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BIOGRAPHIE UNIVERSELLE
D

DAABOUL-KOSAI. Voyez Dieu.,


DABCHÉLYM, ancien roi des Indes, contemporain d’Houchenk, roi de Perse, doit moins sa célébrité aux vertus qu’il pratiquait qu’au livre célèbre écrit sous son règne; ce sont les fables du philosophe Bydpaï ou Pilpay. Celui-ci était vizir de Dabchélym et composa ses apologues dans l’intention d’instruire le monarque, en prêtant aux animaux les passions et les actions des hommes. La postérité a associé les noms du ministre et du prince. Lorsque le célèbre Mahmoud Sébektéguy eut conquis les Indes, il voulut placer sur. le trône un homme de la famille de Dabchélym, et orna de la couronne la tête d’un dervich qui vivait en odeur de sainteté dans un coin de la province et dont la descendance était reconnue. Mais Dabchélym, c’était le nom du dervich, avait les vertus d’un anachorète sans y joindre les qualités d’un monarque guerrier. Un de ses parents marcha contre lui et le battit. Mahmoud vint à son secours, prit le rebelle et le lui envoya. Dabchélym ne jouit point du fruit de cette victoire. Un jour qu’il était accablé par le sommeil, il s’endormit sous un arbre, après s’être enveloppé la tête d’un mouchoir rouge. Un oiseau de proie, trompé par cette couleur, fondit sur lui, croyant fondre sur un morceau de chair, et lui creva les yeux. L’Indien superstitieux ne vit dans cet événement que la volonté divine qui ne jugeait point Dabchélym digne du trône. Ses sujets le déposèrent donc et donnèrent le sceptre au rebelle que Mahmoud venait de vaincre. J—N.


DABELOW (Christophe-Chrétien, baron de), jurisconsulte allemand, né le 19 juillet 1768 dans le duché de Méklembourg-Schwerin où son père était conseiller de justice à Neu-Büchow (près de Schwerin), reçut sa première éducation d’un instituteur particulier dans la maison paternelle, alla ensuite au gymnase de Rostock, enfin se rendit à l’université d’Iéna où il termina ses études par celle du droit. Il plaidait déjà depuis deux ou trois ans lorsqu’en 1789 il se fit recevoir docteur, et quelque temps après autoriser à tenir chez lui des cours particuliers. Les lectures qu’il fit ainsi dans la ville universitaire de Halle furent couronnées par un grand succès. Aussi fut-il nommé, en 1791, professeur extraordinaire et deux ans plus tard eut-il le titulariat. La vie scientifique de Dabelow était alors des plus actives: il publiait en quelque sorte coup sur coup un grand nombre de mémoires ou de traités relatifs au droit, et il recueillait des matériaux pour un ouvrage vraiment herculéen, un grand commentaire sur le Corpus juris romani. La suspension dont l’université de Halle fut frappée par Napoléon, après la bataille d’Iéna, n’interrompit pas ses travaux. Profitant des vacances imposées par l’épée du conquérant, pour visiter les grands centres scientifiques dans lesquels il espérait acquérir des connaissances nouvelles, il parcourut successivement Dresde, Prague, Vienne, l’Italie et la France. De retour en Allemagne, il ne fit que paraître un moment dans sa chaire, ne voulant point être compris parmi des salariés du roi Jérôme. Cette antipathie pour la domination française, tant qu’elle comprimait la nationalité allemande, ne l’empêchait point d’étudier les lois de la France. À cette époque précisément il travaillait sur les codes Napoléon et de procédure civile, comme naguère il avait travaillé sur le droit romain. C’est ainsi qu’il atteignit 1811, tantôt faisant des lectures en forme de cours publics à Leipzig, où l’espérance d’avoir une chaire particulière l’avait fait venir, tantôt publiant de nouveaux écrits. Il passa ensuite deux ans au service du duc d’Anhalt-Kœthen qui lui donna le titre de baron, celui de conseiller intime, et l’employa dans ses négociations avec le duc de Hesse-Darmstadt. Mais le duc de Kœthen mourut, et Dabelow eut la franchise de déclarer au duc de Dessau, qui prit l’administration du pays de Kœthen, que la plupart des personnes au service du défunt étaient des rouages inutiles, et eut la conscience de se mettre lui-même en première ligne dans la foule des fonctionnaires à congédier. Il se rendit alors dans les villes de Heidelberg et de Gœttingue pour en exploiter les richesses bibliographiques, et de là dans celle de Halle qui n’appartenait plus à l’éphémère royaume de Westphalie, mais ou sa chaire resta, comme sous la domination de Jérôme, remplie par un autre. Soit qu’il espérât la recouvrer un jour, soit qu’il trouvât des ressources dans la multitude des élèves qui fréquentaient cette université, il demeura dans Halle comme professeur particulier; et l’on put croire qu’il voulait s’y fixer lorsqu’on le vit rejeter les offres des deux universités de Ros-