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Il mourut à Tubingen, où il avait été forcé de se retirer après avoir embrassé la religion réformée. Tycho nous a conservé dans ses Progymnasmes la lettre qu’il écrivit de Tubingen au landgrave de Hesse-Cassel, sur l’étoile nouvelle de Cassiopée, en 1572. D-L-e.


APICATA. Voyez Séjan.


APICIUS. Il y eut trois Romains de ce nom, devenus fameux, non par leur génie, leurs vertus ou leurs grandes qualités, mais par leur gloutonnerie et leurs connaissances dans l’art gastronomique. Le premier vivait sous Sylla, le second sous Auguste et Tibère, et le troisième sous Trajan. C’est le second qui est le plus célèbre, et c’est de lui que Sénèque, Pline, Juvénal et Martial ont tant parlé. Athénée dit qu’il dépensa, pour satisfaire sa gourmandise, des sommes immenses, et inventa plusieurs espèces de gâteaux qui portèrent son nom. Sénèque, dont il était contemporain, nous apprend qu’il tenait une espèce d’école de bonne chère, et avait dépensé de cette sorte 2 millions et demi. Il ajoute qu’Apicius, de plus en plus endetté, fut obligé d’examiner enfin l’état de ses affaires, et que, voyant qu’il ne lui restait plus que 250,000 livres, il s’empoisonna, dans la crainte qu’une pareille somme ne lui suffit pas pour vivre. Dion atteste le même fait. Il ajoute une particularité rapportée aussi par Tacite, et qui est également honteuse pour Apicius et pour la jeunesse de Séjan. Pline parle souvent des ragoûts qu’Apicius inventa, et l’appelle nepotum omnium altissimus gurges. Le troisième Apicius vivait sous Trajan, inventeur d’un secret pour conserver les huîtres, il en fit parvenir de très-fraîches à l’empereur, alors occupé a combattre les Parthes. Le nom des Apicius ne fut pas seulement donné à des gâteaux, il s’étendit à plusieurs espèces de sauces. Ils firent secte parmi les cuisiniers. Athénée dit que l’un d’eux fit le voyage d’Afrique, parce qu’on lui dit qu’on y trouvait des espèces de sauterelles d’eau beaucoup plus grosses que celles qu’il mangeait à Minturne. On croit que ces sauterelles n’étaient autre chose que des écrevisses. Il existe, sous le nom de Cælius Apicius, un traité de Re culinaria, imprimé pour la première fois à Milan, 1498, in-4o. Les critiques regardent cet ouvrage comme fort ancien, mais ils ne croient pas qu’il ait été écrit par aucun des trois Apicius dont on vient de parler. Martin Lister en a donné une belle édition, sous le titre de Obsoniis et Condimentis, sive de Arte coquinaria, Londres, in-8o, 1705, tiré à cent vingt exemplaires, et Amsterdam, 1709, in-12. Bernhold en a donné une nouvelle édition, Lubeck, 1791, in-8o. De nos jours, l’art des Apicius a trouvé des panégyristes, qui en ont tracé sérieusement la leçons. Plus spirituel et plus heureux un de nos plus aimables poètes, Berchoux, a gaiement traité ce sujet dans son poëme de la Gastronomie. D-t.


APINUS (Jean-Louis), médecin, né en 1668, à Holenloë, en Franconie. Son goût pour les sciences le fit triompher de tous les obstacles, et surtout de son indigence. Afin de pouvoir se livrer à la médecine, qu’il chérissait par inclination, il fit des répétitions à de jeunes élèves, et remplit les fonctions de correcteur dans une imprimerie ; il trouva ainsi les moyens de séjourner à Altorf, et de s’y faire recevoir docteur, en 1691. Il alla ensuite exercer sa profession à Hersbruck, et revint, en 1702, occuper la chaire de physiologie et de chirurgie, dans l’université d’Altorf. Plusieurs sociétés savantes se l’agrégèrent. Une mort prématurée l’enleva un an après, le 28 octobre 1703. Il a, par ses observations, enrichi les éphémérides de l’académie Léopoldine, où il était entré sous le nom de Nonus. On a de lui : 1o  Febris epidemicæ anna 1694, 1695, in Noricæ ditionis oppido Herspruccemi grassari deprehensæ historia Relatio, Norimbergæ, 1697, in-8o ; 2o  Fasciculus Dissertationum academicarum, Altorfii, 1718, in-8o. Cet ouvrage dut le jour aux soins du fils d’Apinus. Il a laissé en manuscrit : Collectanea de febribus et Observationes medico-chimicæ. C. et A-n.


APINUS (Sigismond-Jacques), philologue distingué, fils du précédent, né à Hersbruck, près de Nuremberg, en 1693, mort en 1732, recteur de l’école de St-Gilles, à Brunswick. Ses ouvrages les plus estimés sont : Dissertationes de Intellectu puro ; de Regula Lesbia, Altdorf, 1715, in-4“ ; de variis discendi Methodis memoriæ causa inventis ; Observationes de Loricis linteis veterum, ibid., 1719, in-4o ; Vitæ Professirum philosophiæ Altorfinorum, Nuremberg, 1728, in-4o ; Meditationes epist., de incremento physices per medicos facto, 1720, in-fol. (Voy. le Dictionn. des Savants de Nuremberg, par Will, et l’Onomasticon de Sax, t. 6, p. 306.) S-r.


APION, grammairien, natif d’Oasis, en Égypte, vint s’établir à Alexandrie, où il se fit recevoir citoyen. On lui donna le surnom de Plistonices, parce qu’il avait vaincu plusieurs fois ses antagonistes. Il avait quelque érudition, mais beaucoup plus de jactance, et c’est sans doute pour cela que l’empereur Tibère le nomma Cymbalum mundi. Apion se vantait de donner l’immortalité à ceux dont il parlait dans ses ouvrages, qui cependant ne sont pas parvenus jusqu’à nous ; il soutenait, entre autres mensonges, qu’il avait évoqué l’âme d’Homère, pour savoir de quelle ville il était. Le seul des ouvrages d’Apion qui soit cité par les anciens est une histoire d’Égypte, qui contenait le détail de toutes les curiosités et antiquités de ce pays. Eusèbe et Tatien en rapportent quelques passages tirés du 5e livre, qui, vraisemblablement, était le dernier. Apion déchirait les Juifs que les Alexandrins haïssaient mortellement ; il composa encore un ouvrage entièrement dirigé contre eux, et qui était rempli de calomnies ridicules réfutées par Josèphe dans sa Réponse à Apion. C’est par cette animosité contre les Juifs qu’Apion mérita d’être mis à la tête de l’ambassade que les habitants d’Alexandrie envoyèrent à Caligula, pour se plaindre des Juifs qui habitaient leur ville. Après s’être moqué de la circoncision, il fut contraint, dans une maladie, de s’y soumettre ; mais, par une punition divine, dit Josèphe, il mourut peu de temps après. des suites de opération. C-r.


APOCAUQUE était protovestiaire de l’empire d’Orient, en 1341, époque de la mort d’Andronic le