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girart de roussillon

pent sur les écus neufs de Beauvais[1] : cuir, bois, colle, vermillon, sont tranchés. De part et d’autre, les hauberts doubles sont faussés ; ils se portent les lances dans...[2] ; et se renversent mutuellement sur la route. Vous eussiez vu mille jeunes guerriers galoper à la rescousse.

146. Là où les deux marquis joutèrent, l’écu ne leur valut pas un gland, ni le haubert un bliaut[3]... L’un pousse sa lance à travers l’autre jusqu’auprès du gant[4]. Leur vie est finie ; c’est l’affaire de quiconque les a aimés de les retirer de la mêlée. Viennent à la rescousse ceux que la chanson va vous faire connaître. Pons frappa Arluin[5], Gilbert[6] Armant, Coine frappa Gérome[7], Rogier[8] Deitrant[9], Ricart Aelart, Garin, Guintrant, Jehan Freelent, Arpin Berlant puissant marquis de Mons et de Brabant. De tous ceux-là il n’en resta pas deux debout. Leurs compagnies chevauchent, sans qu’un seul homme reste en arrière : ils chargent au galop, la lance baissée, et là où ils se rencontrèrent, il y

  1. P. molt voluntis, v. 1827, mauvaise leçon. Il est souvent question des écus « biauvoisins » dans les chansons de geste ; voy. Aliscans, éd. Guessard, v. 5156 ; Auberi, éd. Tobler, p. 177 ; Saxons, I, iii.
  2. Per les seïns Oxf., saïs P. (v. 1829) ; est-ce saginum ?
  3. Escharamant Oxf., escariman P. (v. 1834). Le sens de ce mot, qui se rencontre souvent en anc. fr., principalement sous la seconde de ces deux formes comme épithète de bliaut ou de paile, ne m’est pas connu.
  4. Ils se percent de part en part, de telle sorte que la main gantée qui tenait la lance se trouve tout près du corps de l’adversaire.
  5. Arlion P. (v. 1841), c’est peut-être le Helluin qui paraît déjà aux §§ 114 et 143, ou est-ce l’Arluin du § 158 ?
  6. Gibers Oxf., mais c’est probablement Gilbert de Senesgart, voy. §§ 75-6, 78-9.
  7. Giroine ou Girome Oxf.
  8. D’après P. (v. 1842), Oxf. Roge. Dans cette série de noms, réunis deux à deux, il faut sous-entendre « frappe » après le premier nom de chaque couple. Cela est plus clair dans le texte où les sujets sont pourvus de l’s qui marque le nominatif.
  9. Doltran P. (v. 1842).