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ceptes et aux faits de l’Évangile. 2° Les livres historiques de l’Ancien Testament, jusqu’au règne de Saül, mis en vers héroïques, et divisés en 24 livres, distingués par les 24 lettres de l’alphabet grec. On assure qu’il eut le talent d’y faire passer les tours et les expressions des meilleurs auteurs profanes, imitant parfaitement Ménandre dans le genre comique, Pindare dans le genre lyrique, etc. 3° Les quatre Évangiles en forme de dialogues, dans le goût de ceux de Platon. 4° Une tragédie sur la passion de Jésus-Christ, qui se trouve dans les œuvres de St. Grégoire de Nazianze. 5° Un traité sur les différents âges des hommes, Liége, 1577. On n’est pas sûr que ces deux derniers ouvrages soient de lui. 6° Livres contre Julien, au nombre de 30. 7° Une paraphrase des Psaumes, en vers hexamètres, dont il y a eu plusieurs éditions ; elle est aussi dans la Bibliothèque des Pères. Il serait fort difficile de savoir au juste lesquels de ces ouvrages appartenaient au père ou au fils ; il parait seulement que la plupart ont été faits en commun. T-d.


APOLLINAIRE le Jeune, fils du précédent, fut, comme lui, professeur de belles-lettres à Laodicée. Il embrassa l’état ecclésiastique, servit l’église de cette ville en qualité de lecteur, et finit par en être élu évêque. Apollinaire avait été un des plus zélés défenseurs de la consubstantialité du verbe, contre les ariens ; mais, en méditant sur les passages de l’Écriture qui donnent à Jésus-Christ tous les attributs de la Divinité, il jugea qu’une âme humaine lui était inutile, qu’il n’en avait point pris une, ou du moins, que l’âme humaine a laquelle le verbe s’était uni n’était qu’une âme sensitive, dénuée d’intelligence ; que le verbe divin présidait à toutes ses actions, et faisait toutes les fonctions de l’âme. Cette opinion avait son fondement dans les principes de la philosophie pythagoricienne, qui suppose dans l’homme une âme raisonnable, intelligente, capable d’éprouver l’agitation des passions, et une âme purement sensitive, incapable d’intelligence. On attribue à Apollinaire d’avoir enseigné que l’âme humaine n’avait point participé au bienfait de la rédemption ; que le corps de Jésus-Christ, descendu du ciel, n’était point né de la Vierge Marie ; qu’il était impassible, et n’avait souffert qu’en apparence. Le savant King prétend, dans son Histoire critique du Symbole, que ces dernières erreurs et plusieurs autres, qu’on met sur le compte de cet hérésiarque, n’étaient que des conséquences qu’on tirait de son erreur fondamentale sur la nature de Jésus-Christ, et qu’il ne les avait jamais professées. Il faut avouer qu’elles en étaient des conséquences bien immédiates. Ses disciples ajoutèrent à ses impiétés beaucoup d’autres rêveries, prises des manichéens, sur la nature du péché ; de Tertullien, sur l’origine de l’âme ; de Sabellius, sur la confusion des personnes divines. Les erreurs d’Apollinaire furent condamnées, en 362, d’abord par St. Athanase, son ancien ami, dans le concile d’Alexandrie, où l’on épargna sa personne, qui n’y fut pas même nommée, en considération des services qu’il avait précédemment rendus à l’Église, et dans l’espoir de le ramener à la vraie foi. Ce procédé n’ayant pu le faire revenir, les conciles de Rome en 377, et d’Antioche l’année d’après, l’anathématisérent, et il fut définitivement condamné dans le second concile œcuménique, en 381. Il mourut vers cette époque, en persistant dans son hérésie. Après lui, sa secte se divisa en plusieurs branches, qui finirent par aller se fondre dans l’entychianisme. Whiston, dans le dernier siècle, a renouvelé son erreur principale. Apollinaire était regardé comme un des premiers hommes de son temps, pour les talents, l’érudition et la piété. Vincent de Lérins, Eusébe, et d’autres anciens auteurs, disent que, dans une foule d’ouvrages, il avait confondu les hérésies, et réfuté victorieusement les calomnies de Porphyre contre les chrétiens. Ils reconnaissent qu’il eût été une des principales colonnes de l’Église, s’il ne se fut précipité dans l’hérésie. Il avait, dit-on, fait une version de la Bible, sur l’hébreu, qui fut rejetée par les juifs, comme n’étant pas conforme au texte original, et par les chrétiens, comme s’éloignant trop de celle des Septante. T-d.


APOLLINAIRE (C. SSulpicius), grammairien, qui naquit, dit-on, à Carthage, et vivait sous les Antonins. Il eut pour élève Helvius Pertinax, qui, après l’avoir remplacé dans sa profession, devint empereur. On le croit auteur des sommaires en vers placés au-devant des comédies de Térence. On a les six vers qu’il composa sur l’ordre que Virgile avait donné de brûler l’Énéide :

infelix alio cecidit prope Pergamon igne,
Et pene est alio Troja cremata rogo, etc.

Ces vers ne sont que spirituels, au lieu que ceux qui furent composés par Auguste, sur le même sujet, sont remplis de sentiment. Aulu-Gelle, qui étudia sous Apollinaire, donne la plus haute idée de son savoir ; mais il y ajoute un autre éloge préférable à celui-ci : il dit qu’il n’avait rien de cette morgue pédantesque, de cet air magistral, qui rendent quelquefois l’érudition repoussante. C’est surtout dans le chapitre 4 du 18e livre de ses Noctes Atticæ, qu’Aulu-Gelle a parlé avec étendue d’Apollinaire, et a donné, par des anecdotes, la meilleure idée de son esprit. D-t.


APOLLINAIRE (Sidoine). Voyez Sidoine.


APOLLODORE, né à Cassandrée, anciennement Potidée, ville qui était alors soumise aux rois de Macédoine. Eurydice, fille d’Antipater, ayant rendu la liberté aux Cassandréens, après la mort de Ptolémée Céraunus, vers l’an 278 avant J.-C., Apollodore se montra le plus zélé partisan de la liberté, et obtint par ce moyen la faveur du peuple. Lorsqu’il se crut en état de tout oser, il fit une tentative pour s’emparer de l’autorité, et échoua, ce qui le fit accuser devant les juges ; mais ils furent attendris par ses larmes et celles de sa femme et de ses filles. Cette disgrâce ne le rebuta point, et il recommença bientôt après ; mais, pour s’assurer de la fidélité de ses conjurés, il les invita à un repas où il leur fit servir, sans qu’ils le sussent, les entrailles d’un jeune homme qu’il avait égorgé, et leur en fit boire le sang mêlé dans du vin rouge ; ensuite il leur montra le corps de la victime, et, les ayant ainsi associés à