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dor an 4). Les articles secrets de ce traité, par lesquels le duc s’engageait, à l’exemple de la Prusse, a favoriser, moyennant des indemnités, les projets de sécularisation conçus par la France, furent trouvés et publiés après la dissolution sanglante du congrès de Rastadt ; et l’on attribue à la connaissance de cette partie du traite les marques de malveillance que ce prince reçut de l’empereur. M. d’Abel résida ensuite fort longtemps à Paris comme ministre des villes libres d’Allemagne, et il mourut dans cette capitale a l’âge de 72 ans, le 10 septembre 1823. M-d j.


ABEL (Clark), médecin et voyageur anglais, fut attaché à l’ambassade de lord Amherst, que le gouvernement britannique envoya à la Chine en 1816. Les vaisseaux partirent de Spithead le 9 février. Lord Amherst et sa suite débarquèrent à l’embouchure du Pei-Ho, le 9 août. On sait que, parvenue, le 29, à Yuen-Min-Yuen, où l’empereur résidait, l’ambassade fut obligée de repartir sur-le-champ, à cause du refus de se conformer au cérémonial chinois, et qu’elle alla ensuite par les rivières et les canaux jusqu’à Canton, où elle entra le 1er janvier 1817. Lord Amherst monta, le 20, sur le vaisseau l’Alceste que commandait le capitaine Maxwell. On fit voile d’abord pour Manille, où l’on arriva le 3 février. Le 18, l’Alceste, en passant le détroit de Gaspar, entre les iles Banca et Billiton, toucha sur un récif de rocher que la mer cachait, et y périt. Tout le monde put se sauver sur le Poulo-Lit, petite île voisine ; le lendemain, l’ambassadeur et toutes les personnes appartenant à la légation s’embarquèrent sur la chaloupe et le canot du vaisseau, qui les conduisirent à Batavia en quatre jours. On quitta ce port le 12 avril, sur le César. Ce bâtiment ayant, suivant l’usage, relâché à Ste-Hélène, Abel fut présenté à Bonaparte, qui, entre autres questions, lui demanda s’il avait fait beaucoup de découvertes qui pussent ajouter à nos connaissances en histoire naturelle. Le 17 août, on fut de retour en Angleterre. Abel s’occupa de la publication de ses observations ; la compagnie des Indes l’ayant ensuite nommé chirurgien du gouvernement général de l’Inde, il passa plusieurs années à Calcutta. Il étudiait les productions naturelles du pays et se disposait à parcourir les provinces supérieures de l’Indoustan baignées par le Gange, lorsqu’il mourut, le 26 décembre 1826, dans un âge peu avancé. On a de lui : 1° Relation d’un voyage dans l’intérieur de la Chine, et de la traversée pour y aller et pour en revenir, dans les années 1816 et 1811, contenant un récit des événements les plus importants de l’ambassade de lord Amherst à la cour de Pékin, et des observations sur les pays qu’elles a visitée, Londres, 1848, in-4o, cartes et figures. Une maladie grave et longue fut cause qu’Abel ne put, à l’époque la plus intéressante du voyage, poursuivre ses observations avec le soin qu’il comptait y apporter, et l’empêcha de se procurer tous les renseignements désirables sur l’état des sciences naturelles en Chine. Ensuite le naufrage de l’Alceste anéantit presque entièrement les matériaux qu’il avait reccueillis. Ce fut à l’aide ud peu qui lui resta qu’il pu suppléer, mais bien faiblement à la perte qi’il avait faite. Son livre est néanmoins celui qui donne les notions les plus exactes sur les productions naturelles de cet empire. On y remarque aussi son essai sur la géologie du cap de Bonne-Espérance, et des détails curieux sur les environs de Batavia, Ste-Hélène, l’Ascension, la description du boa de Java ; de l’orang-outang de Bornéo, et de plusieurs végétaux de la Chine. La carte générale de la Chine et celle de la route de l’ambassade sur l’Yang-Tsé Kiang sont réduites d’après la grande carte des jésuites, donnée par d’Anville. Abel dit : « Nous avons eu plus d’une occasion de constater son exactitude, et nous n’en avons jamais eu d’en douter… » Des tables météorologiques ajoutent à l’utilité de ce livre. 2° Mémoire sur la graphite de l’Himalaya, dans le recueil de la société asiatique de Calcutta. Robert Brown a consacré à ce voyageur le genre Abelia, qui comprend deux arbustes de la famille des caprifoliacées. E-s.


ABEL (Nicolas-Henri), Norwégien, quoique mort très-jeune, a pu se placer, dans sa trop courte carrière, au premier rang des géomètres. Il naquit, le 25 aoüt 1802. sur la côte occidentale de la Norwége, dans un village appelé Frindoë dont son père était pasteur protestant. En 1805, sa famille ayant été transférée a Gierrestadt, Abel y resta jusqu’en 1813, époque à laquelle il entra a l’école cathédrale de Christiania. Dans les premières années de ses études, il montra si peu d’application et fit si peu de progrès, qu’on n’espérait rien de lui ; mais à l’âge de seize ans, ayant commence à étudier les mathématiques, il s’y distingua de manière à mériter que M. Holmboë, son professeur, lui donnât des leçons particulières. Après les éléments, qu’il parcourut rapidement, on lui fit étudier l’introduction à l’analyse des infiniment petits d’Euler, et le calcul différentiel et intégral du même auteur, ainsi que le grand traite de Lacroix. Il lut ensuite avidement les ouvrages de Gauss, de Poisson, de Lagrange ; et il s’attacha spécialement à suivre les méthodes de ce dernier. Sorti de l’école cathédrale, Abel entra à l’université de Christiania. Mais ayant déjà perdu son père, et se trouvant sans fortune, il dut solliciter une bourse, et recevoir les bienfaits des professeurs pendant les deux premières années de ses études : plus tard, il obtint un secours extraordinaire du gouvernement. En 1820, il commença à publier, dans le Magasin pour les sciences naturelles de Christiania, des mémoires d’analyse dont le premier a pour titre : « Méthode générale pour trouver une fonction d’une variable, lorsqu’une propriété de cette fonction est exprimée par une équation entre deux variables. » — Il s’occupa ensuite des équations algébriques du cinquième degré, et il crut un instant en avoir trouvé la solution générale ; mais ayant découvert une erreur dans son analyse, il voulut la corriger, ou bien démontrer l’impossibilité de la résolution des équations algébriques d’un degré supérieur au quatrième ; effectivement, en 1824, il publia cette démonstration à Christiania, en français. Les professeurs Rasmusen et Hansteen, frappés de ses progrès,