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d’Elbe. Ce fut là qu’il se retira, au mois de février 1399, emportant avec lui les malédictions de ses concitoyens. Ses descendants sont demeurés pendant deux siècles princes de Piombino, après quoi cette souveraineté a été réunie à la couronne de Naples. S-S-i.


APPIANO, prince de Piombino, après que Gérard d’Appiano (voy. l’article précédent) eut échangé, en 1398, la seigneurie de Pise contre la principauté de Piombino. Il évita de se mêler dans les guerres de ses voisins ; son mariage avec Paula Colonna, sœur du pape Martin V, assura la protection de ce pontife à sa famille. Lui-même était mort avant l’élévation de son beau-frère au pontificat ; mais, en mourant, il avait déclaré la république florentine tutrice de son fils Jacques II d’Appiano. Les Florentins exercèrent fidèlement cette tutelle ; ils protégèrent, pendant tout le 15e siècle, les différents princes de la maison d’Appiano, et ceux-ci s’engagèrent souvent au service de la république, comme condottieri. Lorsque Cosme Ier de Médicis parvint, en 1537, à la dignité de duc de Florence, il ne fut point satisfait du pouvoir souverain qu’il avait usurpé dans sa patrie ; il voulait soumettre toute la Toscane, et la petite principauté de Piombino excitait sa cupidité, à cause des riches mines de fer de l’île d’Elbe, qui en fait partie ; mais Jacques V d’Appiano, qui régna jusqu’en 1545, s’était mis sous la protection, de Charles-Quint ; dépouillé plusieurs fois de ses États par Médicis, sous différents prétextes, il fut autant de fois rétabli par l’Empereur dans sa souveraineté. Le duc de Florence, renonçant a conquérir la principauté de Piombino, chercha dès lors à s’assurer l’alliance de ce petit État. Jacques VI d’Appianno qui, en 1545, succéda à son père, demeura, pendant tout son règne, dans la dépendance absolue des Médicis. Il avait laissé conquérir aux corsaires de Barbarie les deux îles de Pianosa et de Monte-Christo, qui faisaient partie de sa principauté, et il était sur le point de vendre l’île d’Elbe au grand-duc François, lorsqu’il mourut, le 15 mai 1585. Avec lui finit la ligne légitime des Appiani ; mais il avait laissé deux fils naturels, dont l’aîné, Alexandre, avait été légitimé par l’Empereur. En succédant à la principauté de Piombino, Alexandre fut obligé de recevoir une garnison espagnole. Sa femme, Isabelle de Mendoça, de concert avec le commandant espagnol qu’elle aimait, et avec les habitants de Piombino, mécontents de leur prince, fit assassiner Alexandre d’Appiano, le 28 septembre 1589. La maison d’Appiano étant ainsi éteinte, la principauté de Piombino demeura longtemps en séquestre entre les mains des Espagnols, malgré les instances des grands-ducs de Toscane, qui voulaient l’acquérir à tout prix. Le conseil aulique adjugea, vers l’année 1619, ce fief de l’Empire à la maison de Mendoça, comme plus proche héritière des Appiani. Les Ludovici l’achetérent ensuite, et le réunirent à la principauté de Venosa ; enfin les Buoncompagni, dues de Sora, en ont hérité, et l’ont possédé jusqu’à nos jours. S-S-i.


APPIEN, historien grec, né à Alexandrie vécut sous les empereurs Trajan, Adrien et Antonin. Il vint de bonne heure s’établir à Rome, où il se distingua dans la profession d’avocat, et fut nommé procurator, ou surintendant des affaires domestiques des empereurs ; quelques biographes ajoutent qu’il fut envoyé en Égypte comme gouverneur de cette province. Appien, dans son histoire, parle de la destruction de Jérusalem par Adrien comme d’un événement contemporain, et il dit, dans sa préface, que la puissance romaine avait duré 900 ans : ce qui prouve qu’il écrivait vers la 11e année du règne d’Antonin. Son histoire, qui était divisée en 24 livres ; n’était point asservie à l’ordre chronologique, mais à l’ordre des nations et des pays dont parle l’historien. Il raconte sans interruption, et séparément, tous les événements qui ont rapport, soit à l’Italie, soit à l’Afrique, ou à d’autres contrées. L’ensemble de son histoire générale se compose ainsi des histoires particulières de plusieurs peuples et de plusieurs provinces. Cette méthode, qui a été quelquefois imitée en partie chez les modernes, et surtout par Gibbon, présente quelques avantages ; mais elle a le grand inconvénient de détourner l’attention du sujet principal. Il est difficile de suivre, dans Appien, les progrès de la grandeur et de la décadence de l’empire dont il a fait l’histoire. Cependant les renseignements qu’il nous donne jettent de grandes lumières sur l’histoire de son temps, et sur la géographie ancienne. C’est par lui que nous savons que l’empire romain était borné à l’est par l’Euphrate le mont Caucase, la grande Arménie et la Colchide et au nord par le Danube, au delà duquel il dit que les Romains possédaient encore la Dacie, aussi bien que plusieurs autres pays au de la du Rhin. Selon le même historien, ils étaient maîtres de la moitié de la Grande-Bretagne ; mais ils négligeaient le reste Ils possédaient plusieurs autres contrées qui leur coûtaient plus qu’ils n’en retiraient, et ils ne les conservaient que comme un poste militaire d’où ils pouvaient marcher à de nouvelles conquêtes : telles étaient les provinces de la grande Arménie. Appien nous apprend encore qu’il vit à Rome plusieurs ambascadeurs de peuples barbares, qui désiraient se soumettre à l’empire, mais qui furent refusés par l’empereur, parce qu’ils étaient pauvres. Quelques érudits ont pensé qu’il fallait lire Appien avec défiance ; mais d’autres, et Photius à leur tête, son tiennent que cet historien est plein de respect pour la vérité, et qu’il montre surtout une glande connaissance des affaires militaires. « En lisant l’histoire d’Appien, ajoute Photius, on croit assister aux batailles qu’il décrit. » On admire surtout les discours qu’il met dans la bouche des personnages, qui, sans avoir l’éloquence de ceux de Tite-Live, Sont remarquables par la force des raisonnements. Quel que soit le jugement qu’on peut porter sur le mérite d’Appien, et sur l’ensemble de son ouvrage, on doit avouer que les 5 livres qui nous restent des guerres civiles sont un des morceaux les plus précieux qui nous soient parvenus de l’antiquité. Si ce morceau était perdu, une foule de détails curieux nous seraient restés inconnus. Appien descend, dans