dénûment et d’insubordination de cette armée, demanda
son changement. Il fit une tentative inutile
contre Céret, le 26 novembre, et partit le lendemain
pour la Vendée. D’Aoust reprit encore le
commandement provisoire jusqu’à l’arrivée de Doppet,
qui vint, le 30, remplacer Turreau. Les mutations
de généraux étaient alors si fréquentes, les rapports
officiels si rares et si difficiles à faire, et les relations
lues à la convention et insérées dans les
journaux si mensongères, qu’on ne sait pas précisément
si ce fut comme subordonné à Doppet, ou comme
chargé pendant sa maladie du commandement en
chef par intérim pour la quatrième ou cinquième
fois, que d’Aoust fut attaqué, le 20 décembre, dans
toutes les positions qui défendaient les places maritimes
du Roussillon, du côté de la Catalogne, et qu’il
essuya une déroute dans laquelle Fabre de l’Hérault
fut tué, et qui fut suivie de la défection du commandant
du fort St-Elme. La convention rendit
d’Aoust responsable de cette inconstance de la fortune,
ainsi qu’il advint à presque tous les généraux
de cette époque qui eurent le même malheur. Accusé
de trahison, et, ce qui était plus vrai, d’incapacité, il
fut traduit au tribunal révolutionnaire de Paris, condamné
à mort et exécuté le 2 juillet 1794[1]. M—d j.
APACZAI, APATZAI TSERE (Jean), savant
remarquable du 17e siècle, né en Transylvanie,
dans le village d’Apatza, fut envoyé, aux frais du
gouvernement de son pays, à Utrecht, où il s’appliqua
aux langues orientales, à la théologie, à la philosophie,
avec tant de succès, qu’on lui offrit une
chaire de professeur ; mais il la refusa pour s’acquitter
envers sa patrie, où il retourna vers l’année
1653. Il fut placé au collége de Weissenbourg, pour
y enseigner la géographie, la physique et l’astronomie.
S’étant déclaré pour la philosophie de Descartes,
et pour plusieurs opinions des presbytériens,
il se fit un grand nombre d’ennemis, et fut condamné
à être précipité du haut d’une tour. Un protecteur
puissant lui sauva la vie, et on se contenta
de le bannir. Il se rendit alors à Clausenbourg, obtint
une place au collége de cette ville, et gagna la
faveur de Jean Bethlem. Cependant il se forma
contre lui un nouvel orage, qui allait éclater, lorsqu’il
mourut, en 1659. On a de lui : 1o Dissertatio continens introductionem ad philosophiam sacram,
avec des lettres à Leusden, Glandorps Gelder,
Utrecht, 1650 ; 2o Magyar Encyclopediat, etc. (Encyclopédie
en hongrois), Utrecht, 1653 ; 3o Magyar logica (Logique en hongrois), Weissenbourg, 1656 ;
4o Oratio de studio sapientiæ, etc., Utrecht, 1655 ;
5o Dissertatio de politia ecclesiastica, Clausenbourg,
1658, et quelques discours non imprimés. C—au.
APAFFI. Voyez Abaffi.
APAMÉ, fille d’Artabaze, satrape de la Bactriane,
épousa Séleucus, l’un des généraux d’Alexandre,
et donna son nom à trois villes, dont la
plus célèbre fut Apamé en Syrie. — Une autre
Apamé, fille d’Antiochus Soter et de Stratonice, fut
mariée à Magas, roi de Cyrène. Le savant Visconti
croit qu’elle est la même que l’Arsinoé dont parle
Justin ; mais j’ai quelques doutes à cet égard. (Voy.
Arsioné II et Bérénice. C—r.
APCHON (Clément-Marc-Antoine d’), né à
Montbrison, quitta le parti des armes pour l’Église,
devint évêque de Dijon, archevêque d’Auch, consacra
sa vie entière aux vertus utiles, exposa ses jours
dans un incendie pour sauver deux enfants, et mourut
à Paris, en 1783, à 60 ans. On a de ce prélat des
Instructions pastorales pleines d’onction. N—l.
APEL (Jean), en latin Apellus, jurisconsulte
contemporain de Luther, et un des professeurs de
l’université de Wittemberg qui coopérèrent a la réformation.
Il naquit à Nuremberg, en 1486 ; son
père était citoyen de cette ville. Quoique chanoine du
chapitre de Wurzbourg, il épousa une religieuse, fut
arrêté par les ordres de l’évêque, et n’obtint sa liberté
que par la protection d’un régiment impérial qui
était en garnison à Nuremberg, et après avoir donné
sa démission de tous ses emplois. J. Apel mourut
à Nuremberg, avec les titres de jurisconsulte
de cette république et de conseiller de l’électeur
de Brandebourg. On a de lui : 1o l’apologie de
son mariage, adressée au prince évêque de Wurtzbourg,
dont il était un des conseillers : Defensio Jo. Apelli pro suo conjugio, cum præf. Lutheri ad Jo. Crojum, Wittemberg, 1523, in-4o ; 2o Methodica dialectices Ratio, ad jurisprudentiam accommodata,
Nurimberg, 1535, in-4o. C’est un traité du droit romain,
ou plutôt une logique appliquée à l’étude du
droit, dégagée de cette manie de l’allégorie qui infestait
alors les écoles. Nic. Reusner l’a fait réimprimer
dans sa Cynosura. 3o Brachylogus juris civilis, sive corpus legum, abrégé de droit qu’on a longtemps
cru être une production du 6e siècle, et qu’on a
même attribué à l’empereur Justinien. (Voy. le
Dictionnaire des savants de Nuremberg, par Will,
et les Suppl. de M. Frehrmann au Nouveau Dict. historico-biogr. de Grohmann, t. 8, p. 155.) S—r.
APEL (Jean-Auguste), légiste allemand qui s’est plus occupé des belles-lettres que de la jurisprudence, était né à Leipsick en 1771, d’une famille patricienne. Son père, bourgmestre de la ville, soigna son éducation, et voulut qu’il étudiât la jurisprudence, parce qu’il le destinait à la carrière des emplois publics, dans laquelle sa famille s’était dès longtemps distinguée. Le jeune homme, après avoir terminé ses études à Leipsick, alla suivre les cours de la faculté de droit de Wittemberg. En 1791, il y soutint une thèse de Discrimine inter delicta atrocia et levia statuendo (imprimée la même année à Leipsick, in-4o) ; et en 1795 sur une nouvelle thèse : Quædam de origine rusticorum dotalium eorumque inprimis in Saxonia conditione, il reçut les titres de docteur en droit, etc. Cette dissertation inaugurale est fort médiocre, et témoigne de son peu d’aptitude et d’application à l’étude de la jurisprudence. Cepen-
- ↑ Dans un Précis de l’histoire d’Espagne par M. de Boissy, continuée par M. de Barrins, on n’a fait qu’un seul et même personnage du général d’Aoust et du maréchal Davoust, et l’on y a exagéré quelques avantages obtenus par le premier, afin d’en faire un motif de louanges pour le second. Nos Précis, nos Résumés, nos Beautés de diverses histoires fourmillent de bévues de la même espèce. A—t.