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1718. fut, en 175, directeur de l’imprimerie royale, et le fut ensuite de l’imprimerie exécutive nationale. En 1790 il publia une lettre sur l’impression des assignats, et sur divers essais de fabrication de papiers destinés à leur confection. En décembre de la même année, il exécuta le décret qui lui ordonnait de faire l’inventaire des effets existants à l’imprimerie royale, et de le déposer aux archives. Le 1er juillet 1792, inculpé pour l’impression d’un arrêté inconstitutionnel du département de la Somme, il produisit a l’assemblée législative l’ordre qui lui en avait été donné par le secrétaire général du ministère de l’intérieur. Après le 10 août, Anisson fut obligé de quitter l’établissement qu’à l’exemple de ses ancêtres il avait enrichi et illustré. Arrêté en germinal an 2, il employa tous ses efforts pour recouvrer sa liberté, et il essaya de faire distribuer des sommes considérables a quelques membres des autorités de Ris et de Corbeil. Ce moyen accéléra sa perte ; il fut traduit devant le tribunal révolutionnaire, et condamné à mort le 6 floréal an 2 (25 avril 1794), et non le 26 novembre 1795. On a d’Anisson-Duperron un Premier Mémoire sur l’impression en lettres, suivi de la Description d’une nouvelle presse, 1785, in-4o. Ce mémoire, lu à l’académie des sciences le 5 mars 1785, avait été imprimé dans le tome 10 des Mémoires de mathématiques et de physique des savants étrangers. L’auteur s’y porte inventeur de la presse à un coup. Cependant cette invention est réclamée par MM. Didot, qui prétendent avoir imprimé en 1777, avec une presse de cette forme, le Dæphnis et Chloé de Villoison. On peut, a ce sujet, consulter une note de l’Épître sur les progrès de l’imprimerie, à la suite d’un Essai de Fables nouvelles, par Didot fils aîné, Paris, 1786, in-12. G. P-t.


ANITUS. Voyez Anytus.


ANJOU (François de France, duc d’), fils de Henri II et de Catherine de Médicis, frère des rois François II, Charles IX et Henri III, naquit en 1554, porta d’abord le titre de duc d’Alençon, et fut envoyé, en 1573, au siége de la Rochelle, avec son frère le duc d’Anjou, depuis Henri III, contre lequel il témoigna toujours une secrète jalousie. La reine-mère, qui ne trouvait pas chez lui autant d’éloignement pour le parti protestant que chez ses autres fils, lui reprocha souvent cette espèce de condescendance, et surtout l’estime qu’il manifestait pour l’amiral Coligni : cette princesse ayant vu dans les papiers de Coligni, après sa mort, qu’il avait conseillé à Charles IX de ne point accorder d’apanage considérable à son frère le duc d’Alençon, dit a ce prince : « Voilà, mon fils, les conseils de votre ami. — Je ne sais pas, répondit le duc, s’il m’aimait beaucoup ; mais je sais que ce conseil est d’un homme qui aimait l’État. » À la mort de Charles IX, un parti puissant voulut empêcher le retour en France de Henri III, alors roi de Pologne, et assurer la couronne au duc d’Alençon ; mais la cour prévint l’exécution de ce complot en faisant arrêter ce prince et le roi de Navarre, Henri IV, qui furent transférés a Vincennes. Le duc d’Alençon, interrogé, répondit avec la timidité d’un coupable, et fut cause de la perte de son favori la Mole, qui fut décapité. Aussitôt qu’Henri III fut reconnu, il mit son frère en liberté ; mais, quatre ans après, ce prince se retira de la cour, parce qu’on lui avait refusé la lieutenance générale du royaume. Il fut rejoint aussitôt par toute la noblesse protestante, et le prince de Condé lui amena d’Allemagne 20,000 hommes. Tandis que la moitié de la France lui confiait ses plus chers intérêts, ce prince, à la tête d’une armée nombreuse, ne se proposait autre chose que de venger son favori la Mole. Jaloux d’ailleurs du roi de Navarre et du prince de Condé, ses rivaux de gloire, il fit bientôt la paix avec la cour pour ses intérêts particuliers, et reçut en apanage le Berri, la Touraine et l’Anjou ; cette dernière province fut alors érigée en duché, et il en prit le titre. La guerre civile recommença en 1576, et ce même prince qui, dans la guerre précédente, avait été le chef du parti huguenot, fut, dans celle-ci, le chef du parti catholique. Il commanda l’armée qui prit sur les calvinistes la Charité-sur-Loire et Issoire en Auvergne. Appelé l’année suivante au secours des Flamands révoltés contre Philippe II, il enleva quelques villes aux Espagnols ; mais Henri III, qui désapprouvait cette démarche, le fit arrêter. Le duc d’Anjou, ayant échappé à la surveillance de ses gardes, descendit avec une échelle de soie par une fenêtre du Louvre, et fut conduit par son favori Bussy d’Amboise à l’abbaye St-Germain, d’où il sortit de Paris par un trou pratiqué aux murs de la ville. La reine de Navarre, sa sœur, avait tellement disposé les esprits en sa faveur dans les Pays-Bas, qu’il en fut reconnu souverain. Après avoir fait son traité avec les confédérés, il se rend en Guienne pour négocier la paix avec les protestants, repasse ensuite dans les Pays-Bas avec 4,000 chevaux et 10,000 hommes d’infanterie, délivre Cambray assiégé par le duc de Parme, y fait son entrée en 1581, chasse les Espagnols d’Arleux et de l’Écluse, et leur enlève Cateau-Cambrésis. Il passe la même année en Angleterre pour conclure avec la reine Élisabeth son mariage qu’avait négocié la cour de France. De tous les prétendants à la main de cette princesse, c’est le duc d’Anjou qui a été le plus près de l’obtenir. Ses anciennes liaisons avec les réformés de France, l’attachement qu’il avait montre pour l’amiral de Coligni, étaient des titres de recommandation auprès de la reine d’Angleterre : elle alla au-devant de lui jusqu’à Cantorbéry, et, malgré l’énorme disproportion d’âge, le mariage fut résolu, au grand mécontentement des Anglais. Élisabeth donna au duc d’Anjou un anneau, gage de sa foi ; mais elle s’en repentit bientôt et rompit le mariage. « Il ne ferait, dit-elle au prince, ni votre bonheur ni le mien. Vous ne connaissez pas le peuple anglais ; jamais un prince catholique et français ne doit compter sur son obéissance. J’aurais moi-même la douleur d’être perpétuellement placée entre mon peuple et mon époux. » Le duc d’Anjou s’emporta, brisa l’anneau de la reine, et voulut partir. Élisabeth, qui l’aimait, le retint encore pendant trois mois, qui se passèrent en fêtes ; et, ne cessant de lui donner des mar-