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girart de roussillon

tour de lui les chevaliers sont assis par terre, sur la jonchée[1]. Or écoutez les nouvelles, qui veut les ouïr ! Quand ils entendent qu’on aura la guerre, aucun ne s’afflige, et ce que Pierre leur dit ne leur semble pas folie.

296. Or, écoutez les nouvelles que Pierre dit : « Seigneurs, ce fut un jeudi que j’accomplis mon message. J’avais garni mon corps de bonnes armes, je menais un bon coursier, et je montais un bon mulet dur à la fatigue. Mon écuyer était preux et.....[2]. J’entrai à Roussillon par le pont voûté et descendis à l’orme[3], sous la vigne. J’entrai dans le moûtier[4] que vous fîtes[5], je priai sainte Marie, mère de Dieu de me protéger contre la tromperie ou l’insulte. Girart parlait à ses fidèles[6]. Là étaient Fouque, Doitran le vaillant (?)[7]. Je fus aussitôt admis dans leur conversation. Girart demanda des nouvelles..... « Pierre, puissent Dieu et saint Félix te venir en aide ! Quelles nouvelles m’apportes-tu de Charles, le roi de France ? » Et je lui répondis vivement d’aller à la cour, en tel appareil qu’il n’y fût pas méprisé ni avili, comme son lignage avait accoutumé de le faire de tout temps, et que je le prendrais volontiers sous ma sauvegarde[8].

  1. Sur l’usage de s’asseoir à terre sur le sol ou le plancher couvert de joncs, voir mon édition de Flamenca, p. 288, n. 3.
  2. Mal trachic Oxf., mal traitiz L. P. (v. 3888). Traitiz signifie ordinairement allongé, en parlant des doigts ou du nez ; je ne sais pas ce que ce mot veut dire ici.
  3. On sait qu’autrefois l’orme formait la décoration la plus ordinaire des places publiques, d’où la locution : « Attendez-moi sous l’orme ». Voy. sur ce point la dissertation de M. Fr. Michel, dans les Mémoires lus à la Sorbonne, section d’archéologie, année 1867, p. 168 et suiv.
  4. Cf. §§ 251-2.
  5. Que vos bastic, Oxf. et L., le vers manque dans P. Je ne vois pas le moyen de traduire autrement, à moins de supposer que sous vos se cache quelque nom propre.
  6. M. à m. « à ses nourris ».
  7. Voy. la fin du § 252.
  8. Cf. §§ 254-5.