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état des personnes et civilisation

pouvoir est limité par le droit. Le roi ne peut, de son autorité propre, punir un de ses hommes, si coupable soit-il, sans d’abord l’avoir sommé de se justifier devant sa cour, et de faire droit, c’est-à-dire de payer l’amende correspondante au trouble qu’il aura apporté à la paix publique, au cas où les barons composant la cour royale le jugeraient coupable (§§ 226-7, 371). En pareil cas, le roi ne juge pas ; il n’agit même pas comme président du plaid : nous voyons la sentence remise au jugement de barons royaux désignés comme arbitres (§§ 178, 230, 248). Sans doute, il n’existe aucun moyen de contraindre le roi à suivre cette procédure, et souvent il refuse de s’y soumettre, mais alors il est blâmé par son conseil (§ 183).


Les seigneurs. — Ils sont plus nombreux dans Girart de Roussillon que dans aucune autre chanson de geste. Les titres qu’ils portent sont ceux de duc, marquis, comte et vicomte. Baron est un titre générique qui s’applique à tout homme libre, à tout homme noble, comme on dira plus tard, de quelque rang qu’il soit.

Girart est qualifié, le plus souvent, de comte, moins souvent de duc, rarement de marquis[1]. Les titres de duc et de comte ont été appliqués indifféremment, pendant la seconde race, aux mêmes personnages. On sait que la plupart des comtes de Paris étaient en même temps ducs de France[2]. Les termes comte et duc perdirent un

  1. Voir la table au nom « Girart », pour les passages où ces termes sont employés.
  2. Le comte Girart, par exemple, est qualifié de duc dans une lettre qui lui est adressée par Loup de Ferrières (Bouquet, VIII, 516 ; cf. Terrebasse, Gérard de Roussillon, p. xv, note ; Longnon, Rev. hist., VIII, 253, note 3.)