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introduction

nant qu’on ait conservé plus tard l’habitude de le compléter par le nom de la vicomté.

Les possessions qui correspondent à ces divers titres, paraissent héréditaires. Le cas, fréquent dans d’autres chansons de geste, par exemple dans Raoul de Cambrai, où le roi pourrait disposer d’un fief vacant, au détriment des enfants mineurs du dernier tenant, ne se présente pas dans Girart de Roussillon. Mais indépendamment de leurs biens héréditaires, certains barons ont des terres en chasement, c’est-à-dire qui leur ont été concédées à titre viager par leur seigneur[1]. Ainsi Girart tient du roi en chasement le château d’Orivent (§ 313) ; il est son chasé. Fouque est le chasé de Girart (§ 105). Lui-même a mille chevaliers chasés (il semble qu’il y ait ici un peu d’exagération poétique), sur des biens qu’il possède à Orléans (§ 116).

Girart et quelques-uns de ses alliés, son père Drogon notamment et son oncle Odilon, ont des possessions territoriales dont l’étendue est aussi invraisemblable que mal déterminée. Parfois, certains désaccords entre les données du poème montrent que le renouveleur n’a pas assez veillé à maintenir une parfaite harmonie entre toutes les parties de l’œuvre qu’il remaniait. Ainsi, au § 6, Girart reçoit la Flandre et le Brabant, mais dans la suite rien n’indique qu’il soit en possession de ces provinces, et l’on voit même les Flamands et les Brabançons combattre contre lui (§§ 164, 323, 617). On n’obtiendrait donc que des résultats assez vagues et même contradictoires si on essayait de reconstituer à l’aide des mentions éparses dans le poème, la géographie des fiefs tenus par les principaux personnages. Bornons-

  1. Voy. p. 70, n. 4 ; 225, n. 6 ; 266, n 2.