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girart de roussillon

lances près du gant[1]. Ni l’un ni l’autre ne reste en selle. Maintenant ils ont besoin qu’on les étende [sur un lit].

451[2]. Voici par la mêlée Eliazar. Je ne sais si vous avez jamais entendu parler de lui[3]? Il était comte de Ponthieu (?) et tenait Belclar[4] ; c’était l’un des conseillers du roi. Il aperçut dans la mêlée Landri de Mont-Guinar[5] : piquant des deux, il va le frapper sur son haubert safré[6], le lui fausse, et lui passe par le corps sa lance aiguisée, avec l’enseigne rouge, et l’abat mort du cheval. En voilà un dont on n’aura plus à se garder !

452. Voici par la mêlée Garin d’Escarabele[7]. Il conduit habilement la mesnie du roi, et frappe comme le fléau sur celle de Girart, mais il a reçu une telle blessure[8] que ses entrailles gisent sur le col de son cheval[9]. Le roi en a grande douleur : il l’appelle à lui :

453. « Garin, franc chevalier, cela va mal pour vous. En quel état vous avez le ventre !....[10] qui m’a enlevé tel

  1. À la hauteur de la main droite, qui tenait la lance serrée au corps.
  2. Cette courte tirade manque dans P.
  3. Non ; c’est la première fois qu’il paraît dans le poëme.
  4. Lieu inconnu dans le Ponthieu.
  5. Nom de lieu qui paraît déjà au § 259, mais non pas comme surnom.
  6. Voy. p. 164, n. 3.
  7. Paraît déjà au § 230.
  8. Le texte ajoute « sous l’aisselle », mais c’est là une cheville qu’on ne peut traduire, car il en résulte un sens qui s’accorde trop mal avec ce qui suit.
  9. Trait fréquent au moyen âge dans les descriptions de bataille :

    Car les lances roides et fors
    Lor metent trés parmi le[s] cors
    Si qu’es arçons, devant les seles,
    Lor font espandre les boieles.

    (Guillaume de Palerne, 2601-4 ; cf. 2067-8.)
  10. Ici un vers, manquant dans P., que je n’entends pas : L’escot e les romeses la vunt roment.