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l’agriculture, encouragea les arts, et les fit aimer. Doué d’un goût exquis, et d’un esprit qui s’appliquait à tout, il cultiva et protégea les lettres, et mérita d’attacher son nom à l’une des époques les plus honorables pour l’esprit humain. Après une longue vie, il mourut regretté de l’univers, qu’il avait troublé dans sa jeunesse, moins grand peut-être que César, mais d’un esprit plus réglé ; ce qui a fait dire qu’il eût été plus glorieux d’être dans l’armée de César, et plus doux de vivre sous le gouvernement d’Auguste. Après sa mort. Drusus communiqua au sénat quatre petits livres écrits de sa main ; le premier contenait quelques réglements relatifs à la cérémonie de ses obsèques ; le second était un journal des principales actions de sa vie, qui furent gravées sur les colonnes d’airain qui soutenaient le frontispice de son mausolée. Une grande partie de ce journal a été conservée sur un ancien marbre trouvé dans la ville d’Ancyre. Le troisième livre contenait un abrégé des forces et des dépenses de l’empire ; le quatrième était un recueil d’instructions pour ses successeurs, qu’il détournait d’entreprendre de nouvelles conquêtes. Les funérailles d’Auguste furent célébrées avec une grande pompe. La maison où il était né, celle où il était mort, furent changées en sanctuaires. Livie se mit à la tête des prêtresses de cette nouvelle divinité. Elle fit compter 10,000 sesterces à un sénateur qui affirma, par serment, qu’il avait vu l’ame d’Auguste monter au ciel. On érigea partout des temples au prince déifié, et un nouvel ordre de prêtres fut institué en son honneur. Tibère lui consacra un sanctuaire dans son propre palais, et choisit vingt-un prêtres parmi les sénateurs. Auguste s’était exercé dans la poésie ; il avait composé une tragédie d’Ajax et Ulysse, un livre d’épigrammes, et un poëme, intitulé : la Sicile. On a souvent cité ces vers sur l’Énéide, qu’Auguste sut assez apprécier pour la dérober aux flammes, malgré les dernières volontés de Virgile :

Ergo ne supremis potuit vox improba verbis
Tarn dirum mandare nefas ; ergo ibit in ignes,
Magnaque doctiloqui morietur Musa Maronis ?
Sed legum servanda fides ; suprema voluntas
Quod mandat, fierique jubet, parere necesse est.
Frangatur potiùs legum veneranda potestas
Quam tot congestos noctuque dieque labores
Hauserit una dies ! …

Les fragments qui nous restent d’Auguste ont été recueillis par J. Rutgers, et publiés par J. A. Fabricius ; Hambourg, 1727, in-4º. Ce volume contient différents opuscules relatifs à Auguste. M—d.

AUGUSTE, dit le Pieux, duc de Saxe, fils de Henri-le-Pieux, naquit le 31 juillet 1526, fut d’abord administrateur de l’évêché de Mersebourg, succéda, en 1553, à son frère Maurice, dans l’électorat de Saxe, et reçut, treize ans après, de l’empereur Maximilien II, l’investiture de ses états, avec dix étendards, solennité qui fut la dernière de ce genre en Allemagne, les investitures d’apparat étant tombées en désuétude. L’électeur Auguste dissipa, en 1563, une révolte suscitée par les partisans de Jean-Frédéric, duc de Saxe, fils de l’électeur déposé, et fit arrêter et conduire à Vienne ce prince aussi malheureux que son père, et dont les états furent donnés à son frère Guillaume. Les réformés ayant voulu s’introduire dans les états d’Auguste, ce prince les en écarta, et fit dresser le fameux corps de doctrine connu sous le nom de Formule de concorde, pour réunir les luthériens qui commençaient à se diviser, il s’opposa, en 1582, dans la diète d’Augsbourg, à la réception du calendrier grégorien, soutenant qu’on ne pouvait l’admettre