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rer ni conduire par Fouché, Carnet et d’autres mécontents ; il défendit la cause de Napoléon II avec énergie. A la seconde restauration, la loi de 1816 contre les régicides lui imposa l’obligation de quitter la France : il s’y résigna sans murmurer, visita la Suisse, l’Allemagne. Prague lui fut ensuite assigné comme résidence ; il y retrouva Fouché. C’est là que Thibaudeau écrivit ses premiers ouvrages. Rappelé en 1819, il fit paraître des Mémoires sur la convention national, où il règne un ton franc et sévère, sans hypocrisie ; ce qu’il a fait, il le dit, l’avoue et s’efforce de le justifier ; Ensuite viennent ses Mémoires sur le cortsulat, simple collection de procès-verbaux, mais curieux par les détails. Thibaudeau s’y pose comme l’expression de la révolution et le défenseur des principes qu’elle a voulu faire triompher.

Deux ans après cette publication, vinrent les journées de juillet. Si Thibaudeau put les saluer comme l’expression de quelques-unes de ses idées, il n’y trouva pas sa place : le parti orléaniste n’avait jamais été le sien. Il l’avait repoussé, en 1792, par la république ; en 1799, par le consulat ; et plus tard, en 1815, il ne s’était engagé qu’avec ses principes : la république ou l’empire ; il y resta fidèle. On vit le vieux conventionnel reprendre la parole aux funérailles de l’abbé Grégoire, et le saluer comme étant resté fidèle à la révolution ; il l’appela même son honorable complice, comme pour lui donner un brevet justificatif du vote régicide.

Vers l’année 1839, on annonca l’histoire du Consulat et de l’Empire, par Thibaudeau. C’est un ouvrage en dix volumes, exact, froid, avec les qualités de l’auteur, et ses défauts, surtout l’absence d’une portée politique, et nulle élévation de pensées. Du reste sous plus d’un rapport préférable à une autre histoire de l’empire dont on fit plus de bruit, avec ses inexactitudes, son terre à terre de récits, et ses ridicules prétentions à la science militaire. Thibaudeau a le merite au moins de raconter ce qu’il a vu, ce qu’il a pratiqué, ce qu’il sait. Son ouvrage n’eut pas un éclatant succès. Le vieux conventionnel continua à s’effacer sous le gouvernement de Louis-Philippe, jusqu’à sa chute, et il resta également en dehors de la république de 1848 ; mais il fut compris dans la liste des sénateurs après le 2 décembre 1852, sans doute comme l’expression de son dévouement à la fortune de la révolution et de l’empire. Thibaudeau avait alors plus de quatre vingts ans. Il siégea peu au sénat et finit sa vie, ainsi qu’il l’avait commencée, fermement dévoué aux principes de la révolution et de l’Empire, qui, selon lui, en avait été la consécration forte et dictatoriale. On a encore de lui, avec Bourdon de la Crosnière : I. Recueil des actes héroïques et civiques du républicanisme français, Paris, 1794 et années suivantes, publiés par numéros, dont Bourdon a rédigé les quatre premiers et Thibaudeau les autres. II. Histoire du terrorisme dans le département de la Vienne, 1795, in-8º. III. Beaucoup de Discours et Rapports aux assemblées dont il a fait partie. IV. Dans le recueil des Mémoires de l’Académie de Marseille, un discours sur le musée, un autre sur la bibliothèque de cette ville, et un troisième sur le xviiie siècle, etc. — Son fils a traduit de l’anglais : Le