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girart de roussillon

chevaliers ; ils traversent le pont de Loire....[1] Ils laissent de côté la vallée et le Pui Monlui, et, lorsqu’ils arrivèrent au gué de Saint-Ambrui[2], Fouque regarda amont....[3] ; il vit une enseigne blanche dans le bois...[4], trois petits gonfanons et [il entendit] un grand cliquetis [d’armes] : ce sont mille chevaliers qui marchent à la suite de Milon d’Alui. Fouchier eut envie de se mesurer avec eux.

130. Fouchier dit à don Fouque et à Aimon de Bel-Aïr : « Je viens de voir cinq gonfanons sortir d’un bois. Il y a derrière mille chevaliers, selon mon estime : c’est un puissant vassal du roi qui va le servir. Si vous vouliez me le permettre, j’essaierais de vous les déconfire. — C’est une grande folie que je vous entends dire, » répond Aimon ; « vous êtes sous ma sauvegarde pour votre protection, et je ne dois pas non plus faillir à Charles, mon seigneur. Si vous êtes cinq cents, ils sont un millier d’hommes tels qu’il n’y en a pas en toute France de meilleurs : deux chevaliers peuvent bien venir à bout d’un seul, le prendre et le tuer s’il veut se défendre. » — « J’en ai tel dépit », dit Fouque, que j’en soupire ! » Fouchier ne put supporter cette honte : il s’éloigna avec les siens et se rendit à son château, à Mont-Espir[5], qui est à l’extrémité de la Bourgogne sur le pui de Mir. Il ne craint duc ni comte à l’attaque ; de là il guerroiera contre Charles. Fouque se rend à Bel-Aïr, un château où Aimon le fait servir.

131. Fouque arrive à la nuit à Bel-Aïr ; personne ne se refuse à le servir. Les hanaps remplis tenaient un muid.

  1. Oxf. lan peregui. P. lonc le regui (v. 1566).
  2. Ambrui pour la rime, comme plus haut (v. 1564) Folcui pour Folchier. Il se peut que ce soit Saint-Ambroix, cant. de Charost, arr. de Bourges, village situé sur l’Arnon, affluent du Cher. On a vu plus haut, § 104, qu’à l’aller Fouque était passé par Bourges.
  3. Oxf. per plan sarcui, P. pel pla savui (v. 1560).
  4. Oxf. deiui, P. de lui (v. 1569) ; p.-ê. pour dejus ?
  5. Nom qui figure encore dans les Enfances Ogier, v. 1506.