un soin particulier, tous les genres de mérite qui pouvaient honorer la mémoire et rehausser la réputation de l’académicien dont il avait tant à se plaindre. S-d.


ARDABURIUS, général sous le règne de Théodose II, était Alain d’origine. En 421, il commanda l’armée qui marcha contre les Perses sur les bords du Tigre. Il battit Narsès et l’assiégea dans Nisibe ; mais ses troupes s’effrayèrent à la nouvelle de l’arrivée du roi de Perse, et regagnèrent en désordre les frontières de l’empire, après avoir brûlé les machines qu’elles avaient construites pour renverser les murs de Nisibe, tandis que de leur côté les Perses, frappés de la même terreur, se précipitaient dans l’Euphrate. En 425, Ardaburius et son fils Aspar furent envoyés en Italie par Théodose II, pour soutenir Valentinien III et sa mère Placidie contre l’usurpateur Jean. Aspar marcha sur Aquilée avec la cavalerie ; Ardaburius s’embarqua avec l’infanterie pour aller former le siége de Ravenne ; mais une tempête jeta son vaisseau dans le port même de cette ville. Jean, voulant profiter de cette capture inattendue, traita Ardaburius avec égards, dans l’espérance que Théodose ferait la paix pour sauver son général. Celui-ci profita de la liberté qu’on lui donnait pour se ménager des intelligences dans la place ; il fit prévenir Aspar de s’approcher en grande hâte, gagna les principaux officiers de l’armée de Jean, et, lorsqu’Aspar se présenta, Ardaburius se saisit du tyran et le fit conduire à Aquilée devant Placidie et Valentinien. Quelque temps après, Ardaburius s’attacha un Thrace nommé Marcien, qui venait de s’enrôler dans la milice, et que la fortune porta depuis sur le trône d’orient. On ne doit pas confondre Ardaburius avec un fils d’Aspar qui porta le même nom que son aïeul, et qui périt avec son père en 471. (Voy. Aspar.), L-S-e.


ABDECHYR BABÉGAN, fondateur de la dynastie des Saçanydes, et nommé Artaxerces par les historiens grecs, était fils de Babek, intentant général des pyrées de la Perse, et petit-fils d’un nommé Saçan. Celui-ei, quoique descendant d’un fils d’Ardechyr Longue-Main, déshérité en faveur de la reine Homai, avait mené une vie très-misérable, car il était, suivant quelques écrivains orientaux, berger de Babek, et père d’Ardechyr. Nous n’entreprendrons pas de concilier les différentes opinions de nos auteurs touchant l’origine de ce dernier. Il y a seulement lieu de croire que la protection toute particulière de Babek, personnage très-important vers la fin du dernier monarque arsacide, favorisa beaucoup les projets ambitieux d’Ardechyr. Il n’hésita même plus à les réaliser, d’après l’apparition d’un ange qui lui annonça que Dieu lui avait donné la souveraineté de la terre entière. Secondé d’un assez grand nombre de mécontents, que la mauvaise administration d’Ardwan (Artaban) augmentait chaque jour, il s’empara de l’Irak et de l’Azerbaïdjan ; enfin il n’hésita pas a se mesurer avec son souverain légitime. Après avoir remporté sur lui deux victoires éclatantes, en 223 de J.-C., il prend les insignes de la royauté, et se fait reconnaître souverain de la Perse ; on prétend cependant qu’Ardwan ne fut déposé qu’en 225, et périt dans une grande bataille qu’il livra à ce rebelle, en 226, époque ou l’usurpateur se vit maître paisible et absolu de son nouvel empire ; car, avant cette époque, il avait déjà vaincu et exterminé un de ses frères, qui prétendait lui disputer la couronne, Quoique usurpateur, Ardechyr parait avoir régné fort paisiblement, et gouverné ses peuples avec douceur et équité ; on peut en juger par la maxime qu’il se plaisait à répéter : « Un lion dévorant est moins à redouter qu’un monarque injuste. » Il réunissait la plus rare prudence au courage le plus héroïque, et l’amour des lettres à la passion des armes. Doué d’une vaste érudition, et même de talents militaires, il ne dédaigna pas de composer plusieurs ouvrages, parmi lesquels on cite un Kar-Nameh, ou commentaire de sa vie et de ses actions, et un traité de morale, dont le célèbre Nonchyrwan, un de ses successeurs, donna, quelques siècles après, une nouvelle édition. Ardechyr mourut en 240, après avoir régné 14 ou 15 ans ; car il exerça l’autorité suprême, comme nous l’avons remarqué, quelques années avant la mort d’Ardwan. La dynastie des Saçanydes, dont il est le fondateur, dura 429 ans, suivant le calcul le plus communément adopté. L-s.


ARDÉE (Jacques d’), né au pays de Liége vers la fin du 16e siècle, fit profession de la vie cénobi-