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ouvrage écrit avec la supériorité ordinaire de l’auteur, mais où l’on chercherait en vain les développements et les rapprochements qu’il promet dans la préface, et auxquels on devait s’attendre d’après les matériaux que le gouvernement suédois avait mis à sa disposition. Peu de temps après, il donna son Histoire de la reine Christine, qui passe, en Suède même, pour la meilleure qui existe de cette femme célèbre. — En 1810, Archenholz se rendit à Berlin, où il accepta la proposition que lui fit un libraire de publier une nouvelle édition de ses œuvres historiques. De retour à Hambourg après une absence de six mois, il se livra aussitôt à une révision minutieuse des volumes à réimprimer ; mais avant qu’il eût terminé ce travail la mort le surprit, le 28 février 1812, dans la 71e année de son âge. Outre les ouvrages cités dans cet article, on a de lui : 1° les Anglais aux Indes, d’après Orme, 3 vol. in-8o, traduit en français par Kœnig, Lausanne, 1791, 3 vol. in-12 ; et par un anonyme, Berne, 1791-92. 3 vol. in-12 ; 2° Histoire des flibustiers, traduite en français, avec des notes, par Bourgoing, Paris, 1804, 1 vol. in-8o ; 3° Tableau de l’armée prussienne, 1 vol. in-4o ; 4° la Guerre de la Vendée, 2 brochures in-8o ; 5° Lycée anglais,1 vol. in-8o ; 6° le Mercure anglais, 11 vol. in-8o ; 7° Miscellanées pour servir à l’histoire du jour, 2 vol. in-8o ; 8° les Parisiens dans leurs séances, ou Observations sur la société de Paris, 1 vol. in-12 ; 9° Opuscules historiques, 2 vol. in-8o ; 10° Calendrier historique pour l’an 1790, destiné aux dames (publié conjointement avec Wieland), 1 vol. in-12. Tous les ouvrages d’Archenholz sont en allemand, excepté les numéros 5 et 6, qui sont en anglais.— Il ne faut pas confondre cet écrivain, comme l’ont fait quelques biographes, avec l’historien finlandais Arckenholz, mort en 1777. (Voy. ce nom.) M-a.


ARCHESTRARE, poëte grec, naquit à Syracuse selon Athénée, et florissait peu de temps après le règne d’Alexandre. Vossius (de Poet. græc., p. 85) le place parmi les poëtes d’une époque incertaine. Ce qu’il y a de plus sur à son égard, c’est le genre et l’emploi de son talent, uniquement consacré a tracer les lois de la table. Voici ce qu’en dit Barthélemy, d’après Athénée : « Cet auteur fut l’ami d’un des fils de Périclès. Il avait parcouru les terres et les mers pour connaître par lui-même ce qu’elles produisaient de meilleur. Il s’instruisait dans ses voyages, non des mœurs des peuples, dont il est inutile de s’instruire, puisqu’il est impossible de les changer ; mais il entrait dans les laboratoires où se préparent les délices de la table, et il n’eut de commerce qu’avec les hommes utiles a ses plaisirs. Son poëme est un trésor de lumières, et ne contient pas un vers qui ne soit un précepte. C’est dans cette école que plusieurs cuisiniers ont puisé les principes d’un art qui les a rendus immortels. » C’est ce passage de l’auteur d’Anacharsis qui a donné à Berchoux l’idée de son charmant poëme. Chrysippe regarde les leçons d’Archestrate comme le point fondamental de la doctrine épicurienne, et la vraie théogonie des philosophes gourmands. Il avait pour precepte que, quand le nombre des convives excède celui de trois ou de quatre, ce n’est plus qu’un rassemblement de journaliers ou de soldats qui mangent leur butin. Il parait que ses leçons ne contribuèrent pas à l’enrichir, car Plutarque rapporte cette exclamation d’un partisan du poëte et de sa doctrine : « O Archestrate ! que n’as-tu vécu sous Alexandre ! chacun de tes vers eût obtenu Chypre ou la Phénicie pour récompense ! » — Plutarque fait mention d’un autre Archestrate, poëte tragique, dont les pièces furent jouées pendant la guerre du Péloponèse. A-D-r.

ARCHIAS, poëte grec, d’Antioche, jouit à Rome d’une grande considération, sous le consulat de Métellus et d’Afranius, et grâce a la protection signalée des Lucullus, qui lui avaient procuré le droit de cité a Héraclée, ville alliée qui jouissait des privilèges de la cité romaine ; mais un incendie ayant dévoré les archives de cette ville et anéanti les preuves du titre d’Archias, un certain Gratius lui contesta juridiquement le titre et les droits de citoyen romain. Ce fut à cette occasion que Cicéron, l’élève et l’ami d’Archias, prononça ce magnifique plaidoyer dans lequel il a si éloquemment consigne son amour pour les lettres et son admiration pour ceux qui les cultivent. Archias avait composé un poëme sur la guerre des Cimhres, et il en avait commencé un autre sur le consulat de Cicéron. Il ne nous reste de lui qu’une quarantaine d’épigrammes, recueillies d’abord dans l’Anthologie grecque, et publiées ensuite à part, avec un commentaire, par Daniel Alsworth, le même qui imprime en 1595, a Rome, une traduction des Géorgiques en vers grecs. Brunck a recueilli trente-quatre des épigrammes d’Archias, dans ses Analecta veterum Poetarum græcorum, t. 2, p. 92. Ces mêmes fragments ont été publiés depuis, accompagnés de notes et d’une version latine, par Ilgen (1800), avec une épître critique sur la personne et le génie d’Archias. Il est difficile de concilier les éloges dont Cicéron comble ce poëte avec l’extrême médiocrité des pièces qui lui sont attribuées. Imitateur servile du Tarentin Léonidas et d’Antipater, il se traîne sur des sujets qu’ils ont traités avant lui, et n’en reproduit que d’infidèles copies. Deux ou trois pièces à peine méritent d’être distinguées : ce sont les épigrammes sur le sanglier de Calydon ; sur le Priape placé sur les rives du Bosphore ; sur une hirondelle, etc. ; celle enfin sur Diogène le Cynique qui veut passer l’Achéron : encore cette dernière n’est-elle qu’une imitation de Léonidas. Il faut donc supposer que les poëmes que nous n’avons plus, et dans lesquels Archias avait célébré la guerre des Cimbres et celle de Mithridate, étaient des morceaux d’un mérite bien supérieur à ce qui nous reste. A-D-r.


ARCHIAS, architecte, né à Corinthe, fut appelé en Sicile par le roi Hiéron, qui le chargea de diriger les travaux d’utilité et d’agrément que ce prince faisait exécuter dans son royaume. Archias poussa surtout très-loin l’art des constructions navales : on lui attribue les plus belles de ces fameuses galères siciliennes dont l’histoire a souvent parlé, et dont les mats et les principales pièces de