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girart de roussillon

guignon[1], nous montre ici l’orgueil d’Antoine[2]. Roi, la reine sait si bien vous oindre par ses paroles, que vous voilà tout retourné. C’est un don trop grand que du Rhin au Groing[3]. On voit bien qu’il ne tient guère à sa terre, celui qui laisse sortir de sa main un fief pareil.

564[4]. — J’ai fait une sottise, » dit le roi, « cela peut arriver : c’était après le vin, non pas à jeun. Je ne veux pas perdre cent ni mille pour un ; mais je trouve bon que vous en vouliez à Fouque. J’enverrai à Aupais Berart Brun, pour qu’elle m’envoie Fouque à Aix[5] ou à Laon. Et, si elle refuse, je donne à chacun le droit de lui abattre son château, de lui enfoncer et démolir sa tour et ses remparts. » Tous ensemble le remercient.

565. La reine se leva au point du jour ; elle et sa sœur montent sur des palefrois, elles sortent d’Orléans suivies de cinq cents chevaliers dont le pire était vassal courtois, et qu’elle avait su s’attacher[6]. Traversant les embûches préparées contre Girart, ils sortent du bois et de l’Orlenois. La reine prit logement [pour la nuit] en Herupois[7], et dit à

  1. C’est Bertran.
  2. Antoine le triumvir ?
  3. Est-ce Logroño en Espagne, dans la province de Burgos ? Cette ville est appelée « le Groing » en ancien français ; voy. Gui de Bourgogne, v. 70 ; Froissart, édit. Luce, VII, 28, etc. Il a été dit au commencement du poëme (§ 36) que les possessions de Girart s’étendaient du Rhin à Bayonne. Cet immense fief avait été concédé par le roi à titre d’alleu (§§ 31, 33).
  4. Laisse omise dans L.
  5. C’est la première fois qu’Aix-la-Chapelle est mentionné comme l’un des lieux de résidence de l’empereur.
  6. On a vu plus haut, §§ 560-1, par quels moyens.
  7. On a vu plus haut (§ 323) que le poète désignait sous le nom de Hérupois « ceux d’entre Loire et Seine ». Voici, sur la Hérupe, un texte qu’on n’a pas encore cité et qui s’ajoute au témoignage, jusqu’à présent unique, que fournit sur cette dénomination géographique, la chanson des Saxons. Il est fourni par le préambule d’une curieuse chronique du xiiie siècle : « Segnor et dames, el comencement des regnes,