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girart de roussillon

asile au marquis Fouchier qui enleva les chevaux de Charles[1], sous Montargon, quand le roi était au siège de Roussillon ; vous avez entendu celle de Thierri le duc, le riche baron, de la bataille de Vaubeton où il tua Drogon et Odilon, l’un père de Girart, l’autre de Fouque ; ses enfans[2] furent bons chevaliers, et tels [d’entre eux] qui étaient [au temps de la bataille de Vaubeton] de jeunes hommes, ont grandi et sont maintenant chevaliers. À un lundi de Pâques, ils rencontrent Thierri à la cour du roi Charles : pourquoi mentirais-je ? ils le tuèrent.

203. Ce fut à unes Pâques, ce m’est avis, que Charles tint cour plénière à Paris. Thierri, le duc d’Ascane, y fut occis. Boson d’Escarpion lui mit sa lance dans le corps, vengeant ainsi son père et son oncle. Ainsi recommença la guerre qui, depuis ce jour, ne put être terminée par un accord.

204. Ce fut un lundi, le premier jour de la semaine. Charles tint sa cour, grande et puissante, à Paris, en sa salle qui est vaste et ancienne. Après avoir mangé, le roi fait la sieste. Les damoiseaux vont jouter à la quintaine, aval, sous la cité, auprès de la source. Entre eux s’éleva une dispute, ils tuèrent Thierri, le duc d’Ascane : Don Boson d’Escarpion, qui tint Jordane[3], lui enfonça sa lance par les entrailles, lui et tels soixante autres desquels aucun ne s’en vante. Le duc ne vécut pas jusqu’au lendemain au jour ; mais ensuite Hugues de Monbrisane le vengea, par

  1. Cf. ci-dessus § 59. Toutefois, dans ce passage, il est simplement conté que Fouchier, ayant enlevé à Charles des chevaux et divers objets précieux, mit son butin en sûreté à Escarpion, le château de Boson ; mais il n’est nullement dit que cette circonstance ait été la cause de la guerre, qui était déjà commencée avant cet épisode. Le poète dit seulement que ce fut là une action qui porta malheur à Girart.
  2. Les enfants de Thierri, cf. §§ 112 et 200.
  3. Leçon de L. et de P. (v. 2744) ; Cordane Oxf. ; je ne saurais identifier ce nom.