Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 9.djvu/14

Cette page n’a pas encore été corrigée

2 CLÉ CLÉâNTîIE, philosophe stoïcien, ne à Assos , ville Éolieiiuc de l’Asie , se destina d’abord à la profession d’athlète , et s’exerç ;i au pugilat ; mais , entraîne par son goût pour la philosophie, ou plutôt ruine’ par quelqu’une de ces révolutions dont l’Asie luineine était le théâtre à cette e’poqr. e, il se rendit à Athènes , où il arriva n’ayant pour tout bien que quatre drachmes ( 5 fr. 60 c. ) ; mais, comme il était très vigoureux, il trouva bientôt le moyen de gagner sa vie , en tirant de l’eau pour les jardiniers, en portant des fardeaux, et eu se livrant à toutes sortes de travaux pénibles. Voulant en même temps s’appliquer à la philosophie, il s’attacha d’abord à Cratès , philosophe cynique, qu’il quitta bientôt pour Zenon, le fondateur de la secte stoïcienne, dont les dogmes lui convenaient davantage. Ce philosophe, voulant l’éprouver, lui demanda une obole par jour , et CIcanthe la lui apporta très exacteraeni. Zenon conserva cet argent, et , au bout de quelque temps, le fit voir à ses autres disciples, en leur disant : « Vous voyez que Clcanr > the pourrait par son travail nourrir » un autre Cléantlic , tandis que des » philosophes qui ont des bras comme » lui , ne sont pas honteux de mendier y> pour vivre. » Il avait l’esprit lent et concevait difficilement , aussi ses condisciples le traitaient-ils souvent d’àne ; mais il s’appliqua tellement à l’étude, qu’après la mort de Zenon ^ il fut juge le plus capable d’être à la Ictc de son école. Il n’en continua pas moins de se livrer à ses travaux ordinaires. « Je tire de l’eau , disait-il » à Antigonc Gonatas, je travaille à » la terre, je fais enfin tous les ouvrages qui se présentent, pour pouvoir me livrer à la philosophie sans » cire à charge à personne. » Au-CLÉ tigone lui donna 5ooo draclmw» ( •2,’yoo fr. ). Se trouvant un jour au spectacle , et le vent ayant ontr’ouvert son manteau , les Athéniens aperçurent qu’il n’avait point de tunique, et lui en donnèrent une. Il jouissait à Athènes de la plus grande considération , et on voulut chasser Sosithée , le poète comique , qui s’était avisé de le railler sur la scène ; mais il prit sa défense , en disant qu’on ne devait pas s’offenser des railleries des poètes comiques, qui étaient supportées patiemment par Bacchns et Hercule , tout dieux qu’ils étaient. Il jouit, grâces à sa sobriété , de la meilleure santé jusqu’à quatre-vingts ans, suivant les uns , ou quatre-vingt-dix-neuf, suivant d’autres. Il lui vint alors à la gencive un ulcère que les médecins jugèrent incurable, ce qui le décida à se laisser mourir de faim. Au bout de deux jours d’abstinence, l’ulcère se trouvant en train de gueïison, on lui conseilla de manger ; mais il répondit qu’ayant fait la moitié du chemin , ce n’était pas la peine de revenir sur ses pas. Il mourut peu de jours après , âgé de soixante-dix ans. On ne connaît l’époque précise ni de sa naissance, ni de sa mort ; on sait seulement qu’il florissait vers l’an ’260 av. J.-C. Il avait écrit un grand nombre d’ouvrages, où il ne faisaitque développer la doctrine de son maître, à laquelle il n’avait rien ajouté. Il ae nous en reste que quelques fragments, et , entre autres , un hymne à Jupiter, qui nous a été conservé par Stobée , et qui se trouve , avec la traduction française de M. de Bougainville, dans les Poëtœ Gnoinici de Çruuck. L. Racine l’a aussi traduit en vers français. Le sénat romain fit ériger une statue à Ciéanthc dans la ville d’ Assos, sa patrie. C— n. CLÉARQUE , spaiiiatc , fils de Ivliamphius , eut, vers la fiu de la