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DES à la chambre des communes, et qu’elles essayèrent de fléchir par leurs larmes le nouveau souverain, George Ier. La chambre haute du parlement elle-même ne put obtenir que l’exécution fût différée. Iverwentwater, conduit le premier au supplice, le 6 mars ’1716, sur Pesplanade de la tour, fit monter sur l’échafaud son fils encore enfant, et lui dit : Sois couvert de mon sang, et apprends à mourir pour ton roi. » Il manifesta ensuite hautement son attachement à la religion catholique et à la cause de Jacques III. Le comte de Kenmare ne montra pas moins de fermeté ; le shérif lui ayant demandé s’il ne voulait pas faire de discours, il répondit : Je ne suis pas venu ici pour haranguer, mais pour mourir. » Le comte de Nithsdale échappa au supplice par l’adresse de sa femme, qui, étant entrée dans sa prison, échangea ses habits avec lui, et lui donna ainsi le moyen de se sauver. cx Le comte de Derwentwater était, dit Smoln let, un jeune homme doué des plus belles qualités. Sa funeste destinée tira des larmes de tous les spectateurs, et fut très-préjudiciable au pays où il vivait, attendu qu’il y faisait subsister par a ses bienfaits une foule de malheureux. » M—n j.

DESAGULIERS (JEAN·THÉOPHlLE), célèbre physicien, naquit à Lalîochelle en 1683. Son père, ministre protestant du seigneur d’Aitr-é, ayant été obligé de se retirer en Angleterre par suite de la révocation de l’édit de Nantes, y fut chargé de l’éducation de la jeunesse dans l’école d’lslington, pres de Londres. Cette circonstance favorisa le désir qu’il avait d’instr-uire lui-même un fils doué des plus heureuses dispositions. Il lui apprit les langues grecque et latine, et il eut bientôt la satisfaction de se voir aider dans ses fonctions par un enfant qui avait à peine seize ans. Le jeune Desaguliers ayant perdu son père quitta l’école d’lslington, et alla étudier en philosophie dans l’université d’Oxford. Keill y donnait alors des leçons de physique expérimentale. Desaguliers devint son disciple, et se livra avec tant d’ardeur à l’étude de cette science qu’il mérita de remplacer son maître lorsqu’il quitta Oxford en 1110. On le chargea d’ouvr-ir, au collège de Hart-Hall, un cours de physique, qu’il continua pendant trois ans. Newton fut l’oracle qu’il consulta pour ses leçons. Sa réputation croissante porta son nom à Londres, où l’on désira lui voir répéter ses expériences. Il s’y rendit, moins pour répondre à l’empressement du public, que our acquérir de nouvelles connaissances, et dans ll vue de se consacrer à l’état ecclésiastique. Il entra dans les ord1·es, prêcha à Hamptoncourt en t716 devant le roi, et fut ordonné prêtre en 1717. Il obtint ensuite deux cures, et fut chapelain du duc de Chandos, puis du prince de Galles. La société royale de Londres lui avait ouvert ses portes en le dispensant de payer son entrée, de signer les obligations ordinaires, et de fournir aux contributions hebdomadaires. Newton, qui jouissait déjà d’une grande réputation, reconnut ses talents, et le chargea de répéter quelques-unes de ces expériences

DES 45t capitales sur lesquelles reposait sa nouvelle doctrine. Desaguliers n’épargna rien pour justifier une si honorable marque de contlance. Il inventa et construisit de nouveaux instruments, perfectionne ceux qui étaient connus, et fit un cours de physique expérimentale newtonienne, où l’on vit accourir ’ les savants et les hommes d’Ètat dont la Grande-Bretagne s’honorait alors. Il eut la gloire de compter parmi ses auditeurs le roi George l" et le prince de Galles, qui voulut apprendre de lui la philosophie newtonienne. Desaguliers voyagea ensuite en Hollande, et donna à Rotterdam et à la Haye des leçons qui fu1·ent très-suivies. À son retour en Angleterre la société royale lui confia la place de démonstrateur que le célèbre Robert Hook avait remplie pendant plusieurs années. Le public se porta de nouveau en foule à son école, d’où l’on vit sortir plusieurs hommes de mérite, parmi lesquels on distingues Gravesande. Desaguliers publia le recueil de ses leçons de physique expérimentale (System of ezrperimental Philosophy, Londres, 1719), en 2 vol. in-4o. Le premier traite de la mécanique rationnelle et de ses applications aux arts ; dans le second l’auteur s’est occupé spécialement des machines hydrauliques. Ces deux volumes ont été traduits en français par le P. Pézenas. Desaguliers remporta en 1742 le prix proposé par l’Académie de Bordeaux sur l’électricité. Sa dissertation fut imprimée, et ensuite traduite en italien. Il a inséré dans les Transactions philosophiques plusieurs Mémoires intéressants : l° pour défendre l’optique de Newton contre les objections de Rizetti ; 2° our soutenirfancienne opinion de la mesure de la ëirce des corps en mouvement ; 3° pour déterminer la ’ figure de la terre en sphéroïde aplati ; ce dernier, fait pour· défendre Newton contre les objections de Mairan, est remarquable parla force des arguments et la solidité des expériences que l’auteur établit. Desaguliers a encore publié un opuscule sur une nouvelle manière de construire les cheminées, Londres, t’715, in-8o ; il a donné plusieurs traductions anglaises : t° 3 vol. du Cours de mathématiques d’Ozanam ; 2° la Mécanique du feu, de Gau-’ ger ; 3° le Mouvement des eaux, par Mariette ; 4° les Dissertations latines sur la médecine, par le docteur Pitcairn ; 5°l’Ast1·onomic de Grégory ; 6° l’Introduction à la philosophie newtonicnnc, par’s Gravesande ; enfin on lui attribue : The newtonian philosopha the best model of gouvernement, an allegorical pocm, Londres, in-4o, ou Poëme présentant la philosophie de Newton comme le meilleur modèle de gouvernement. Desaguliers n’a pu être l’auteur de cette production ; il n’était ni poête ni enthousiaste, et à quelque degré qu’il exaltàt la gloire de celui qu’il appelait philosophe incomparable, son imagination ne s’enflamma jamais au point d’en faire le héros d’une rêverie. Tout les ouvrages de Desagulie1·s prouvent que ses sentiments pour Newton • étaient de l’estime, de l’admiration, et non un enthousiasme presque dégénéré en fanatisme, comme le suppose le poëme. On rapporte, sans que cela