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sentée sous une forme ironique, comme le récit des aventures d’un personnage supposé. La seule partie de cette satire qui ait paru a été imprimée dans les œuvres de Pope, sous le titre de Mémoires de Martinus Scriblerus ; elle est regardée presque entièrement comme l’ouvrage du docteur Arbuthnot. La mort de la reine Anne l’affecta sensiblement. Il fit un voyage à Paris pour se distraire. De retour en Angleterre, il continua de pratiquer la médecine avec beaucoup de réputation. Il publia aussi, par intervalles, divers traités dogmatiques et quelques écrits pleins d’esprit, de raison et d’originalité, mais où domine une teinte très-marquée d’esprit de parti. Le premier ouvrage qui fit connaître Arbuthnot est un examen critique de l’hypothèse du docteur Woodward, pour expliquer le déluge, et qui se trouve dans un Essai sur l’histoire naturelle de la terre, publié par ce savant physicien en 1695. Arbuthnot attaqua cette hypothèse comme incompatible avec les principes des mathématiques et de la saine philosophie. Son ouvrage sur ce sujet avait pour titre : Examen de l’explication du déluge, par le docteur Woodward, suivi d’une comparaison de la doctrine de Stenon avec celle du docteur, relativement aux corps marins contenus dans le sein de la terre, 1697. Un petit écrit, qu’il publia peu de temps après, le fit connaître encore plus avantageusement ; il est intitulé : Essai sur l’utilité des mathématiques, 1700. Cet écrit le plaça au rang des esprits supérieurs : il n’a paru, même depuis Arbuthnot, aucun ouvrage qui offre sur ce sujet des idées plus justes sous une forme plus imposante. Les principaux avantages que l’auteur prétend résulter de l’étude des mathématiques, sont : 1° d’accoutumer l’esprit à une forte attention ; 2° de lui faire contracter l’habitude d’une logique serrée et des démonstrations rigoureuses ; 3° de lui apprendre à écarter du raisonnement toute espèce de préjugé, de crédulité et de superstition. Arbuthnot fait ensuite l’application de ces principes à l’étude de toutes les autres sciences ; et c’est dans ces développements qu’il montre autant de pénétration que de sagacité. Les principaux de ses autres ouvrages sont : 1° de la Régularité des naissances des deux sexes ; 2° Tables des Monnaies, Poids et Mesures des anciens, appliquées avec des exemples, dans une suite de dissertations, 1727. in-4o ; 3° de la Nature et du Choix des aliments, 1732 ; 4° des Effets de l’air sur le corps humain, 1733 ; 5° Traité sur la manière de quereller chez les anciens ; 6° l’Art de mentir en politique ; 7° le Procès sans fin, ou Histoire de John Bull, roman allégorique publié sous le nom de Swift, très-estimé en Angleterre, et où le peuple anglais est désigné sous le nom de John Bull, dénomination dérisoire qui a été depuis adoptée par l’usage. On lui attribue quelques autres petits ouvrages où la satire est toujours traitée sur le ton de l’ironie. En 1751, on publia à Glascow les Œuvres mêlés du docteur Arbuthnot, en 2 vol. in-8o, où l’on trouve beaucoup de pièces qui ne lui appartiennent pas. Arbuthnot est un des hommes célèbres d’Angleterre qui a réuni le plus de genres d’esprit aux connaissances les plus solides et les plus étendues. Les qualités de son cœur égalaient les agréments de son esprit. C’est un témoignage que lui rendait Swift, qui disait de lui : « Il a plus d’esprit que nous tous, et son humanité égale son esprit. » il fut l’ami des hommes les plus distingués de son temps, Swift, Pope, Gay, les lords Bolinghroke et Chesterfield. Il était d’une constitution délicate, qui faisait dire au docteur Swift : « C’est un homme propre à tout, excepté à marcher. » Les dernières années de sa vie furent éprouvées par de vives et continuelles souffrances, qu’il supporta, non-seulement avec courage, mais avec gaieté. Il mourut à Londres en 1735. Ses ouvrages de plaisanterie ne peuvent guère être appréciés par les étrangers ; mais quelques écrits solides, tels que son traité de la Mature et du Choix des aliments, et ses Tables des Monnaies, des Poids et des Mesures des anciens, suffiront pour recommander sa mémoire chez toutes les nations éclairées. Boyer de Prébandier a traduit en français le traité de la Nature et du Choix des aliments, 1741, 2 vol. in-12, ainsi que celui des Effets de l’air, 17-12, in-12. L’Histoire de John Bull a été traduite par l’abbé Velly, 1753, in-12. S-d.


ARC (Jeanne d’). Voyez Jeanne.


ARC (Philippe-Auguste de Sainte-Foix, chevalier d’), fils naturel du comte de Toulouse, mourut en 1779, à Tulle, où il était exilé. Il a laissé : 1° Lettre d’Osman, 1753, 3 parties, in-12. 2° Le Roman du jour, pour servir à l’histoire du siècle, 1754, 2 vol. in-12. 3° Le Palais du Silence, 1754. in-12. 4° Mes Loisirs, 1755, in-12. 5° La Noblesse militaire, ou le Patriote français opposé à la noblesse commerçante (de l’abbé Coyer), 1756, in-12. 6° Histoire générale des guerres, t. 1er, 1756, t. 2, 1758, in- °. L’auteur avait divisé son ouvrage en trois époques ; la première, depuis le déluge jusqu’à l’ère chrétienne ; la seconde, depuis l’ère chrétienne jusqu’à la chute de l’empire d’orient ; la troisième, depuis la chute de l’empire d’orient jusqu’en 1748. Les deux volumes publiés contiennent l’histoire de la grande Arménie, des deux petites Arménie, de la Cappadoce, du Pont, de la Paphlagonie, de la république d’Héraclée, de la Bithynie, de Pergame, de la Phrygie et de la Lydie. Cet ouvrage eut peu de succès, et ne fut pas continué ; le 1er volume a été réimprimé en Hollande en 1758, in-12. 7° Histoire du commerce et de la navigation des anciens et des modernes, 1758, 2 vol. in-12. C’est encore un ouvrage interrompu. Les deux volumes imprimés ne traitent que du commerce des anciens. L’auteur s’est proposé de faire voir en général que les nations belliqueuses n’ont pas fait le commerce par elles-mêmes, et que la noblesse ne doit pas être commerçante. L’histoire nous ayant conservé peu de détails sur le commerce des peuples anciens, il s’est rejeté sur leur état et sur leur politique en général, de sorte qu’a cet égard son ouvrage est inférieur à celui de Huet sur la même matière, où l’on trouve plus de fait particuliers relatifs au commerce et moins de choses étrangères. A. B-t.