Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/712

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
696
ANG

desquelles on lisait : Sonnette de l’accoucheur ; Sonnette du consul. Mais, au milieu de soins si divers, il parait que le consul ne négligea point sa fortune particulière ; il alla mâme si loin que, dans le moment où l’armée française se mit en révolte contre les concussionnaires (voy. Berthier), Angelucci perdit son emploi de consul et devint simple sénateur. Il s’éloigna de Rome lorsque les Français évacuèrent cette place en 1799. Ne croyant pas devoir attendre le retour du saint-père, il alla se réfugier à Paris, et il ne retourna en Italie que l’année suivante, après la bataille de Marengo ; mais il fut alors obligé de rester à Milan, Pie VII ayant refusé, par une exception assez remarquable, de le laisser revenir à Rome. Plus tard le pontife se montra moins sévère, et il fut permis au docteur Angelucci de revenir dans sa patrie. Quoiqu’il fut très-opposé à Napoléon depuis la création du trône impérial, Angelucci entra au service du nouveau royaume d’Italie en qualité de chirurgien major des vélites de la garde, et il mourut dans ces fonctions, à Milan, en 1811. On a de lui plusieurs écrits estimés sur l’art de guérir, et une, édition du Dante avec des notes de sa composition. M-d j.


ANGELUS (Christophe), savant grec du 17e siècle, ne dans le Péloponnèse, fut obligé par les Turcs d’abandonner son pays ; il se réfugia en Angleterre, où il obtint des secours de l’évêque de Norwich et de plusieurs membres du clergé. À la recommandation de ce prélat, il fut reçu au collège de la Trinité, à Cambridge, et y étudia pendant trois ans. En 1610, il se rendit à Oxford, et étudia au collège de Baliol, où il enseigna le grec jusqu’à sa mort, arrivée le 1er février 1638. Ses ouvrages sont : 1° une relation des tourments qu’il éprouva à cause de sa foi en Jésus-Christ, Oxford, 1619, en grec et en anglais. Enchiridion de Institutis Græcorum, Cambridge, 1619, en grec et en latin. On trouve dans cet ouvrage des détails curieux sur les pratiques de la religion grecque. 2° An Encomium on the kingdom of Great Britain, and the two flourishing sister-universities, Cambridge and Oxford, Cambridge, 1619. 3° De Apostasio Ecclesiæ et de Homine peccati, scil. Antichristo, Londres, 1624. grec et latin. D-t.


ANGELUS, ou ENGEL (André), né le 16 novembre 1561, à Strausberg, dans la Marche moyenne, fit ses études à Francfort-sur-l’Oder, et voyagea si longtemps pour poursuivre ses recherches historiques, qu’il dépensa ainsi tout son patrimoine. En 1585, il fut fait recteur dans sa patrie, et, peu après, corecteur à Neu-Brandebourg ; mais il renonça bientôt à ces fonctions pour se livrer à ses travaux sur l’histoire : après avoir habité quelque temps à Berlin, il mourut de la peste, le 9 août 1598. À Strausberg, où il était pasteur. Peu de jours auparavant, il avait dit qu’après avoir chante l’hymne funèbre sur ses brebis, le pasteur terminerait par sa mort cette scène de deuil, et, par un hasard singulier, la peste cessa trois jours après. Il a écrit plusieurs ouvrages en allemand, entre autres : 1° Compendium rerum Marchicarum, Wittemberg, 1593, in-4o. Ce n’est qu’un essai ou extrait de l’ouvrage suivant : 2° Annales Marchiæ Brandenburgicæ Francfort-sur-l’Oder, 1593, in-fol. G-t.


ANGELY (L’), fou de Louis XIII, en titre d’office, serait aussi inconnu aujourd’hui que la plupart de ses devanciers, si Boileau ne lui eût fait l’honneur de le nommer dans sa 1re satire :

Un poëte, à la cour, était jadis de mode ;
Mais des fous aujourd’hui, c’est le plus incommode :
Et l’esprit le plus beau, l’auteur le plus poli,
N’y parviendra jamais au sort de l’Angely.


C’est bien là le ton et le langage du poëte satirique ; cependant, si jamais les favoris des Muses ont trouvé des protections puissantes, c’est dans le moment ou Boileau écrivait ; c’est dans ce siècle si glorieux pour la nation française, et dont Boileau a lui-même fait des peintures beaucoup plus exactes. Dans sa 8e satire, il donne à Alexandre le surnom de l’Angely :

Qui ? cet écervelé qui mit le monde en cendre,
Ce fougueux l’Angely, qui, de sang altèré,
Maitre du monde entier, s’y trouvait trop serré.


L’Angely avait suivi le prince de Condé dans ses campagnes de Flandre, comme valet d’écurie ; il lui plut par ses reparties piquantes et par la hardiesse avec laquelle il raillait les seigneurs, même les plus distingués. Ce prince, l’ayant ramené en France, le conduisit à la cour, et, sur l’envie que le roi lui témoigna d’avoir l’Angely à son service, il le lui donna. L’Angely fit en peu de temps une fortune considérable ; aussi Marigny, l’un des gentilshommes du prince de Condé, disait-il : « De tous nous autres fous qui avons suivi le prince, l’Angely est le seul qui ait fait fortune. » Quelques auteurs disent qu’il avait amassé une somme de 25,000 écus, des présents qu’il recevait, soit de ceux qu’il amusait par ses bouffonneries soit de ceux dont il s’était fait craindre par ses plaisanteries. Il n’aimait pas le comte de Nogent. Ménage rapporte que, se trouvant un jour au diner du roi avec ce seigneur, l’Angely lui dit : « Monsieur le comte, couvrons-nous, cela est sans conséquence pour nous ; » et que M. de Nogent en conçut un tel chagrin, que cela contribua à le faire mourir peu de temps après. Une autre fois, se trouvant dans une compagnie où il faisait le fou depuis longtemps, M. de Bautru vint à entrer ; sitôt que l’Angely l’eut aperçu : « Vous venez bien à propos, lui dit-il, pour me seconder ; je me lassais d’être seul. » Ce l’AngeIy, qui n’était rien moins que fou, comme on le voit, était d’une famille noble, mais pauvre. Quand il fut en faveur, ses parents se hâtèrent de le reconnaître, et il se fit réhabiliter. On peut consulter sur ces anecdotes le Ménagiana. donné par Bernard de la Monnaie, t. 1er, p. 18, édition de 1715. W-s.


ANGENNES (Renaud d’), seigneur de Rambouilet, gouverneur du dauphin, fils de Charles VI, et chambellan de ce monarque, fut employé dans plusieurs négociations importantes en Flandre et en Allemagne, et nommé, en 1392, garde-capitaine du château du Louvre. Les factieux de Paris, excités contre le dauphin par le duc de Bourgogne, en