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girart de roussillon

Borz[1]. Charles ne les laissera pas longtemps, en repos : il marche sur Girart, à droit ou à raison ; il chevauche vers Vaubeton, où il y eut tant de morts, qu’on en fit une montagne plus élevée que n’est Niort[2].

141. Vastes sont les plaines de Vaubeton : elles s’étendent bien sur quatre lieues tout d’une traite, sans mauvais passage, marais, bois, ni herbage : seule, la rivière d’Arsen[3] les divise. Charles Martel chevauche jusqu’à Avalon, croyant prendre le château, mais il n’en fut rien. En un pui est Fouchier le marquis, avec lui mille vaillants chevaliers ; il crut pouvoir faire du butin sur l’ost [de Charles], mais il n’en fut rien, car le roi et ses barons en furent informés. Le roi mande à ceux qui étaient restés à l’ost, qu’aucun chevalier ne se mette à la poursuite de Fouchier[4]. Là-dessus Fouchier s’en va vers Roussillon. Il rencontra Drogon et Odilon, le premier était père de Girart, l’autre de Fouque ; puis Guillaume[5] et Rainaut qui tenait Mâcon. Ils entrent par l’une des extrémités dans Vaubeton. Là vous eussiez vu dresser tant de gonfanons, tant d’enseignes variées et tant de penons, que l’espace qu’ils occupent a plus de sept lieues. Vous eussiez dit, en les voyant en plaine, que jamais en ce monde il n’y eût tant d’hommes assemblés.

  1. Val de Borz Oxf., le vers manque dans P. Ce ne peut être Bourges, appelé Beorges (Oxf.) aux §§ 104, 105.
  2. Niort est là pour la rime ; si c’est bien du chef-lieu des Deux-Sèvres qu’il s’agit. Cette ville n’est point sur une hauteur, non plus que Niort, Aude, cant. de Belcaire.
  3. Arsanz Oxf. (mais Arsem, en rime, § 126), Arcen P. (v. 1756).
  4. La tentative de Fouchier et les mesures prises à l’encontre par le roi ne sont pas contées clairement. L’auteur veut dire, ce semble, que Fouchier, profitant de l’absence de Charles qui s’était dirigé vers Avalon dans l’espoir de s’en emparer par surprise, fit une attaque feinte sur le camp ennemi, afin de provoquer une sortie de la part de ceux qui le gardaient, de les entraîner à sa suite tandis qu’une troupe apostée aurait pillé le camp laissé sans défense. C’est pourquoi Charles donne des ordres pour interdire toute sortie.
  5. Guillaume d’Autun ? Cf. §§ 77, 86.