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iii. — l’ancienne et la nouvelle chanson

mais Dieu fit paraître son mécontentement de ce que les intentions du comte n’avaient pas été accomplies. Une sécheresse qui dura sept années frappa la terre de stérilité, et les habitants moururent en foule de misère et de maladie. On ordonne un jeûne de trois jours. La troisième nuit un ange apparaît à un religieux, et lui fait connaître la cause de la colère divine. On se décide alors à transporter le corps à Pothières, où il est accueilli avec enthousiasme. (195) Des miracles s’accomplirent alors et depuis sur la tombe, mais le récit en a péri dans l’incendie du monastère. On racontera ceux qui se sont produits dans les temps récents et qui sont attestés par des témoignages certains. — Série de miracles.

§ 2. — Éléments à l’aide desquels la Vie latine a été composée.

Il est, à première vue, évident que nous sommes en présence d’une de ces pieuses légendes dont le but n’était pas entièrement désintéressé, comme on en a tant composé au moyen âge. Le but de l’écrivain, qui était sans doute un moine de Pothières, a été visiblement d’attacher au nom de Girart un renom de sainteté, et, par suite, d’attirer à son couvent, où reposait le corps du personnage, un nombreux concours de pèlerins. Il n’est pas moins manifeste que cette vie est formée d’éléments divers entre lesquels on peut reconnaître des emprunts à des récits épiques[1]. Ce qui nous importe, c’est de savoir quand elle a été composée, et quels récits poéti-

  1. La première phrase du document montre que l’auteur connaissait des récits populaires sur son héros : « Gesta nobilissimi comitis Girardi de Rossellon, quanquam jubilatorio favore in populis ubique multipliciter divulgentur... » D’ailleurs, on ne voit pas d’où le surnom de « Rossellon » aurait pu être tiré, sinon d’une chanson de geste, puisque ce surnom ne paraît pas dans les documents historiques.