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a-î CLÉ Philippe poursuivit avec un acliarnement dont l’histoire a fait souvent un sujet de reproche à sa mémoire ( Foy. MoLAY ). Clément V y mit phis de modération , obtint que la procédure fut recommencée devant lui , et, après avoir donné l’ordre dans tous les états ou ces religieux militaires étaient établis, de procéder contre eux, il prononça leur suppression au concile de Vienne eu Dauphiué , l’an i5io ^les poursuites avaient commencé en i3o7 ( Vof. le recueil de Dupuy). Toutes ces circonstances prouvent que l’extinction des templiers n’était point une affaire aruaugée d’avance entre le monarque et le ponlife, ainsi que l’ont prétendu quelques historiens , et ne laissent pas d’affaiblir la créance que l’on doit à la prétendue conférence de St.-Jcan d’Angely. Une autre affaire non moins grave, ce fut le procès intenté à la mémoire de Boniface VIII. On a vu à l’article de ce pape tout ce qui se passa à ce sujet. Clément V , pour ne pas s’éloiguer du roi, son protecteur, fixa la résidence des papes a Avignon. C^ fut l’origine d’un grand mécontentement et d’une longue division, dont les suites empêchèrent la réforme dans l’Eglise, et amenèrent la funeste réforme dans la religion. La cour du souverain ponlife, et son gouvernement s’établirent dans Avignon ; Clément y reçut la foi et hommage de Uoberl , fils de Charles- le-Boîteux, pour le rovaume de Naples, oti de Sicile , de "^deçà le Phare , Frédéric d’Arragon occupant toujours l’île de Sicile , sous le titre de royaume^ de Trinacrie. Clément V fil, versle même temps, recoiHiaîtrc roi de Hongrie Charobcrt , ou Charles, petit-fils de Charles Ic-Boîtcux ; et, pour secouer le joug sous lequel il s’était mis et se dispenser de procurer la couronne impériale à Charles de Valois, à qui il l’avait pro-CLÉ mise . il engagea secrètement les elec’ teurs à porter à l’empire Henri VII de Luxembourg, et manquant ensuite de courage pour soutenir ce qu’il avait fait, il parut trahir alternativement tous les partis. 11 avait promis de couronner Henri à Rome ; mais cette cérémonie ne s’y fit que par une commission composée de cinq cardinaux. Le pape prétendait ordonner une trêve entre le nouvel empereur et le roi Robert. Henri consulta les jurisconsultes de Rome, qui répondirent que le roi de Sicile étant vassal du pape, pouvait en, recevoir des ordres, mais que l’empereur ne lui était soumis à aucun titre. Clément eut une querelle plus vive avec les Vénitiens , contre lesquels il lança tous les foudres de l’excommunication, parce qu’ils s’étaient emparés de la ville de Ferrare, sur laquelle il avait des prétentions ; mais il ne s’en tint pas à des formalités religieuses , il envoya contre cette république une armée commandée par son légat , qui eut le bonheur de reprendre Ferrare daus le cours de la même année. Clément V publia aussi une croisade contre les Maures. Il mourut le 20 avril i5i4, à Roquemaure, comme il se disposait à revenir à Bordeaux. Villani fait un portrait odieux de sa cupidité et de ses mœurs scandaleuses. Ou lui donnait publiquement pour maîtresse la comtesse de Périgord. H laissa des biens immenses à ses neveux ; son trésor fut pillé aussitôt après sa mort. La faiblesse, la vénalité et la petitesse d’esprit de ce pape sont remarquables, bien plus encore que ses mauvaises mœurs. 11 eut quelques qualités, mais rien n’atteste des vertus qui inspirent de la vénération pour sa mémoire. Clément V doit être regardé aujourd’hui comme le premier papo «pii ail porté la triple couronne sur h tiare. Voici ce qu’en dit Jean Garam-