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mission à la métropole, qui se débattait entre deux partis rivaux, celui de Napoléon et celui de l’ancienne dynastie représentée par les cortès. C’est en faveur de ce dernier qu’Abascal parut se prononcer, et ce fut pour prévenir la séparation qu’il forma, sous le nom de volontaires de l’Union espagnole du Pérou, un corps militaire destiné à maintenir l’esprit de concorde entre les Espagnols et les Américains. Enfin il envoya aux cortès en Europe de nombreux convois de munitions et l’argent, et, grâce à son zèle, le Pérou fut la dernière colonie qui se sépara de la mère-patrie. Les cortès, pour récompenser son zèle, le proclamèrent, par un décret du 30 mai 1812, marquis de la Concordia espanola del Peru ; et la junte des Asturies le nomma son député général. Mais les circonstances le contraignirent bientôt À disséminer le peu de forces qu’il avait à sa disposition. Après s’être vu obligé d’envoyer secours a Buenos-Ayres, attaqué par les Anglais, il dut aussi en envoyer au Chili et à la Nouvelle-Grenade ; peut-être eut-il le tort de trop se dégarnir, car le général Pezuela, qui commandait sous ses ordres, ayant eu à réprimer une insurrection qui éclata simultanément à Cusco, à Lima, à Arequipa, à Charcas, et dans presque tout le Pérou, ses troupes furent coupées faute de renforts. Il parait que c’est par suite de ce malheureux événement qu’en 1816 Abascal fut révoqué par Ferdinand VII, et remplacé par ce même Pezuela. Il revint à Madrid, où il mourut le 30 juin 1821. Z.


ABASCANTUS, ou ABASCANTE, médecin, naquit dans le 2e siècle, a Lyon ; tous les biographes disent qu’il fut assez célèbre pour mériter l’estime de Galien, qui loue son antidote contre la morsure des serpents, connu sous le nom d’antidois d’Abascantus. la base de ce topique, peu connu de nos jours, était l’euphorbe, plante caustique qui en brûlant la plaie imprégnée de venin, y détruisait toute faculté d’absorption, et conséquemment prévenait les accidents qui en sont la suite. On ne connait pas aujourd’hui les ouvrages d’Abascantus, que plusieurs raison font présumer avoir été écrits en grec. Du reste, en ces temps où beaucoup de gens exerçaient la médecine empiriquement, on tâchait de se procurer des formules qui se transmettaient de main en main sous le nom de celui qui les avait faites ou qui la avait données comme siennes ; et cela ne peut guère prouver que leurs auteurs fussent de grands médecins, ni qu’ils aient écrit sur la médecine. Le fait est que le nom d’Abascantus ne se trouve que dans Galien, qui rapporte de lui trois formules de remèdes. C. et A.


ABASSA. Voyez Abaza et Abbassa.


ABATI, noble famille florentine a laquelle le Dante a donné de la célébrité. Il a placé, dans le 32e chant de son Enfer, Bocca des Abati parmi les traitres à leur patrie, pour avoir contribué à la défaite de Mont’aperti, et attiré sur Florence le plus grand desastre que cette république eut éprouvé. Le Dante se représente lui-même frappant et maltraitant dans l’enfer la tête de ce traitre qu’il y trouve enfoncée dam des glaces éternelles, et dont il arrache les cheveux pour lui faire dire son nom. Bocca des Abati combattait à la bataille de Mont’aperti près l’Arbia (le 4 septembre 1260) : gagné par les gibelins et par les Siennois, il abattit d’un coup d’épée la main de celui qui portait l’étendard de la république, et par la il répondit la terreur dans l’armée florentine. Les Guelfes, croyant la bataille perdue, ne songèrent plus qu’a s’enfuir ; 2,500 Florentine demeurèrent sur le champ de bataille, et plus de 1500 furent faits prisonniers. La perte des alliés fut encore plus considérable, et l’on fait monter à 40,000 le nombre des morts. Florence fut abandonnée aux ennemis, et les Guelfes chassés de toute la Toscane. — En 1304, un prêtre de la même famille, nommé Néri Abati, mit le feu, pendant une sédition, au quartier qu’habitaient les Gibelins ; 1700 maisons furent brûlées, et les familles les plus riches réduites a la mendicité. S-L.


ABATI (Antoine), de Gubbio, poëte italien de beaucoup de réputation pendant sa vie, florissant vers le milieu du 17e siècle. Il fut attaché à l’archiduc Léopold d’Autriche, et voyagea dans les Pays-Bas et en France. De retour en Italie, il fut successivement gouverneur de plusieurs petites villes de l’État ecclésiastique. Il mourut à Sinigaglia, en 1667. après une longue maladie. L’empereur Ferdinand III lui fit l’honneur stérile de composer à sa louange un mauvais acrostiche italien : il eût mieux fait de pourvoir à ses besoins, qui étaient quelquefois urgents, comme on le voit dans plusieurs de ses poésies. Il a laissé : 1° Ragguaglio di Parnaso contra poetastri e partegiani della nazioni. Milan, 1638, in-8o ; 2° le Frascheri, fasci tre, poésies satiriques, mêlées de prose, Venise, 1651, in-8o ; 3° Poesie postume, Bologne, 1671, in-8o ; 4° il Consiglio degli Dei, dramma per musica, etc., À l’occasion de la paix entre la France et l’Espagne, et du mariage de Louis XIV avec l’infante d’Espagne, Bologne, 1671. L’auteur l’avait dédié, en 160, au cardinal Mazarin. G-é.


ABATIA ou ABBATIA (Bernard), médecin et astrologue, était ne vers 1540, à Toulouse. S’étant rendu très-habile dans toutes les sciences cultivées de son temps, il vint en donner des leçons à Paris. La Croix du Maine, seul contemporain d’Abbatia qui ait conservé quelques détails sur ce savant personnage, nous apprend qu’il a professé le droit, la médecine, les mathématiques et l’astrologie, tant en public qu’en particulier ; cependant rien ne prouve qu’il ait occupé réellement des chaires à l’université de Paris. Suivant la Croix du Maine, Abbatia mit en lumière une Pronostication sur le mariage de Henri, roi de Navarre, et de Marguerite de France, son épouse, Paris, 1512. Cette pièce est tellement rare, qu’elle n’est citée par aucun autre bibliographe, et qu’elle n’a même pas été connue des auteurs de la Bibliothèque historique de la France. Il avait fait, vraisemblablement sur le plan adopté par Fuchs, une description générale des plantes, sous le titre de Grand Herbier. Cet ouvrage important n’a point été imprimé, et l’on ignore ce que le manuscrit est devenu. Les rédacteurs de la Biographie toulousaine, après avoir dit, sans indiquer sur quelle autorité, qu’Abbatia composa divers traités