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cette négligence trop loin.« Est-ce que je suis un homme de lettres ? » disait-il souvent dans sa famille. Un soir il réunit ses enfants pour leur lire une pièce que Picard avait jugée digne des honneurs de la scène. Ses enfants se montrèrent plus sévères ; et lorsqu’il revit Picard : « Ma foi, mon ami, lui dit-il en riant, j’avais réussi devant toi, mais je suis tombé devant mes enfants » et il ne songea plus à appeler de leur sentence. V-ve.


ANDRISCUS, appelé par les Romains Pseudo-Philippus (le faux Philippe). Selon les historiens latins, les seuls qui aient parlé de lui, il naquit à Adramyttium, dans la Troade, de parents d’une très-basse condition. Seize ans après la mort de Persée, roi de Macédoine, il prétendit être fils naturel de ce prince, et prit le nom de Philippe. Il assurait que son père, inquiet sur les résultats de sa guerre contre les Romains, l’avait envoyé à Adramyttium pour y être élevé comme le fils d’un particulier indigent. Il ajoutait que ce secret de sa naissance se trouvait consigné dans un écrit de la propre main du roi. Ce qui rendait ce récit plus croyable, c’était la ressemblance frappante qu’Andriscus avait, dit-on, avec Persée. Pour se dérober aux effets de la haine qu’Eumènes portait à ce prince et à sa famille, Andriscus se retira vers Démétrius Soter, qui avait épousé la sœur du roi de Macédoine, et de qui il espérait des secours. Soit que Démétrius le regardât comme un imposteur, soit plutôt qu’il craignit la vengeance des Romains, il le livra à la république, et le fit conduire à Rome. Andriscus y fut enfermé ; mais ses prétentions inspirèrent peu d’inquiétude, dans un moment ou Alexandre, fils légitime de Persée, se contentait de l’emploi de secrétaire du sénat. On le garda si négligemment, qu’il s’échappa et se réfugia en Thrace. Les Macédoniens souffraient impatiemment la domination de leurs vainqueurs, et on ne songeait ni à faire droit à leurs plaintes, ni à les contraindre au silence par la force. D’un autre côté, Andriscus avait inspiré de l’intérêt aux Thraces, et les avait sans peine alarmés sur la conduite violente et perfide des Romains. Il rassembla un certain nombre de partisans, qui s’attachèrent à sa fortune, marcha en Macédoine, et se déclara héritier du trône. Ses succès passèrent d’abord son attente. Il se rendit maître de tout le royaume, presque sans obstacle, et en moins de temps qu’il n’en avait fallu aux Romains pour vaincre Persée. Rome, étonnée de ces événements, et voulant empêcher le mal de s’étendre plus loin, envoya Scipion Nasica, qui, à la tête d’une armée auxiliaire d’Achéens, arrêta la marche d’Andriscus, déjà maître de la Thessalie, et le força de rentrer en Macédoine. Le sénat, convaincu de la nécessité de mettre promptement fin à cette guerre, fit marcher contre Andriscus le préteur Juventius Thalna. Ce général avait un courage trop emporté ; il méprisa son ennemi, s’avança sans précaution en Macédoine, et fut totalement défait. Il perdit même la vie, ainsi que Q. Cælius, son premier lieutenant. Cette victoire affermit Andriscus sur le trône. Les Carthaginois, près d’être engagés dans leur troisième guerre contre Rome, lui envoyèrent des ambassadeurs pour le féliciter, et lui proposèrent une alliance, qu’il accepta. Il avait supposa l’adversité avec une fermeté héroïque ; mais son caractère ne fut point à l’épreuve de la prospérité. Il devint tyran, et, par des actes d’oppression et de cruauté, perdit l’affection de ses nouveaux sujets. Cependant ils continuèrent de lui obéir, dans l’espoir d’échapper pour toujours au joug des Romains ; qui ne tardèrent pas à envoyer en Macédoine Q. Cæcilius Métellus avec une nombreuse armée. Andriscus rassembla toutes ses forces, et combattit vaillamment ; il obtint d’abord l’avantage dans un combat de cavalerie ; mais, enivré de ce succès, il eut l’imprudence de faire passer un corps nombreux de son armée en Thessalie, pour défendre ses conquêtes. Métellus, profitant de cette faute, lui livra bataille, la défit complètement, et le contraignit de se retirer de nouveau chez les Thraces. Ces peuples reçurent avec amitié le monarque fugitif, et lui fournirent une nombreuse armée, avec laquelle il pouvait encore faire tête aux Romains, s’il eût temporisé ; mais, impatient de réparer promptement sa défaite, il se hâta de livrer à Metellus une seconde bataille qu’il perdit. Ses affaires furent complètement ruinées par ces deux défaites, qui lui coûtèrent 25,000 hommes. Il se réfugie chez Bysas, petit prince de Thrace, qui le livra aux Romains. Métellus le conduisit à Borne. où il fut mis a mort par ordre du sénat, l’an 147 avant J.-C. La guerre qu’il avait excitée fut regardée comme si importante, que son vainqueur obtint le surnom de Macédonique, et les honneurs du triomphe. Les historiens ont présente Andriscus comme un imposteur ; mais il n’est nullement démontré qu’il ne fût pas un de ces princes malheureux que les Romains calomniaient pour mieux les opprimer. D-t.


ANDROCLÈS, fils de Phintas, et roi des Messéniens, avec Antiochus son frère, fut tué dans une sédition, comme on le verra à l’article de ce dernier. Ses enfants se retirèrent à Sparte, et, lorsque la première guerre de Messène fut terminée, les Lacedemoniens leur donnèrent le canton nommé Hyamie. Androclès et Phintas, ses descendants, prirent les armes avec les autres Messéniens, dans la seconde guerre de Messène, et ils furent tues en combattant à la bataille de la Grand’Fosse. C-r.


ANDROCYDES, peintre, naquit à Cyzique, et fut contemporain et rival de Zeuxis. Il peignit, à Thèbes, un tableau de bataille, qu’il fut obligé d’abandonner sans le finir, lors de la révolte des Thébains contre Sparte. Ce tableau fut ensuite consacré dans un temple, par le conseil de Ménéclyde, orateur, ennemi de Pélopidas, qu’il croyait humilier par là ; car la victoire qui y était retracée avait été remportée par un autre général. Androcydes avait peint avec un art merveilleux les monstres marins qui entouraient Scylla. L-S-e.


ANDROMACHUS était, par sa naissance et ses richesses, l’un des principaux de Naxos, ville de la Sicile. Cette ville ayant été détruite par Denys l’Ancien, Andromachus en rassembla les habitants, et s’établit avec eux sur le mont Taurus, dans le voisinage