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girart de roussillon

crétion ; nous ne vous dirons pas autre chose, puisse Dieu nous sauver ! »

601. Le soir même tout fut arrangé, et le matin on rassembla tous les prisonniers sous un pin. On les livra[1] à Bertran le jeune homme : « Vous jurerez à ce comte palatin, à Girart et à Fouque, son cousin, d’observer chacun la trêve, la paix, ou l’accord, que vous vous efforcerez d’obtenir de Charles et de Pépin. Si nous ne réussissons pas à obtenir du roi un accord, vous reviendrez vous constituer prisonniers en ce lieu, dans cette enceinte de murs à la chaux, sous la garde du comte Odon et de Baudouin[2] et de bourgeois qui sont fort ses amis. » Ils le jurèrent ainsi, demandèrent des chevaux, et se mirent en route[3].

602. Oudin manda au roi par messager de le tirer de prison et de peine : il aime mieux voir son trésor aller au roi qu’à ses ennemis[4]. Fouque demande où sont les gardiens royaux[5] : « Vous vous en retournerez sans aucun obstacle : les murs et les plates-formes[6] vous seront livrés. Châteaux et tours, je vous rends tout. » Et ceux-ci répondent : « Sire, il n’y a pas lieu : les Bourguignons sont félons et cruels : nous n’avons sergent ni arbalétrier dont ils n’aient fait un manchot ou une jambe de bois[7]. Si

  1. Je traduis d’après L. (E les ont fait liurar), sans me dissimuler que cette leçon a peu d’autorité. La leçon d’Oxf. (E l’unt fait eschevir) et de P. (v. 7836, Elh an fah eschivier) m’embarrasse.
  2. Partisans de Girart ; voy. §§ 566, 581 ; Oudin, Oxf. et L, est nécessairement fautif ; il faut, comme dans P. (v. 7844) Odon.
  3. Il y a de plus, dans Oxf. seul, un vers qui ne se rattache nullement à ce qui précède : E Folches respondet e pres lo vin.
  4. Qu’à Girart et à Fouque. Oudin, s’attend bien à payer au roi une certaine somme pour l’intéresser à son sort ; voir la fin du § 605.
  5. Dont il a été question au § 596.
  6. Des places qu’ils avaient en garde.
  7. Voy. § 607. C’était, au moyen âge, l’usage de tuer, ou au moins de mutiler, ceux des prisonniers qui n’étaient pas en état de payer rançon, et notamment les sergents (ancien français serjanz et servanz).