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girart de roussillon

631. « Délivrez cependant les prisonniers[1]. — Demain matin, » dit Girart, « ils seront renvoyés. — J’en ai un, » dit Bertran, « Hugues de Blois[2] ; je ne crois pas qu’il y ait nulle part meilleur Français. C’est le plus courtois des conseillers du roi. » On le mande ; il vient, et Fouque lui dit : « Sire Hugues, soyez notre messager, et je vous donnerai aussitôt ce cheval maure. Dites au roi que, pour Dieu, il n’ait pas trop de rancune. Nous lui rendrons tous ses hommes, et pour chacun des morts nous lui donnerons trois des nôtres[3]. Pour tous les torts que nous lui avons faits, nous nous mettrons, s’il le veut bien, en sa merci. De votre côté, mettez y ceux que vous jugerez les meilleurs[4]. » Hugues se rendit auprès du roi, et lui délivra exactement le message, [ajoutant] « Ta gent a montré trop d’outrecuidance. Ç’a été un acte de folie, d’aller attaquer Girart. De là est venu le désastre. Jamais les comtes[5] n’ont rien vu qui leur ait été si douloureux. Je vous le dis en mon nom, puisse Dieu me venir en aide ! un comte qui rend un roi, doit bien trouver merci[6]. »

632. Le roi répondit : « Tu m’insultes ! Si, bien qu’assiégé, je capitule[7], que jamais Jésus n’ait merci de moi ! Girart me croit réduit à l’impuissance parce que je ne me défiais pas de ce guet-apens[8]. Maintenant il lui faut essayer d’une autre ruse. » Hugues proclama ce qui avait été résolu : on fait faire silence par l’ost[9], qui, le matin (suivant), se replie en arrière sur sa terre, dans les prés,

  1. C’est sans doute Fouque qui parie ainsi.
  2. De Bres, P. (v. 8297.)
  3. D’après P. (v. 8305). Le sens est douteux.
  4. Sans doute comme otages ou garants de la paix.
  5. Girart et Fouque.
  6. Allusion à la délivrance du roi, § 625.
  7. Traduction très incertaine.
  8. Le roi considère sa défaite (§ 624) comme le résultat d’un guet-apens.
  9. L’ost de Girart.