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Pour distinguer à chaque pas sous quelles images divines les peuples naïfs personnalisèrent et consacrèrent des objets de crainte ou d’amour, il faut joindre à une lecture immense, à une patience à toute épreuve, à une connaissance profonde de l’histoire primordiale un tact exquis et une haute philosophie. Une réunion de collaborateurs eût seule pu présenter la réunion des qualités nécessaires à cette œuvre difficile. Mais l’unité de composition était un besoin encore plus essentiel que tous les autres dans un ouvrage de ce genre ; car tout s’y tient et tout s’y emboîte. Rien d’ailleurs n’y est géométrique ; dès-lors, il fallait un seul homme pour que la solution donnée à tel problème dans tel article ne fût point en contradiction avec l’idée émise dans tel autre.

Enfin cette mythologie devait, à moins de faire disparate dans la collection, porter le titre de Biographie mythologique.

On s’abuserait, si de cet intitulé nécessaire on concluait que nous avons voulu travestir la mythologie en histoire. Sans doute les légendes abondent chez nous ; mais, sauf les cas où elles se recommandent par le grandiose , le piquant ou l’antiquité , elles sont toutes présentées avec autant de brièveté que le comporte la loi que nous nous sommes faite d’être complets. Ce que nous nous sommes surtout appliqués à mettre en relief, c’est ou le rapport ou la contradiction des légendes, mine féconde d’instruction pour qui sait, au milieu des variantes, saisir le fîl indicateur, à l’aide duquel on voit tout se résoudre dans une large et riche unité.

En fait d’histoire, nous n’avons vu dans la mythologie que l’histoire par masses, l’histoire des clans, dèmes, peuples ou races, des castes, des cultes, des grandes institutions, des révolutions majeures, l’histoire sans dates. Mais qu’elle est riche et imposante, cette histoire ethnographique dont les langues, les religions, les codes, sont les uniques monuments, et qu’il faut démêler sous des légendes où mille traits surajoutés et d’âges divers se croisent sous des superstitions locales qui ont au loin leurs analogues, sous des formes inaperçues ou méprisées d’un état social qui fut et qui n’est plus !

Ensuite venait l’extérieur du culte , temples , prêtres, fêtes, sacrifices, processions , victimes humaines, prostitutions sacrées, statues, talismans, animaux représentatifs de la divinité. Les mystères, tant dogmes que cérémonies, s’intercalaient