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CLÉ riche qui lui demandait ce qu’il fallait faire pour arriver à la perfection : « Allez , lui dit le Sauveur , vendez » vos biens , di^tribuez-en le prix aux u pauvres , et vous acquerrez un trésor dans le ciel. » S. Clément pense que ces paroles ne doivent pas être prises à la lettre , qu’il n’est pas nécessaire , pour être sauvé, de renoncer aux Liens de la terre, mais qu’il est indispensable d’en faire un bon us ;»p ;e : subsidiairemeut il y parle de l’amour de Dieu comme principe de vie, et de l’amour du prochain comme règle de nos actions. V. Le Pédagogue est un excellent traité de morale divisé en trois livres. L’auteur s’attaclie à prouver, dans le premier livre, que le législateur des chrétiens est aussi leur père et leur modèle ; que tous les hommes , ayant besoin d’instruction pour connaître la vertu, et de vertu pour être heureux , ne peuvent puiser à une meilleure souice qu’à celle des leçons de leur divin nçiaîlre. Dans le second livre , il trace 4çs règles de tempérance, tant sous le rapport de l’hygiène que sous celui de U murale. Suivant sa doctrine, la nourriture la plus simple est aussi la plus saine ; mais nous doutons que celle qu’il recommande ici comme la plus simple, soit jamais introduite même parmi les anachorètes de notre temps, ou recommandée par nos médecins. Un seul repas, dit-il, ou deux tout au plus, suffisaient par jour ; savoir : u n déjeûner de pain sec et un verre d’eau, et un souper très frugal. Il pense, contre les encratiques, que l’usage modéré du vin est permis ; mais il l’interdit à tous les jeunes gens au-dessous de trente ans. 11 s’élève, dans le même livre, contre le luxe de la table, des habits, des ameublements. U défend , comme l’a taitdepuis l’école de Salerne , de dormir plus de six heures IX. CL 17 par nuit, et jamais le jour. Le troisième livre est principalement consacré à relever les avantages de la modestie dans les femmes. Nous terminerons cette analyse, en disant que c’est dans cet ouvrage, qui long-temps après a servi de modèle à celui de l’abbé Fleury, qu’on peut prendre une juste idée des mœurs et de la vie des premiers chrétiens. Le style de S. Clément, dans le Pédagogue et dans V Instruction aux gentib, est toujours fleuri, souvent éloquent, quelquefois sublime ; c’est la justice que lui rendent Eusèbe et Photius ; mais on trouve de l’obscurité, de la négligence, et même de la dureté dans celui des Stromales et des Hjpotjrposes. S. Jérôme appelle S. Clément le plus savant des écrivains ecclésiastiques ; Théodore ! prêtent ! que nul se l’a surpassé en lumières et en éloquence. S. Alexandre de Jérusalem donne do grands éloges à ta sainteté de sa vie. D’après tant et de si respectables témoignages, on a raison d’être surpris que le nom de ce saint docteur ne soit pas inscrit dans le martyrologe romain j ou l’est bien davantage encore d’apprendre que le savant Benoit XIV a publié, en 1 749> une dissertation tendant a prouver qu’il n’y a pas de raison sufïi< ;ante de l’y établii- ; mais ni l’autorité de Benoit XI Y. ni celle du martyrologe romain n’ont jamais empêché les églises de France de célébrer sa fête le 4 décembre, suivant le martyrologe et l’autorité d’Usuard. La première édition desOEuvres de S. Clément d’Alexandrie est celle de P. Victorius , Florence, i55oin-fol., grec et latin. Daniel Heinsius en a donne une à Leyde, 1616 , infol., grec et latin , réimprimée à Paris, 1629, in-fol. j mais la plus estimée est celle de Jean Potter, Oxford, 17 i5, 2 vol. in -fol. Ou fait moins de cas de la réimpceé-’