Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 2.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
110
APO

plaisait à converser. Apollodore porta, dans le commerce des grands, une liberté et une franchise qui lui devinrent funestes. Un jour qu’il s’entretenait avec Trajan sur quelques parties de l’art, Adrien, qui était présent, ayant fait des observations peu fondées, Apollodore lui répondit par une amère raillerie ; Adrien, parvenu à l’empire, et déjà irrité contre l’artiste, le consulta néanmoins sur un temple élevé en l’honneur de Vénus, et qu’on venait de bâtir d’après les plans donnés par ce prince. Apollodore en critiqua les proportions sans ménagement : « Eh quoi ! dit-il, et si la déesse voulait sortir, elle se briserait la tête contre la porte. » l’empereur, blessé profondément, lui supposa bientôt des crimes imaginaires, et le fit mourir, environ 130 ans après J.-C. L-S-e.


APOLLODORE, statuaire et modeleur, vivait dans la 114e olympiade (324 ans avant J.-C.). Il se fit remarquer par le soin et la recherche qu’il mettait dans ses ouvrages ; il poussait le scrupule au point qu’il brisait souvent les meilleurs morceaux sortis de sa main ; ce qui le fit nommer l’insensé. Silanion, autre statuaire, l’avait représenté dans un de ces accès, avec tant de vérité, qu’on croyait voir la colère personnifiée. Pline dit qu’Apollodore, Asclépiodore, Androbole et Alevas, excellaient à représenter les figures des philosophes. L-S-e.


APOLLONIAS. Voyez Appolonis.


APOLLONIDES, de Cos, médecin célèbre, attaché à la cour des rois de Perse, n’est connu que par l’anecdote suivante. Il avait guéri d’une blessure dangereuse Mégabyse, gendre de Xercès : consulté ensuite sur une indisposition grave, par Amytis, sœur de ce monarque, devenue veuve de Mégabyse, il devint amoureux de cette princesse, et lui conseilla le commerce des hommes comme moyen infaillible de guérison. Le désir de sa conservation égara Amytis, elle céda aux instances d’Apollonides ; mais la maladie n’ayant fait qu’empirer, elle tomba dans le marasme, et Apollonides l’abandonna. Soit par désespoir, soit par dépit, elle raconta ce qui s’était passé à Amestris, sa mère, et, en rendant le dernier soupir, la chargea de sa vengeance. Amestris obtint qu’on lui livrât Apollonides, et le fit enterrer vif dans le tombeau d’Amytis, après lui avoir fait souffrir pendant deux mois divers supplices. Plusieurs critiques pensent que ce récit a été imaginé par l’historien Ctésias, qui, médecin lui-même à la cour de Perse, fut, sans doute, jaloux de la considération dont Apollonides avait joui. Ils se fondent sur l’âge que devait avoir alors Amytis, sur le peu de régularité de ses mœurs, qui l’avait mise souvent à même d’apprécier l’influence du remède que lui avait proposé Apollonides, et ils en concluent que vraisemblablement ce médecin fut victime d’un aveugle despotisme, qui vengea sur le médecin l’impuissance de son art. C. et A-n.


APOLLONIDES, de Nicée, grammairien, dédia à l’empereur Tibère un commentaire qu’il avait fait sur les Silles de Timon. — Il y a eu plusieurs Apolllonides, et entre autres, un historien et géographe, qui avait composé un traité de l’ambassade de Démosthène. un recueil d’adages, une description des côtes de l’Europe. L’Anthologie a conservé vingt-quatre de ses épigrammes. C-r.


APOLLONIS, née à Cyzique, dans un rang obscur, eut le bonheur de plaire à Attale, roi de Pergame, qui l’épousa. L’éclat de son nouveau rang ne changea point son caractère. Elle eut quatre fils, Euménes, Attale, Philétère et Athénée, qui vécurent dans une telle union, que lorsque l’aîné fut monté sur le trône, les trois autres lui servirent de gardes. Ils conservèrent pour leur mère un attachement invariable ; et, lorsqu’ils allèrent la voir à Cyzique, où elle s’était retirée après la mort de son mari, ils la placèrent au milieu d’eux, et ayant entrelacé leurs bras autour d’elle, ils la conduisirent ainsi dans les temples, et la promenèrent dans la ville, entourée d’un nombreux cortége. Après sa mort, ils lui érigèrent un temple à Cyzique, sur les colonnes duquel étaient placées dix-neuf tablettes, sculptées en bas relief, qui retraçaient les traits les plus touchants de l’histoire et de la mythologie relatifs à l’amour filial. Au bas de ces tablettes étaient des inscriptions en vers, qui nous ont été conservées dans le manuscrit de l’Anthologie du Vatican, maintenant la bibliothèque royale. Elles ont été publiées par le savant Jacob, dans le 2e volume de l’ouvrage intitulé : Exercitationes criticæ in Sccriptores veteres, Lipsiæ, 1797 in-8° ; et par Chardon de la Rochette, Magasin Encyclopédique, 5e année, t. 6, p. 139 et suivantes. C-r.


APOLLONIUS, un des courtisans d’Antiochus Épiphane, fut envoyé, l’an 173 de J.-C., en Égypte pour féliciter Ptolémée Philométor sur son avènement. La même année, député à Rome, il eut un plein succès dans son ambassade, dont l’objet était de renouveler l’alliance de son maître avec les Romains. Quelques années après, chargé de détruire Jérusalem, il remplit cet ordre avec la plus grande cruauté, massacra les habitants, brûla la ville, et, sur ses débris, éleva une citadelle, où il mit une forte garnison. Deux ans après, Apollonius fut battu et tué par Judas Machabée. (Rollin, Histoire ancienne, t. 4.) N-l.


APOLLONIUS, de Perge en Pamphilie, est l’un des quatre auteurs que nous devons regarder comme les pères de la science des mathématiques, puisque c’est dans leurs écrits que les modernes en ont puisé la connaissance. Ces auteurs sont, dans l’ordre chronologique, Euclide, Archimède, Apollonius et Diophante. (Voy. ses articles et celui de Pappus.) Apollonius vit le jour du temps de Ptolomée Evergéte, roi d’Égypte, dont le règne commença 247 ans avant notre ère. Il étudia longtemps à Alexandrie sous les disciples d’Euclide, et florissait sous Ptolémée Philopator, qui mourut, après seize ans de règne, en 205. On conjecture de là qu’il vécut environ quarante ans après Archimède, qu’il devança peu Géminius Rhodius, et qu’il est bien certainement antérieur à Hipparque. Vitruve (chap. 1er, liv. 1er) le cite avant Archimède. C’est à ce peu de renseignements que se borne tout ce qu’on sait sur l’existence d’Apollonius ; ils ont été rassemblés par Halley dans la préface qu’il a placée à la tête des Sections coni-