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tius, etc., furent découverts et punis. Cinna fut plus heureux ; après avoir conspiré contre Auguste, il obtint son amitié. La générosité d’Auguste ne fit qu’augmenter l’affection des Romains, et diminua le nombre des mécoutents. Dès-lors, il n’eut plus d’ennemis, ni au dedans, ni au dehors ; il ne trouva plus d’obstacles à sa volonté, ni à sa puissance, et le maître de l’empire ne pouvait plus avoir de vœux à former, s’il eût gouverné sa propre maison avec autant de bonheur qu’il gouvernait l’univers. Les dérèglements de sa fille Julie l’affligèrent vivement ; il se montra même cruel en cette occasion, et traita plus sévèrement ceux qui avaient attenté à l’honneur de sa famille, que ceux qui avaient attenté à sa vie. L’histoire dit qu’il se laissa gouverner, dans sa vieillesse, par Livie, la seule personne, peut-être, qu’il eût véritablement aimée. Après avoir perdu ses enfants, et tous les jeunes princes en qui il avait placé ses espérances pour lui succéder, il ne trouva plus que Tibère, dont il connaissait les mauvaises qualités, pour gouverner après lui l’empire. Son âge avancé, et sa santé, qui s’affaiblissait tous les jours, lui fit enfin désirer le repos. Il venait de faire un voyage vers la côte de Campanie, lorsqu’il fut obligé de s’arrêter à Nole, où il se mit au lit, et attendit patiemment les approches de la mort. Le dernier jour de sa vie, disent les historiens, il demanda un miroir, et fit arranger ses cheveux et son visage ; alors, faisant venir ses amis autour de son lit, il leur demanda s’il avait bien joué son rôle sur le théâtre de la vie. Lorsqu’ils lui eurent exprimé leur assentiment : « Ainsi donc, » ajouta-t-il, en se servant des paroles que prononçaient les acteurs à la fin des pièces, « adieu, battez des mains. » Quand ils se furent retirés, il fit à Livie de tendres adieux, et rendit dans ses bras les derniers soupirs. Il mourut le 19 du mois qui portait son nom, l’an 14 de J.-C, et de Rome, 765, à l’âge de soixante-seize ans. Si le dernier trait de la vie d’Auguste est authentique, il peut servir à expliquer son caractère, sa politique, et même sa fortune. Il est certain que sa conduite fut toujours calculée et réfléchie, et qu’il eut le grand avantage de rester froid et impassible, au milieu d’un empire agité. Il marcha toujours à son but, sans jamais laisser pénétrer ses desseins. L’effet de cette politique était si sûr, que, sans être un grand guerrier, il profita de la guerre pour arriver à l’empire ; il profita de toutes les passions qu’il ne partageait point, et, souvent des qualités qu’il trouva dans les autres. Il vainquit Brutus par Antoine, et Antoine par Agrippa ; il changea plusieurs fois de parti, sans rien changer à ses projets, et devint enfin le maître, sans que la haine ou la jalousie eussent pu le deviner. Toute sa vie, il parut refuser l’empire qu’il avait désiré, et, cinq fois, il offrit d’abdiquer une puissance qu’on le priait toujours de retenir entre ses mains. Auguste est un des hommes dont on a dit le plus de bien et le plus de mal. Après avoir promené dans l’empire toutes les fureurs de la guerre civile, il fit connaître aux Romains toutes les douceurs de la paix ; et l’histoire est obligée de répéter qu’il aurait dû ne jamais vivre, ou ne jamais mourir. Dès le lendemain de la bataille d’Actium, il regarda comme ses sujets tous les Romains qu’il avait combattus, et les traita avec modération ; il oubliait facilement les injures personnelles, et souffrait qu’on fît devant lui l’éloge de Pompée, de Caton et de Brutus. On peut dire qu’il donna l’impulsion à tout ce qui se fit de bien sous son règne ; il ranima