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la confiance du recteur, qui le fit appeler, en 1768, à la place de professeur d’humanités au collége de Nancy, après la suppression des jésuites, qui n’eut lieu en Lorraine qu’à la mort du roi Stanislas. Il occupa cette chaire jusqu’en 1776, époque à laquelle le collége fut remis aux chanoines réguliers de Saint-Sauveur, qui furent loin d’égaler leurs devanciers. Therrin ayant épousé une nièce de l’abbé Lionnois, principal du collége, auteur d’une Histoire de Nancy, se fixa dans cette ville, où il entreprit la publication d’un Journal littéraire, qui prit bientôt sa place parmi les meilleures feuilles périodiques des provinces. Il en parut vingt-quatre volumes, in-8º et in-12, de 1778 à 1787. Quelques articles portent la signature de Therrin ; mais, il n’a pas mis son nom au plus grand nombre de ceux qu’il a rédigés. Éclairé du bon goût et du bon sens qui le caractérisaient, il déclara une guerre à toute outrance, à des écrivains tels que Rétif de la Bretonne, Thouvenel, infatué des illusions de la baguette divinatoire, etc. Il eut même le courage de s’attaquer à la Harpe, pour sa tragédie de Jeanne de Naples. En 1777, il s’était fait recevoir avocat au parlement de Paris, mais il n’exerça pas cette profession. A l’époque de la révolution, il se rangea dans le parti de la résistance, ou plutôt d’une opposition modérée. Il fournit cependant plusieurs articles aux Actes des Apôtres. Il était digne, par son esprit, de figurer parmi les rédacteurs de cette feuille spirituelle et d’un royalisme très-piquant. Il fit imprimer à Nancy, en 1790, une parodie très-remarquable d’un arrêté de la Garde-citoyenne de cette ville, sous le titre d’Arrêté pris dans la petite compagnie des petits volontaires assemblés en école buissonnière, in-4º. Cette facétie, dans un temps où l’on ne riait déjà plus, n’eut pas moins beaucoup de succès. Craignant d’être accusé d’incivisme, ce qui pouvait alors devenir très périlleux, Therrin accepta la place de secrétaire-greffier du district, et, en cette qualité, il rendit tous les services qui dépendaient de lui, soit en éclairant les administrateurs, sur les besoins de l’instruction publique, soit en adoucissant, dans leur exécution, les mesures qui pouvaient froisser les intérêts de ses concitoyens. Mais ses opinious, peu favorables au développement indéfini du système démocratique, le désignèrent bientôt aux rigueurs du pouvoir. Porté sur la liste des suspects, il eut le bonheur d’échapper à l’arrestation, et alla chercher un asile dans un village près de Paris, où il ne fut pas découvert et d’où il ne sortit qu’après la chute de Robespierre. A cette époque, la protection et l’amitié de M. Coste, premier médecin des armées, lui procurèrent l’emploi de secrétaire de l’inspection générale du service de santé, place qu’il occupa jusqu’en 1812. Toutà coup il fut destitué, malgré les vives réclamations des inspecteurs généraux, pour avoir, dit-on, laissé échapper quelques bons mots, qui remontèrent jusqu’à la personne de l’Empereur. Néanmoins, après la campagne de Russie, il obtint sa réintégration dans les bureaux du ministère de la guerre, par suite des sollicitations de son fils, chirurgien principal des armées, qui avait été décoré de la croix d’officier de la Légion--