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girart de roussillon

Les œuvres sont commencées, les guerres sont finies. La chanson est finie ; j’en suis tout las. Si tu la tiens à haut prix, toi qui la diras[1], tu en pourras avoir bonne paie, en argent et en vêtements. Disons maintenant Tu autem Domine[2].



(Ce qui suit ne se trouve que dans le ms. de Paris.)


675. Voici finis le livre et la chanson de Charles et de Girart, les puissants barons, et de Fouque et de Boson, les brabançons[3]. Les coups qu’on se porta furent si durs et si douloureux que, de part et d’autre, on en resta éclopé. À la fin, Charles triompha de Girart et des siens. Par suite, celui-ci vécut vingt-deux ans par les champs, ramassant le charbon dans la douleur et dans les pleurs[4]. Puis il recouvra son duché, par la foi que je vous dois, et vécut en homme bon et religieux. Il bâtit de nombreux monastères. L’abbaye de Vezelai est un des principaux. Girart et Berte, la bonne dame, firent faire plus de quatre cents églises et les dotèrent toutes richement, en châteaux, en villages, en riches maisons. Dans toutes, ils placèrent des clercs, ab-

  1. L’auteur s’adresse au jongleur qui dit la chanson.
  2. Formule qui se dit à la suite de certains offices. Le poëme de Horn et de Rimel se termine de même :

    Tomas n’en dirrat plus, tu autem chanterat ;
    Tu autem, Domine, miserere nostri.

  3. Los Braimansos (v. 8950). C’est la première fois que Fouque et Boson sont ainsi qualifiés. Il est probable que « brabançon » est ici à peu près l’équivalent de guerrier. On sait qu’au xiie siècle et encore au xviie siècle on appelait ainsi des troupes mercenaires, sans doute originaires, au moins, en général, du Brabant. Gautier Map les stigmatise sous Henri II, comme des troupes de pillards, formées de l’écume de la société (De nugïs curialium, éd. Wright, p. 60). Richard-Cœur-de-Lion en eut beaucoup à son service, et au temps de la croisade albigeoise on les trouve parmi les soudoyers du comte de Toulouse.
  4. Cf. § 534.