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saires pour tenir les rênes de l’État dans des temps orageux. C-o.


ARBACE, capitaine mède, jeta les fondements d’une nouvelle monarchie sur les ruines du tronc d’Assyrie, dont il renversa Sardanapale, devenu odieux et méprisable par sa vie efféminée. Ce fut, selon Ctésias, la seule cause de sa chute. Il se faisait garder par des troupes qui venaient alternativement de chacun des pays de sa domination. Arbace vint à son tour à Ninive, avec les Mèdes. C’était un capitaine d’une grande réputation. Il avait le cœur élevé, des mœurs sévères, et il fut indigné des excès honteux du monarque. Il se lia avec Bélésis, chef des troupes de Babylone, homme ruse et ambitieux, versé dans l’astrologie, et le premier de ce célèbre collège de prêtres babyloniens qu’on appelait Chaldéens. Bélésis excite Arbace à la révolte, et lui annonce qu’il a vu dans les astres des signes certains de sa grandeur future. Arbace promit à Bélésis, en cas de succès, le gouvernement de Babylone, et ils entraînèrent dans leur parti les principaux officiers de l’armée. Arbace retourna en Médie pour faire soulever ses compatriotes, tandis que Bélésis excitait les Babyloniens à la révolte. On fit entrer dans le complot les commandants des troupes qui devaient servir l’année suivante dans l’armée de Ninive. Enfin les soldats marchent de toutes parts, et se réunissent sous la conduite d’Arbace. Sardanapale sortit enfin de sa léthargie, et se mit à la tête des troupes qui lui étaient restées fidèles. (Voy. Sardanapale.) Il marcha au-devant d’Arbace, le délit successivement dans trois batailles, et chaque fois l’obligea à se réfugier dans les montagnes de la Médie, jusqu’à ce qu’Arbace eût réussi à ranger sous ses drapeaux une armée de Bactriens, qui venaient au secours de Sardanapale. Avec ce renfort. il reprit l’offensive, surprit de nuit le camp assyrien, contraignit le roi de se renfermer dans sa capitale, et remporta, peu de temps après, deux victoires, sous les murs de Ninive, dont il forma le siége. Il fit peu de progrès pendant deux ans ; mais un débordement du Tigre ayant renversé une partie des murailles ; il ne rencontra plus d’obstacles pour entrer dans Ninive. Selon les uns, Sardanapale mit lui-même le feu à son palais, et périt dans les flammes ; selon d’autres, il sortit secrètement de Ninive, et parvint à s’échapper. Arbace fut revêtu du manteau impérial, et tout se soumit a lui. Il sut conserver, au milieu de ses victoires, une grande modération. Cette révolution donna naissance à plusieurs royaumes, dont Arbace composa un empire fédératif, et dont il fut le premier souverain. La royauté, quoique héréditaire, ne fut plus absolue, le monarque n’ayant pas le droit de changer les lois consenties par les princes confédérés. Il régna 28 ans, et eut Mandocès, son fils, pour successeur. La confédération qu’il avait établie ne subsistait plus un siècle après sa mort, les rois de Ninive ayant recouvré leur pouvoir sur les quatre grandes monarchies asiatiques. Les chronologistes ne sont pas d’accord sur l’époque de la révolte d’Arbace ; ils la placent généralement vers l’archontat d’Ariphron, 9e archonte perpétuel d’Athènes ; mais ils ne s’accordent pas davantage sur l’époque précise de cet archontat, que les uns font remonter en 917, d’autres en 898 avant J.-C. B-p.


ARBAUD (FFrançois), sieur de Porchères, né à St-Maximin en Provence, fut un des premiers membres de l’Académie française. Il n’aurait guère mérité cet honneur, si le sonnet ridicule qu’on lui a attribué, sur les yeux de Gabrielle d’Estrées, était effectivement de lui ; mais il est prouvé que ce sonnet est de Laugier de Porchères, qui fut récompensé de cette misérable pièce par une pension de 1400 liv. François Arbaud avait appris de Malherbe à faire des vers, et il en a composé quelques-uns, dans la manière de son maître, que peut-être celui-ci n’eût pas désavoués. Fatigué de la vie des cours, il se retira en Bourgogne, où il se maria. Il mourut peu de temps après, en 1640. On a de lui : 1° Ode à Louis XIII ; 2° Paraphrase des psaumes graduels, et Poésies sur divers sujets, Paris, 1633, in-8o. Il avait composé un poème de la Madeleine, qui est perdu. On doit le regretter, si l’épigramme suivante de Racan n’est pas trop flatteuse :

Cette sainte dont tes veilles
Mettent la gloire en si haut lieu,
Fait voir deux sortes de merveilles,
Les tiennes et celles de Dieu.
Il est vrai que je porte envie
À tes beaux vers comme à sa vie ;
Mais, quoi que je veuille tenter,
Ma faiblesse y fait résistance :
Je ne puis non plus imiter
Tes écrits que sa pénitence.

Jean Arbaud, son frère, gentilhomme de la chambre du roi, a aussi publié plusieurs sonnets dans des recueils, et une Traduction de quelques psaumes, Grenoble, 1651, et Marseille, 1684. W-s.


ARBELLES (André d’). Voyez André.


ARBETION, général des armées romaines sous le règne de Constance, servit d’abord dans les grades les plus obscurs, et s’éleva rapidement, par beaucoup d’intrigues et par quelques talents. En 655, Constance l’envoya contre les Allemands révoltés ; Arbetion, d’abord vaincu, obtint ensuite des succès. Jaloux de la réputation de Sylvain, autre général romain, il feignit longtemps de l’appuyer, et lui fit donner le commandement de l’armée des Gaules, croyant, par là, le conduire à l’ignominie, dans une guerre difficile ; Sylvain, au contraire, triompha de tous les obstacles. Arbétion, furieux, multiplia tellement ses artifices, entoura son rival de tant de piégés, qu’il le força à une révolte, à la suite de laquelle cet officier, plus malheureux que coupable, fut massacré. Ce ne fut point la seule victime qu’Arbétion immola à son ambition ; aidé de Rufin, préfet du prétoire, et de l’eunuque Eusèbe, en 357, il multiplia les délations, pour plaire à Constance, et pour s’enrichir des dépouilles des condamnés ; mais lui-même fut accusé d’aspirer à l’empire : ses amis prévinrent sa ruine, et assoupirent cette affaire. L’empereur lui rendit sa confiance, et, en 360, le chargea des informations dirigées sur la conduite d’Ursicin, à l’occasion de la prise d’Amide. Arbétion