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xiv
introduction

Aube. Voici, en quelques mots, le résumé du récit commun à ces deux ouvrages. Girart a offensé l’empereur par son insolence et refusé de comparaître devant sa cour. L’empereur l’assiège dans Vienne. Le siège a duré sept ans, lorsqu’on convient de décider du sort de la ville par un combat singulier. Les champions choisis sont le jeune Rolant, neveu de l’empereur, et Olivier, neveu de Girart. Ils combattent trois jours sans succès de part ni d’autre. La guerre se termine par une réconciliation, laquelle est scellée par le mariage de Rolant avec la sœur d’Olivier. Dans la version de Bertran de Bar-sur-Aube, c’est un ange qui intervient pour mettre fin au combat ; dans le poème plus ancien de la Karlamagnus Saga, c’est un prisonnier français qui suggère à Girart l’idée du mariage qui terminera la guerre.

Sur Girart de Frete, nous n’avons que des renseignements en quelque sorte épisodiques. Dans la chanson d’Aspremont, ce Girart ne se décide qu’à grand’peine à porter secours à Charles engagé dans une guerre en Italie contre le païen Agolant. Il se prétend indépendant de l’empereur contre qui il a jadis longuement guerroyé. Enfin il vient, mais plutôt en allié qu’en vassal, conduisant sa propre armée et agissant d’une façon indépendante[1] Ailleurs, dans l’Aspramonte d’Andrea da Barberino, nous le voyons, à la suite de cette expédition contre Agolant, de nouveau en guerre contre l’empereur, assiégé dans Vienne, puis fuyant en Espagne, s’y faisant sarrasin et revenant, avec une immense armée d’infidèles, envahir la France. Il est battu, enfermé, par ses propres enfants dans une tour où il meurt, et Vienne est rendue

  1. G. Paris, Hist. poét. de Charlemagne, 324-5.