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bornos réduisit, après une longue guerre, François des Ordelaffi, seigneur de Forli, le plus redoutable des ennemis de l’Église, à la nécessite d’abandonner ses États. Bologne lui fut vendue et livrée, en 1360, par son tyran, Jean d’Oleggio. Il exerça même son influence jusque dans le royaume de Naples, où il extermina une nouvelle secte d’hérétiques. Ainsi la puissance temporelle des papes. qui n’avait existé jusqu’alors que dans de vaines chartes également contestées par les empereurs, les grands et le peuple, ne fut plus illusoire, et ce fut par le courage et le zèle d’Albornos que les donations faites à l’Église des le temps de Pépin et de Charlemagne reçurent leur entier accomplissement. Après avoir achevé la conquête de tout l’État romain, il le gouverna plusieurs années, et fit chérir son administration ; Bologne reçut de lui une nouvelle constitution, et il fonda dans cette ville le magnifique collège des Espagnols ; il fit, pour d’autres parties de l’État de l’Église, des lois pleines de sagesse, qui étaient encore en vigueur dans la Marche d’Ancône quatre siècles après leur établissement. Enfin Albornos annonça à Urbain V qu’il pouvait rentrer et régner sans crainte à Rome. Il le reçut à Viterbe : mais le pontife. oubliant un instant les services qu’Albornos venait de rendre au saint-siége, lui demanda compte des sommes qu’il avait dépensées dans le cours de son importante légation. Albornos lui montre alors dans la cour de son palais un chariot charge de clefs, et lui dit : « Saint-père, les sommes que vous demandez, « je les ai employées à vous rendre maître « des villes et des châteaux dont vous voyez les clefs. » À cette vue, le pape embrassa son légat, et le remercia. Ce grand homme accompagna Urbain V dans la capitale du monde chrétien, et retourna ensuite à Viterbe, où il mourut, le 24 août 1367, regretté du peuple et de son souverain qui, se trouvant dans de nombreux embarras. avait plus que jamais besoin de son appui et de ses conseils. Selon sa dernière volonté, son corps fut transporté à Tolède. Le pape, pour lui rendre les derniers devoirs, accorda des indulgences à ceux qui aideraient à porter le corps du cardinal. Beaucoup de personnes s’empressèrent à mériter ces indulgences, et portèrent le cercueil depuis Viterbe jusqu’à Tolède, où Henri, roi de Castille lui fit rendre les plus grands honneurs. On a de lui un ouvrage sur les constitutions de l’Église romaine, imprimé à Jési, en 1473, et qui est fort rare. Son testament a aussi été imprimé. On y trouve plusieurs dispositions curieuses, entre autres celle qui ordonne que les moines disent pour le cardinal 60.000 messes. La vie politique d’Albornos a été écrite par Sepulveda, sous ce titre : Historia de belle administrato in Italia per annons quindecim, et confecto ab Ægidio Albornotio, Bologne, 1623 in-fol. D-g.


ALBORNOS (Diego-Philippe), chanoine trésorier de la cathédrale de Carthagène, traduisit de l’italien les Guerres civiles de l’Angleterre, du comte Majolino Bissacioni, Madrid, 1658, in-4o ; et publia, huit ans après, sous le titre de Cartilla politica y christiana, traité de morale et de politique, à l’usage du jeune roi Charles II. Cet ouvrage n’offre qu’une liste, par ordre alphabétique, des vernis qu’un roi doit pratiquer, et des vices qu’il doit éviter. L’auteur insiste surtout pour qu’on laisse au clergé une grande influence dans l’État. Ce traité plut tellement par la suite à l’infant Ferdinand, que ce prince, qui n’avait alors que dix ans, le copia tout entier de sa main. Philippe V, charme du goût que l’infant son fils prenait à une lecture si grave, chargea l’évêque d’Orihuéla, Élie Gomez, de faire une nouvelle édition du livre d’Albornos. Cette édition, dédiée à Philippe V, et très-soignée sous le rapport typographique, parut quelque temps après, en 2 vol. in-12. D-g.


ALBOUYS était juge au tribunal de Cahors, lorsque le département du Lot l’envoya à la convention, en septembre 1792 ; il vota la réclusion de Louis XVI, et son bannissement à la paix. Son opinion, quoique courte, fut une des plus courageuses et des plus propres a sauver ce prince, parce que ses motifs pour le soustraire à la mort étaient puisés à la fois dans la justice générale. dans le bien de l’État, et dans la constitution elle-même. Revenu dans son département après la session conventionnelle, Albouys y mourut dans l’obscurité. Z.


ALBRAND (Fortuné), orientaliste et voyageur français, s’était, des l’âge de vingt ans, familiarisé avec la langue arabe par la fréquentation des Égyptiens réfugiés à Marseille. Plus tard il en fit une étude particulière à Paris, sous M. Silvestre de Sacy et dom Raphaël, dont il suivit les cours, et s’embarqua pour l’ile Bourbon. avec le gouverneur de cette colonie. Il passa ensuite à Madagascar, pénétra dans l’intérieur du pays, si peu connu encore des Européens, y fonda la colonie de Ste-Marie, et y noua des relations avec les indigènes. Il composait un dictionnaire de la langue malgache, lorsqu’il mourut en 1827, à peine âgé de 32 ans. Albrand avait fait de très-bonnes études en Europe. et il possédait, en outre, l’arabe, le turc, le persan, l’indou, le sanscrit et leurs dialectes. Z.


ALBRECHT (Jean-Guillaume d’), né à Erfurth le 11 août 1703, fit ses études dans sa patrie, et y devint fort habile dans la langue grecque ; il obtint une chaire de professeur de médecine à Goettingue. et y fut remplace par Haller, qui cite avec éloge ses ouvrages, dont les principaux sont : 1o Observationes anatomicœ, quibus accedit de tempestate, Erfurti, 1731, in-4o ; 2" de Effectibus musices in corpus animatum, Lipsiœ, 1734, in-8o ; 3o Parœnesis ad artis medicæ cultores. Goetingæ, 1735, in-4o. Albrecht mourut en 1736, âgé de 33 ans, d’une maladie que lui causa sa trop grande application au travail. C. et A-n.


ALBRECHT (Jean-Sébastien), professeur de philosophie naturelle à Cobourg, né en 1695, et mort en 1774, s’est attaché à décrire ce que la nature offre de bizarre et de monstrueux. On a de, lui un grand nombre de mémoires, insérés dans les Annales de l’Académie des curieux de la nature. On trouve, dans le tome 4 de cette collection, un mémoire sur une bélemnite ornée de figures hiéroglyphes ; dans le 5e vol., un autre mémoire sur une courge dont