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dont tous les académiciens prenaient des noms tirés de la culture de la vigne, ou d’autres objets champêtres. Il mourut à Rome, à l’âge de 35 ou 36 ans, d’une fièvre qui l’emporta en peu de jours. Il eut pour amis presque tous les beaux esprits de son temps ; mais il fut un des ennemis les plus irréconciliables de l’Arétin, qu’il n’épargna pas dans ses poésies satiriques. Elles sont presque toutes de ce caractère, ainsi que la plupart de celles que l’on appelle burlesques, genre dans lequel on sait que le Berni s’est principalement distingué. Les poésies de Mauro d’Arcano, ou du Mauro, sont imprimées avec celles de ce dernier poète, et de quelques autres du même genre. Elles consistent en vingt et un capitoli et se rapprochent beaucoup de celles du Berni, avec lesquelles même quelques critiques les ont mises de pair. G-é.


ARCASIO, professeur de droit romain à l’ancienne université de Turin, né le 23 janvier 1712, a Bisagno, province d’Acqui, fut reçu avocat en 1733, s’attacha particulièrement à l’étude des antiquités et de la jurisprudence romaines, et cultiva avec beaucoup de succès les lettres latines. En 1748, le roi de Sardaigne, Charles-Emmanuel III, le nomma professeur de droit civil. Le successeur de ce prince lui accords, après trente années de service, une pension et le titre de sénateur. Cette distinction avait été jusqu’alors sans exemple dans l’histoire de l’université de Turin. Arcasio ne cessa de professer que vers la fin de sa carrière ; il mourut à Bisagno, le 25 novembre 1791. Il a laissé plusieurs ouvrages imprimés. Ses commentaires de droit civil (Commentaria juris civilis), publiés à Turin en 1782 et en 1784, sont très-estimés, et offrent un cours de droit romain qui sera toujours utile. Arcasio, porté naturellement au recueillement et a la méditation, aimait la solitude, et, sur le déclin de sa vie, il se retirait tous les ans, pendant un mois, dans un couvent de camaldules près de Turin. Le baron Vernazza de Freney a publié son éloge, qui est inséré dans la Bibliotheca Oltremontana. P-i.


ARCÈRE (Louis-Étienne), prêtre de l’Oratoire, né à Marseille en 1698, se distingua, pendant qu’il fut employé à professer les humanités, par plusieurs prix de poésie qu’il remporta dans diverses académies de province, dont quelques-unes s’empressèrent de lui ouvrir leurs portes. Fixé, vers 1743, à la Rochelle, il devint secrétaire perpétuel de la société royale d’agriculture, et travailla, conjointement avec le P. Jaillot, son confrère, a l’Histoire de la Rochelle et du pays d’Aunis. Le P. Jaillot, qui en avait amassé les matériaux, étant mort en 1749, le P. Arcère se trouva seul chargé de l’ouvrage, qui parut, en 1756, en 2 vol. in-4o. Cette histoire, la meilleure qu’on eut encore vue en ce genre, par les recherches curieuses qu’elle contient, par l’exactitude des faits, la sagesse des vues, la profondeur des réflexions, et à laquelle il ne manque que d’être écrite d’un style plus simple et sur un ton plus naturel, valut à l’auteur une pension de la province, et le titre de correspondant de l’académie des inscriptions et belles lettres. Le P. Arcère est encore auteur d’un Journal historique de la prise de Mahon, d’un Mémoire apologétique de la révolution de Corse, en 1760, de plusieurs mémoires insérés dans le recueil de l’académie de la Rochelle ; d’une savante Dissertation sur l’état de l’Agriculture chez les Romains, dans ses rapports avec le gouvernement, les mœurs et le commerce, in-8o, Paris, 1776, qui eut l’accessit du prix proposé sur ce sujet par l’académie des inscriptions. L’auteur avait soixante-seize ans quand il la composa. Il savait plusieurs langues anciennes et modernes, et fut chargé de mettre en état de paraître un dictionnaire turc, latin et français, composé par son oncle Antoine Arcère. Un assez long séjour dans le Levant avait procuré à celui-ci tous les moyens nécessaires pour la composition d’un pareil ouvrage. Le neveu ayant été arrêté dans ce travail par la faiblesse de sa vue, et par son âge avancé, en légua le manuscrit à la bibliothèque du roi ; il légua pareillement à la bibliothèque de l’oratoire de Marseille ses propres manuscrits, qui composent 4 vol. in-fol., intitulés : Arceriana. Ses poésies, où il y a du feu et de l’élévation, sont répandues dans différents recueils. Ce savant respectable mourut à la Rochelle, supérieur de la maison de sa congrégation, le 7 février 1782. T-d.


ARCÉSILAS, de la secte académique, naquit, d’un père scythe, à Pitane en Éolide, la première année de la 116e olympiade. Son éducation fut très-soignée. Il apprit les mathématiques d’Autolycus et d’Hipponicus le géomètre ; la musique, de Xanthus l’Athénien, et cultiva même la poésie. Mais Moéréas, son frère aîné, qui devint son tuteur, l’envoya bientôt à Athènes, pour s’y livrer a la profession de rhéteur, à laquelle il le destinait. Arcésilas ne répondit point à ses vues. La philosophie eut pour lui plus de charme que l’éloquence : il suivit les leçons de Théophraste le péripatéticien, puis celles de Crantor ; et, après la mort de Cratès, se trouvant à la tête de l’école, il devint le fondateur de la seconde académie. Il fit néanmoins de grands changements à la doctrine académique. Platon et ses successeurs avaient distingué deux sortes d’êtres : les uns, substantiels, exerçant leur action sur les sens ; les autres, abstraits, perceptibles seulement par l’esprit. La connaissance des premiers constituait, disaient ils, l’opinion ; celle des autres, la science. Arcésilas, se rapprochant du scepticisme, ou plutôt l’outrepassant, niait que l’on pût rien savoir, pas même, comme Socrate, que l’on ne savait rien. Il rejetait, comme faux ou trompeur, le témoignage des sens, et prétendait qu’en conséquence le vrai sage ne doit jamais rien affirmer ; qu’au contraire, il peut, avec une égale supériorité, combattre toutes les assertions reçues. Cependant, comme il fallait bien faire concorder ces idées bizarres avec la nécessité de vivre, imposée à tous les êtres animés, il disait que ces principes n’étaient de rigueur que pour la science ; que, du reste, dans le commerce de la vie, on pouvait agir comme les autres, et s’en tenir aux apparences. C’est ainsi que, par d’ingénieuses et subtiles distinctions, le rigoriste le plus sévère croit pouvoir justifier aux autres, et souvent à lui-même,