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exactement le double du rayon de la lune ; ainsi il n’avait pas lu Hipparque, dont il ne cite que la mesure du diamètre du soleil. Il lui donne cependant le plus grand des éloges, en l’appelant Tête sacrée à qui seule il a été donné de connaître la vérité. Il n’aimait ni Épicure ni ses sectateurs, auxquels il reproche d’avoir cru que les astres s’allumaient chaque jour à l’orient, et s’éteignaient à l’occident. Il nous a laissé des détails souvent cités sur les méthodes d’Ératosthène et de Posidonius, pour mesurer la grandeur de la terre ; mais son récit même prouve qu’il était peu familiarisé avec les méthodes et les instruments astronomiques. Il dit positivement qu’Ératosthène, pour déterminer l’arc céleste entre les parallèles d’Alexandrie et de Syène, s’est servi du scaphé, petit instrument de gnomonique dont jamais astronome n’a fait usage pour des opérations n peu importantes , et qui n’est pas même nommé par Ptolémée. Il avait sur la vision le système qu’où trouve expose dans l’Optique d’Euclide ; il suppose qu’il sort de l’œil des rayons divergents qui vont saisir les objets, et qui s’infléchissent en passant de l’air dans l’eau, et c’est ainsi qu’il explique le phénomène de la bague vue au fond d’un vase rempli d’eau. Malgré cette mauvaise physique, son ouvrage est curieux, parce qu’il est un tableau de l’état de la science à cette époque, non pas précisément chez les savants, mais chez les gens instruits et chez les littérateurs, ce qui est fort différent. Il le termine en déclarant que son livre ne contient pas ses propres opinions, mais celles qu’il a recueillies de divers ouvrages, et surtout de ceux de Posidonius. La Théorie cyclique n’est guère qu’un traité de cosmographie. Quand Cléomède a bien entendu ce qu’il copiait, il est clair et précis ; quand il comprenait moins bien, il a été obscur et entortillé. Quelquefois, il n’est pas bien d’accord aveclui-mème ; ce défaut est assez commun chez les compilateurs. Selon Weidler, la première édition de Cléomède parut à Bâle en 1555, avec la traduction latine de Valle, mais elle n’est point mentionnée dans la Bibliographie de Lalande, qui en indique une toute grecque, Paris, 1539, in- 4°, et une autre de Venise, 1498, in-fol., toute latine, dans un recueil contenant le Traité de l’astrolabe par Nicéphore et autres ouvrages du même genre traduits par G. Valle. Celui de Cléomède y est intitulé : De mundo sive circularis inspectionis meteororum libri duo. Cléomède fut réimprimé à Bâle, en 1547, avec la Sphère de Proclus, les Phénomènes d’Aratos, la Description de l’univers habitable, par Denis l’Africain, et les notes de Céporinus sur ce dernier ouvrage. Nous avons des mêmes ouvrages réunis une édition d’Anvers, 1555 et 1554. Il y en a encore une de Bâle, 1585 ; mais l’édition que Weidler donne comme la plus correcte, est celle qui porte ce titre : Cleomedis meteora gr. lat. à Roberto Balforeo Lit. versa et Commentario illustrata, Bordeaux, 1605, in-4°. D— L — E.

CLÉOMÉNES Ier., fils d’Anaxandrides, de la branche aînée des rois de Sparte, monta sur le trône vers l’an 519 avant J.-C. Dans les commencements de son règne, il entreprit une expédition contre les Argiens, entra dans leur pays par mer, et les défit auprès de Tirynthe. Ceux qui échappèrent se réfugièrent dans un bois consacré à Argus. Cléomènes n’osant pas y entrer, les faisait appeler successivement par un hérault qui leur