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mille hommes, vint attaquer notre armée, et menacer cette place. Un combat meurtrier s’engagea : un corps de Cipayes français prit la fuite dès le commencement de l’action : les Français furent repoussés et mis en désordre sur presque tous les points ; mais la division d’Albignac, après avoir défait le corps anglais qui lui était opposé, se porta au secours des régiments qui pliaient, rétablit le combat, et força les Anglais à la retraite. Ce succès, dont le résultat était important, puisqu’il nous conservait Goudelour, notre dernier pied-à-terre dans l’Inde, fut dû principalement au baron d’Albignac, et surtout à la manière habile dont il se servit de l’artillerie qu’il ne cessa de diriger lui même. Le bailli de Suffren l’en félicita par une lettre flatteuse ; la cour le nomma brigadier au département de la guerre, et lui accorda une pension de quatre mille francs sur le trésor royal, et de mille francs sur les invalides de la marine. Le baron d’Albignac ramena sa brigade en France après la paix (1784) ; le 9 mars 1788 il fut nommé maréchal-de camp, et employé en cette qualité, le 8 novembre 1790, dans la neuvième division de l’intérieur[1]. La conduite qu’il avait tenue comme commandant des troupes de ligne du département du Gard, au milieu des troubles qui agitaient cette contrée, fut approuvée par l’assemblée constituante dans sa séance du 20 février 1791. Chargé d’une expédition contre le camp de Jalès, il était parvenu, à la tête de sept à huit mille hommes, tant de gardes nationaux que de troupes de ligne, à dissoudre ce camp, à s’emparer des quatre principaux chefs des insurgés, et à disperser les autres, sans effusion de sang et sans tirer un coup de fusil. A la fin de septembre suivant, il fut l’un des trois commissaires désignés par le roi pour l’exécution du décret qui réunissait à la France le comtat Venaissin ; mais il se dégoûta bientôt de cette mission difficile, et s’en démit dès le commencement de décembre. Le 22 mai 1792 le roi le nomma lieutenant-général. Au mois de juillet il parvint à réprimer quelques tentatives de désordre qui eurent lieu en Auvergne. Au commencement de la guerre le baron d’Albignac reçut l’ordre de se rendre à l’armée des Alpes, qu’il commanda par intérim en l’absence du général en chef Kellermann ; il passa, le 8 avril 1793, à l’armée du Rhin, et n’y resta que jusqu’au 1er juin suivant. Rentré alors dans ses foyers, un arrêté du directoire exécutif, du 9 thermidor an 7, le nomma commandant de la dixième division militaire : il quitta définitivement le service le 7 floréal an ix, après quarante-six ans de travaux. Retiré au Vigan, il y est mort vers 1820. Le baron d’Albignac était chevalier de Saint-Louis depuis 1774 ; le roi le nomma commandeur du même ordre le 27 décembre 1814 ; un décret du 8 germinal an xiii (29 mars 1805) l’avait nommé chevalier de la Légion-d’Honneur. Une notice sur ce général, ornée de son portrait, a été imprimée dans les Tablettes mililaires du déparlement du Gard et séparément, sans date, in-8º de 16 pages.F—ll.


ALBIGNAC (Philippe-Francois-Maurice, comte d’), lieutenant-général, issu de la même famille, mais d’une autre branche que le précédent[2], était né le 15 juillet 1775,

  1. Cette division était alors formée des départements de l’Ardèche, de la Lozère, du Gard, de l’Aveyron, du Tarn et de l’Hérault.
  2. Le général d’Albignac, dont l’article précède, était de la brancbe des d’Albignac barons d’Arre ; son père avait été capitaine d’infanterie et plusieurs de ses ancêtres s’étaient distingués dans les armes. Le titre de baron d’Arre avait été conféré à Charles d’Albignac, son trisaïeul, en 1662, pour récompenser sa valeur au siège de Cresseil. Le comte Philippe-François-Maurice était d’Albignac de Castelnau.