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introduction

commun qui appartient, depuis l’antiquité, à la tradition écrite[1]. On le retrouve parmi les fables qui se sont formées à une époque peu ancienne du moyen âge sur le prétendu siège de Carcassonne par Charlemagne[2], et sans doute ailleurs.

Ces divers éléments ayant été successivement éliminés, on peut considérer ce qui subsiste de la vie latine comme tiré, avec plus ou moins d’exactitude, de l’ancien poème. Les récits empruntés à cette source sont au nombre de trois qui peuvent se résumer ainsi :

I (§§ 8-30). Guerre ayant pour cause un différend au sujet de l’héritage des parents de Berte, épouse de Girart, et d’Eloïse, épouse de Charles le Chauve. Girart est chassé du royaume ; il est réduit à se cacher et à exercer pour vivre le métier de char-

    distes, mai (23), V, 244, la vie de sainte Germaine de Bar-sur-Aube, oct. (1), I, 34, la vie de saint Antidius de Besançon, juin (25), V, 45.

  1. Frontin, Stratagematicon, lib. III, cap. xv.
  2. Catel, dans ses Mémoires de l’histoire du Languedoc, après avoir montré que l’histoire de la prise de Carcassonne connue sous le nom de Philomena est un pur roman, continue ainsi (p. 408) : « Ceste histoire fabuleuse de la prinse de Carcassone faicte par Charlemagne a esté depuis amplifiée par de nouvelles fables, que ceux qui ont parlé de Carcassone (sic) : car ils disent que Charlemagne, voyant qu’il ne pouvoit prendre par force la ville de Carcassone, tascha de la prendre par famine, leur ostant tous moyens de pouvoir recevoir des vivres. Ce siege fut si long que la pluspart des habitans de Carcassone moururent des incommoditez qu’ils receurent durant la longueur de ce siege ; tellement que dame Carcas, dame de ladite ville, voyant la ville despourveue d’habitants, couvrit les murailles d’hommes de paille, lesquels elle faisoit changer de leur lieu a toutes heures, et afin que l’empereur ne creut pas que les vivres manquassent leur ville, elle fit manger un minot de bled a une truye, et après la jetta morte dans les fossez, a dessein que les assiegans la voyant pleine de grain, eussent ceste opinion qu’ils avoient de bled en abondance, puisqu’ils en nourrisoient les truyes. »