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rilla, espèce de tribunal secret où les affaires du royaume étaient censé réglées avant d’être discutées au conseil du roi, et dont l’évêque de Strasbourg aurait été le président. Le fait est que cet évêque n’eut aucune influence ni à la cour, ni auprès des ministres, qu’il fut même abreuvé d’amertumes par ceux qui auraient dû lui rendre sa tâche plus facile, que les dégoûts et les contradictions portèrent une rude atteinte à sa constitution, déjà fort délicate, et l’obligèrent d’interrompre ses fonctions. Il partit pour Nice, dont le climat tempéré lui fit quelque bien ; mais il ne put jamais reprendre toute son énergie, et, vers les derniers temps de la Restauration, quelques dissentiments étant survenus entre le gouverneur du prince et lui, il quitta définitivement la cour. Nous avons sous les yeux un Mémoire, qu’il présenta en 1827 au roi, sur l’éducation du duc de Bordeaux. Ce mémoire est écrit avec beaucoup de talent et de sagesse ; il mériterait d’être imprimé, et nous ne doutons pas qu’il ne servît à redresser l’opinion publique, qui s’est montrée trop longtemps injuste a l’égard de ce prélat. Ce fut sans doute après les événements de juillet qu’il se déclara le partisan de Richemont, le dernier imposteur qui ait pris le nom de Louis XVII, ce qui étonne, quand on songe au caractère de Tharin et à la place qu’il occupait à la cour de Charles X. On ne voudra jamais croire qu’une fable aussi ridicule ait fait tant de dupes en France et jusque dans les plus hauts rangs. Pendant tout le règne de Louis-Philippe, il vécut dans une profonde retraite, soit en Italie, soit dans le midi de la France, et enfin à Paris auprès de M. de Janson, avec qui il était intimement lié. Il mourut le 14 juin 1843, après avoir reçu tous les secours de la religion avec la foi la plus vive et le calme le plus édifiant. Ses dernières paroles furent: Dieu seul, le reste n’est rien. — Outre les ouvrages dont nous avons parlé, Tharin, a publié en 1834, un livre qu’on ne saurait trop méditer, et qui a eu deux éditions. Il est intilulé : du Gouvernement reprósentatif, vol. in-8º. L’auteur ne dissimule pas qu’il regarde le gouvernement représentatif, tel qu’on le conçoit aujourd’hui, comme une des plus grandes plaies de l’Europe, et il lui préfère, sans balancer, une monarchie absolue, mais tempérée. Dans ce dernier système le pays est mieux administré, les libertés publiques plus respectées, les lettres, les sciences plus florissantes, et le peuple plus heureux. Cet ouvrage, au moment où il parut, fut amèrement censuré ; il n’exciterait pas aujourd’hui les mêmes réclamations. En 1835, parurent les Méditations religieuses et politiques par M. Tharin, ancien évêque de Strasbourg[1]. Cet ouvrage fit quelque sensation malgré le silence des journaux. Deux traductions italiennes, qui se succédèrent en peu de temps, prouvent qu’on avait su l’apprécier dans la péninsule. On a encore de M. Tharin : les Gémissements et les Espérances de la

  1. Quand Tharin fut chargé de donner ses soins au duc de Bordeaux, il se démit quelques jours après de son évèché de Strasourg, ce qui n’empêcha pas la faction libérale de crier contre l’ambition du prélat. En vain il adhéra en 1826 à l’exposé des sentiments des évêques sur l’indépendance des rois dans l’ordre temporel, il nen fut pas moins signalé comme le chef des ultramontains. Telle est la justice des partis !