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girart de roussillon

volonté, de façon à ce qu’Oudin et les siens soient délivrés. » Les trêves furent prises pour sept ans, et garanties par des engagements, des serments, et des otages. La reine fit en secret écrire des brefs qu’elle envoya à Girart par un abbé. Le comte se conforma en tout à sa volonté ; puis chacun rentra en ses terres. Ils furent reçus en grande pompe ; de bons chevaux et de l’argent leur furent présentés, et ils distribuèrent aussitôt ce qu’ils venaient de recevoir.

608. Pendant ces sept années de trêve, Fouque eut quatre enfants, et Girart en eut deux, dont il ne jouit pas, car l’un mourut petit, et l’autre fut tué[1]. Le premier enfant de Fouque eut nom Thierri[2]. La reine demanda au père de le lui envoyer[3], et pria le roi de le tenir sur les fonts. Il le fit

    volonté, et que tous les méfaits soient pardonnes [des deux parts] ». Pour ces deux vers il y en a huit dans Oxf. qui n’offrent pas un sens parfaitement suivi. On voit toutefois que l’évêque exprime ici en gros les idées qui ont été exprimées au § 588 par la reine.

  1. On verra plus loin (§ 620), dans quelles circonstances périt le second fils ; quant au premier, qui mourut petit, il paraît y avoir ici un souvenir d’un fait constaté par l’épitaphe du jeune Thierri, fils de Girart de Roussillon. On lit dans cette inscription, autrefois placée dans l’église de Polhières, et dont un fragment existe encore à la bibliothèque de Châtillon-sur-Seine :

    Theodricum innocuum retinet hic urna sepultum
    Quem dura ex ipsis mors tulit uberibus....
    Germine præclaro claris natalibus ortus
    Vix anai unius transierat spatiam.

    (Gérard de Roussillon, Lyon, 1856 [éd. A. de Terrebasse], p. xxxv.)

    La légende latine fait aussi mention de deux enfants, le premier appelé Thierry, comme dans l’épitaphe à laquelle cette notion est probablement empruntée ; le second, qui était une fille et non comme dans le poëme un fils, s’appelait Eve ; voy. Romania, VII, 190.

  2. Comme son grand-père, Thierri le duc d’Ascane.
  3. C’était, dans les grandes familles, l’usage d’envoyer les enfants à leurs futurs parrains pour être tenus sur les fonts ; voy., par ex., Daurel et Beton (Société des anciens textes français. 1880), vv. 277-8.