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girart de roussillon

posés au combat, ardents comme des veautres tenus en laisse. Le comte Joffroi leur seigneur les guide. Ils traversent les gués de l’Arsen ; après eux passe Charles avec ses barons. Girart, tout entier au deuil de son père, n’en sait encore rien, lorsque Fouque lui parle en homme sensé : « Par Dieu ! Girart, laissez le deuil, puisque le duc est absous et communié : quand ce sera possible, vous le vengerez ! » Alors, il monte à cheval, et, s’appuyant sur une lance neuve, il se tourne vers les siens, et leur dit : « Faites paix ! Seigneurs francs chevaliers, écoutez-moi. Quand vous serez dans la mêlée, frappez, tuez, renversez tout, jusqu’à ce que vous ayez traversé les rangs ennemis, et alors retournez tous ensemble sur eux : Prouesse vaut mieux que lâcheté ! » Et ses hommes répondent : « Qu’avez-vous à nous prêcher ! Mais allons les attaquer de toutes parts. » Alors la bataille devint acharnée.

153. Boson, Fouque et Seguin et les plus vaillants furent plus de vingt mille à la charge. Vous auriez vu briller tant d’or et tant d’argent, étinceller tant d’acier et de vernis[1] et tant de lances aiguisées ornées d’une flamme[2], tant de damoiseaux habiles à l’attaque ! Ensuite[3] sont venus d’autres combattants[4], Pons, Ricart, Coine, les guerriers. Girart chevauche avec ardeur ; Odilon, son oncle, le suivait à courte distance. Dans cette arrière-garde ils étaient, je vous le garantis, soixante mille combattants, qui savent pousser à fond une attaque. Chacun, voyant son ennemi, lui court sus et le porte à terre. Girart chevauche avec fureur contre Charles Martel l’empereur. Charles vient à lui fièrement. Voilà une première rencontre qui sera douloureuse.

154. Là où les armées se rencontrèrent il y avait une

  1. Le vernis des boucliers.
  2. M. à m. d’une fleur d’or, aurieflor.
  3. En apres P. (1999), je n’entends pas E non prenc Oxf.
  4. À traduire littéralement, nous aurions ici des « combattants » (feridor) et, au début du §, des « hommes qui commencent l’attaque »